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Livre XII
 
 

Mahâbhârata
Résumé Livre XII




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LE LIVRE DE L' APAISEMENT

12.1. Après l'achèvement des rites funéraires, ils restent tous sur les bords de la Gangâ/Vyâsa et Nârada viennent leur rendre visite/Après les salutations d'usage, Nârada félicite Yudhishthira de sa victoire/Mais Yudhishthira ne s'en réjouit pas : il se sent responsable de la mort d'Abhimanyu et des fils de Draupadî/De plus, il ne savait pas que Karna était le fils de Kuntî, et il a été cause de sa mort/Il rappelle que Karna avait promis à sa mère de combattre Arjuna, mais d'épargner les autres Pândava/Ce n'est qu'après la mort de Karna que Yudhishthira a appris qu'il était son demi-frère/Et pourtant, il avait remarqué durant la partie de dés, alors qu'il était raillé par Karna, que les pieds de celui-ci ressemblaient à ceux de sa mère Kuntî/Que n'a-t-il cherché à en savoir plus !/Comment se fait-il que le char de Karna se soit embourbé, pourquoi a-t-il été maudit ?

12.2. Karna était jaloux de ses frères, répond Nârada/Karna avait demandé l'arme de Brahmâ à Drona, et celui-ci avait répliqué que seul un brâhmane pouvait l'obtenir/Karna alors va trouver Râma en se faisant passer pour un brâhmane de la famille de Bhrigu/Il séjourne chez Râma, apprend de lui la science des armes/Un jour, par inadvertance, il tue la vache d'un brâhmane, et, malgré ses excuses, celui-ci le maudit : la roue de son char sera avalée par la terre alors qu'il combattra Arjuna, et il aura la tête coupée par celui-ci.

12.3. Râma transmet l'arme de Brahmâ à Karna, et les formules qui l'agissent/Un jour, Râma, fatigué, s'endort, la tête sur les genoux de Karna/Un ver perce la cuisse de Karna, et celui-ci, malgré la douleur, ne réagit pas, de peur de réveiller son maître/Mais Râma est réveillé par le sang de Karna qui coule sur lui/Il demande des explications à Karna/Son regard tombe sur le ver qui meurt aussitôt : c'était autrefois un asura du nom de Prâggritsa qui avait enlevé l'épouse de Bhrigu et avait été maudit par lui : il deviendrait ver, mais serait sauvé par Râma/Râma comprend que Karna n'est pas un brâhmane pour montrer un tel courage/Karna avoue et Râma le maudit : il ne pourra pas se servir de l'arme de Brahmâ alors qu'il sera engagé dans un combat mortel.

12.4. Duryodhana s'était rendu à Râjapura, dans le royaume de Kalinga/La fille du roi Citrângada y choisissait son époux/Description de l'assemblée/ Duryodhana, furieux de n'être pas choisi, enlève la princesse et se sauve/ Les rois le poursuivent, mais Karna les défait tous.

12.5. Jarâsamdha défie Karna en combat singulier/Karna est sur le point de séparer ses deux parties/Jarâsamdha demande grâce et donne à Karna la souveraineté sur le royaume de Campa/La réputation de guerrier de Karna est bien établie/Il a fallu qu'Indra le prive de sa cuirasse magique, que le brâhmane et Râma le maudissent, que Kuntî le restreigne, que Shalya le rabroue, pour qu'Arjuna puisse le vaincre/Il est mort en kshatriya, il ne faut pas le plaindre, dit en conclusion Nârada.

12.6. Kuntî, voyant Yudhishthira abattu, le console : elle a fait tout ce qu'elle pouvait pour calmer l'inimitié de Karna envers ses frères/Yudhishthira lui reproche de lui avoir caché que Karna était son frère/Il maudit toutes les femmes de la terre : elles ne pourront plus garder un secret.

12.7. Yudhishthira se désespère : il aurait mieux valu qu'il mène une vie de mendiant, plutôt que d'en arriver à cette extermination de leurs parents/La victoire et la royauté ne sont pas une consolation/Les pères se livrent à l'ascétisme pour assurer le sort de leurs fils, les mères s'inquiétent, maintenant tous ces espoirs sont anéantis : qui pourra lui pardonner ?/Il est vrai que la faute du massacre revient aux fils de Dhritarâshtra et à la faiblesse de ce dernier envers son fils/Mais c'est lui, Yudhishthira, qui a commis ce massacre, et il doit expier : il va se retirer dans la forêt et y mener une vie d'expiation.

12.8. Arjuna l'en dissuade : la victoire n'a pas été acquise par des moyens injustes/Si Yudhishthira se retire et que le royaume est mal gouverné, il en sera coupable/La pauvreté est déchéance/Eloge du pouvoir/Même les dieux acquièrent leur puissance par des combats mortels/La puissance d'un roi ne s'acquière pas sans combats, et le devoir d'un roi est d'être puissant/Qu'il offre plutôt un grand sacrifice qui lui fasse honneur.

12.9. Yudhishthira demande à Arjuna de le comprendre : il décrit la vie qu'il désire mener dans la forêt, une vie de renoncement/Seule, elle lui permettra de quitter le cycle des réincarnations/La sagesse qu'il a acquise lui permettra d'atteindre la délivrance.

12.10. Bhîma se rebiffe : s'il avait su que Yudhishthira voulait en arriver là, il n'aurait jamais combattu, et la bataille n'aurait jamais eu lieu/C'est le devoir d'un kshatriya de tuer ses ennemis, ceux-ci n'ont qu'à pas se trouver sur son chemin/Maintenant, qu'il gouverne, sous peine de se couvrir de ridicule/Le renoncement ne convient pas à un kshatriya en pleine possession de ses moyens/Il signifie infidélité à son devoir/ Chacun doit rester à sa place.

12.11. Arjuna rapporte une Conversation entre Indra et de jeunes brâhmanes/ De jeunes brâhmanes abandonnent leur famille pour mener une vie de renoncement dans la forêt/Indra, sous la forme d'un oiseau d'or, leur fait l'éloge de ceux qui se nourrissent des restes du sacrifice/Ils prennent cela pour eux, mais Indra les détrompe : la vie domestique est la meilleure voie/Se nourrir des restes du sacrifice, c'est s'occuper d'abord de nourrir les siens et ses hôtes, de faire des dons, et de ne jouir que de ce qui reste/Voilà la meilleure voie/Les jeunes brâhmanes rentrent chez eux.

12.12. Nakula fait l'éloge de l'action/Distribuer un bien légitimement acquis aux brâhmanes est aussi renoncement/Mener une vie d'action, sans s'attacher aux fruits de l'action, est aussi renoncement/L'action est nécessaire aux dieux, aux ancêtres, aux hôtes/Si Yudhishthira ne distribue pas, lors de sacrifices, la richesse qu'il a acquise, il commet un péché/Renoncer, pour un roi, c'est offrir des sacrifices richement dotés/Renoncer, ce n'est pas partir dans la forêt, mais se libérer des attachements/Qu'il respecte le devoir de sa caste.

12.13. Sahadeva insiste : le mérite est d'accomplir son devoir en se libérant des attachements/L'âme est immortelle, on ne la tue pas en tuant les corps/Il faut suivre le chemin tracé par les ancêtres et considérer toutes les créatures comme une manifestation de soi-même.

12.14. Draupadî demande à Yudhishthira de céder à ses frères : il avait bien promis, lors de leur exil, que tout finirait par la victoire et le bonheur/ Pourquoi, maintenant, les désespérer ?/Elle rappelle les devoirs du kshatriya/Yudhishthira a démontré, par ses victoires, qu'il en était digne, lui et ses frères/Kuntî avait promis à Draupadî que Yudhishthira la rendrait heureuse : elle ne peut avoir menti !/Mais il est fou, et ses frères seront amenés à le suivre dans sa folie : il vaudrait mieux l'enfermer !/Qu'il se ressaisisse et gouverne.

12.15. Arjuna reprend la parole : c'est le bâton du châtiment qui maintient le royaume, et c'est le devoir du roi de le brandir/De toutes façons, dans ce monde, on ne peut vivre en épargnant les créatures : il faut tuer pour vivre/Même les ascètes tuent des créatures : il y en a dans l'eau, dans les fruits, par terre/Il ne sert donc à rien de se réfugier dans la forêt/Il vaut mieux suivre le devoir de sa caste/Le devoir du roi est de brandir le bâton du châtiment, afin que l'ordre règne dans le monde/Les effets positifs du châtiment/S'abstenir de ce devoir peut entraîner un mal pire encore/ Yudhishthira a suivi son devoir de kshatriya, même en tuant ses ennemis, il n'a pas encouru de péché/Il n'y aucune raison d'éprouver des remords.

12.16. Bhîma demande à Yudhishthira pourquoi son entendement est ainsi obscurci : les raisons qu'il a d'assumer la royauté sont pourtant évidentes/La santé physique résulte de l'équilibre des trois humeurs, la santé mentale de celui des trois qualités/Yudhishthira se souvient du carnage, mais pourquoi ne se souvient-il pas des mauvais traitements qu'ils ont subi?/Que Yudhishthira se reprenne/Le combat qu'il doit maintenant gagner est un combat contre lui-même : accepter de suivre la voie indiquée par ses ancêtres, gouverner le royaume : c'est ainsi qu'il se réalisera.

12.17. Yudhishthira reproche à Bhîma ses attachements terrestres et l'engage au renoncement/On ne peut pas régner et pratiquer le renoncement/Or c'est par le renoncement que l'on atteint la délivrance/Toutes les créatures, dans leur diversité, ne sont qu'une seule et même chose, une émanation de la même essence suprême/Quand on comprend cela, on atteint la délivrance.

12.18. Arjuna raconte l'Entretien du roi de Videha avec son épouse/Janaka, le roi de Videha, avait abandonné son royaume pour mener une vie de renoncement/Il se nourrit de glanage/Son épouse vient le trouver : à quoi sert d'avoir abandonné le royaume et d'éprouver du désir pour une poignée de grains d'orge ?/Pourra-t-il, avec cela, honorer les ancêtres, les brâhmanes et les hôtes ?/Il a déçu sa mère, son épouse, les nobles de son royaume, qui comptaient sur lui : pense-t-il atteindre la délivrance ainsi ?/ Si une poignée d'orge et le royaume représentent pour lui la même chose, pourquoi avoir abandonné le royaume ?/S'il conserve du désir pour une poignée d'orge, où est son renoncement ?/Il faut des gens qui donnent de la nourriture pour satisfaire ceux qui la mendient/Si le roi ne donne pas, qui le fera?/Et puis il ne suffit pas de se retirer dans le forêt et de vivre d'aumônes pour être sauvé : il faut pratiquer un vrai renoncement !/ Et cela, on peut le faire également dans la vie domestique.

12.19. Yudhishthira reconnaît que les veda peuvent être interprétés de différentes manières/Mais Arjuna est un kshatriya, mal placé pour lui donner des leçons sur l'interprétation des veda/C'est une erreur de croire que rien n'est supérieur au pouvoir/De nombreux rishi, de nombreux hommes pieux ont atteint le ciel par une vie de renoncement/Ceux qui se livrent à l'action ne s'affranchissent pas du cycle des réincarnations/Mais il y a une autre issue, la délivrance, que l'on atteint par le Yoga/Il ne faut donc pas continuer à faire l'éloge du pouvoir.

12.20. Devasthâna intervient : Yudhishthira a conquis la terre, il ne doit pas l'abandonner/Il y a quatre étapes dans la vie, il faut passer par chacune d'elles, l'une après l'autre/Maintenant, il lui appartient d'offrir de grands sacrifices/L'homme a été créé pour offrir le sacrifice et le pouvoir doit s'y employer/Indra doit sa puissance aux sacrifices qu'il a offerts/Marutta l'a emporté sur Indra par les richesses qu'il a répandues dans ses sacrifices/Il faut donc se consacrer entièrement à offrir des sacrifices.

12.21. Il rapporte l'Enseignement de Brihaspati à Indra/Se contenter de ce que l'on a est la plus haute bénédiction/Si l'on ne craint ni n'est craint, si l'on restreint ses désirs et ses répugnances, on obtient la délivrance/On peut pratiquer diverses voies, la contemplation ou l'effort, le sacrifice ou le renoncement, la charité ou la mendicité, le pouvoir ou l'ascèse, ce qui importe c'est de ne faire de mal à aucune créature, de pratiquer les vertus de modestie, de vérité, de justice, de discipline/Le roi qui se comporte ainsi est sûr d'obtenir le salut.

12.22. Arjuna revient à la charge : pourquoi Yudhishthira se désespère-t-il ?/Les kshatriya morts au combat ont un sort plus enviable que ceux qui offrent des sacrifices/Yudhishthira sait bien qu'un kshatriya possède un coeur ferme : il a vaincu ses ennemis, qu'il conquière son âme !/Indra a combattu huit cent dix fois, a offert de nombreux sacrifices et est devenu le chef des dieux : tout le monde l'admire/Que Yudhishthira en fasse autant et cesse de se désespérer.

12.23. Vyâsa prend la parole : Arjuna a raison/Yudhishthira doit régner, la vie de renoncement n'est pas pour lui/Qu'il porte le fardeau du royaume c'est son devoir/Et qu'il brandisse le bâton du châtiment.

12.24. Vyâsa rapporte l'Histoire de Shanka et Likhita/Ces deux frères habitent chacun un ermitage fort agréable/Un jour Likhita rend visite à Shanka/Celui-ci étant sorti, Likhita se met à cueillir des fruits et à manger/ Son frère revient et lui reproche de lui avoir volé ces fruits : qu'il aille s'accuser de vol auprès du roi/Likhita va trouver le roi Sudyumna, s'accuse du vol des fruits et lui fait promettre de le châtier/Les deux mains coupées, Likhita retourne auprès de son frère pour demander son pardon/Shanka lui explique qu'il ne se sentait pas offensé mais que la vertu de son frère en avait pris un coup : qu'il aille maintenant offrir des libations aux dieux dans la rivière/Likhita s'exécute, et deux mains "semblables à deux lotus" lui poussent/C'est le résultat de mon ascèse, lui dit Shanka/Pourquoi, alors, ne m'as-tu pas purifié plutôt de ma faute ?/Je ne le pouvais pas, c'est le rôle du roi, et le roi lui--même en a été purifié/Effectivement le roi, par cet acte, obtint la délivrance/Brandir le bâton du châtiment est le rôle des rois, et non de se raser la tête.

12.25. Vyâsa engage Yudhishthira à donner satisfaction à ses frères et à gouverner/Seulement après, il pourra se retirer dans la forêt/Qu'il offre des sacrifices accompagnés de riches présents/Un roi qui se conduit impartialement envers tous ses sujets, ne commet jamais de péchés/S'il se conduit prudemment et consulte les anciens, son action n'entraînera pas de péché/Vyâsa raconte l'Histoire d'Hayagrîva/Ce roi avait défait un grand nombre d'ennemis/Il fut tué en combattant des brigands et il a atteint le ciel/Sa vie est comparable à un sacrifice : son arc est le poteau du sacrifice, la corde de son arc celle qui sert à lier les victimes, ses flèches la petite cuillère et son épée la grande, son char l'autel et sa rage à combattre le feu, ses ennemis et lui même les libations/Parce qu'il a été un roi juste, qu'il a brandi le bâton du châtiment et vaincu ses ennemis, parce qu'il a protégé son peuple, il a gagné le ciel.

12.26. Yudhishthira se plaint : il n'a aucune envie de régner, et les lamentations des femmes percent son coeur/Vyâsa continue : c'est le temps qui dispense toutes choses/Il cite les Paroles de Senajit/La course du temps affecte tous les mortels, toutes les choses terrestres vont à la destruction/"Certains tuent, d'autres sont tués", cela ne n'a pas de sens, tout a été fait par le destin/A quoi sert de se lamenter ?/Même mon corps ne m'appartient pas !/Le bonheur et la détresse se suivent/Le bonheur se termine en détresse, le bonheur naît de la détresse/Le sage ne tient compte ni de l'un ni de l'autre/Il extirpe tout ce qui cause du chagrin et supporte pareillement bonheur et malheur/Ainsi, l'homme sage ne s'abandonne ni à la joie ni au chagrin/Gouverner son royaume avec justice et offrir des sacrifices avec libéralité, voilà le devoir du roi.

12.27. Yudhishthira s'accuse : il a convoité le royaume et, pour cela, a exterminé sa propre race/Il revoit la chute de Bhîshma et la peine qu'il a éprouvé alors/Il revoit le mensonge qu'il a fait à Drona à propos de son fils, la mort de Karna, celle d'Abhimanyu, des fils de Draupadî/Tout cela de sa faute, parce qu'il convoitait le royaume/Il est un grand pécheur et doit expier par de sévères austérités/Vyâsa l'arrête : tout est l'oeuvre du destin/Yudhishthira a été créé pour un travail particulier, il doit l'accomplir.

12.28. Vyâsa rapporte Les Paroles d'Ashma/Janaka, roi de Videha, demande à Ashma comment se comporter quand on acquièrt des parents ou quand on les perd/Celui-ci répond : l'homme naît avec joie et chagrin/Si la joie domine, il pense : je suis de haute naissance, je peux faire ce que je veux, je ne suis pas un homme ordinaire/C'est sa perte : il dissipe en plaisirs les richesses de ses ancêtres, puis, pour les récupérer, pressure ses sujets/Le chagrin naît des attachements terrestres/Il n'y a pas moyen d'échapper à l'un ou à l'autre : il faut donc les supporter d'un coeur égal/Tout est conséquence du destin : des hommes purs succombent à la maladie, des méchants sont prospères, des puissants meurent jeunes et des misérables ont une longue vieillesse/Le temps dispose de toutes choses/On n'appartient à personne, personne ne vous appartient : les unions avec parents, femmes, enfants, amis sont transitoires, comme des rencontres de voyageurs dans une auberge/La vie tourne comme une roue/Personne n'échappe à la décrépitude et à la mort/Où est ton père aujourd'hui, et ton grand-père ?/Ainsi, à quoi sert de se lamenter ? Il faut laisser le chagrin, et suivre la voie montrée par les veda/Janaka est consolé par ces paroles.

12.29. Arjuna demande à Krishna de réconforter Yudhishthira/Krishna prend la main de Yudhishthira et lui dit : ne te désespère pas, les morts ne reviendront pas/Ils sont morts en combattant, leur sort est enviable/Ecoute Les consolations de Nârada à Srinjaya qui avait perdu son fils/Nârada explique que toutes les créatures sont appelées à mourir : pourquoi s'en désoler ?/Et il lui raconte l'histoire des anciens rois/Marutta a offert un sacrifice où Indra lui-même est venu, un sacrifice célébré par Samvarta, le jeune frère de Brihaspati, un sacrifice où les dons faits surpassaient en splendeur tout ce que l'on peut imaginer : si Marutta est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Durant le règne de Suhotra, Shiva a plu sur terre une pluie d'or, une année entière. Tout cet or recueilli, Suhotra le donna aux brâhmanes lors d'un sacrifice : si Suhotra est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Brihadratha a offert cent mille chevaux, cent mille servantes, cent mille éléphants, cent millions de taureaux en différents sacrifice : si Brihadratha est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Shibi donna toutes ses richesses : si Shibi est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Bharata offrit cent sacrifices du cheval : si Bharata est mort, alors ne te lamente pas sur ton fils !/ Râma fit régner l'âge d'or sur son royaume, offrit dix sacrifices du cheval et régna dix mille cent ans : si Râma est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Baghîratha, dans un de ses sacrifices offrit un million de servantes avec leurs bijoux d'or, chacune dans un char tiré par quatre chevaux, chaque char suivi par cent éléphant, chaque éléphant par mille chevaux, chaque cheval par mille vaches, chaque vache par mille moutons et chèvres/Baghîratha a fait descendre Gangâ du ciel : si Baghîratha est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Dilîpa a donné la terre entière aux brâhmanes, il a fait faire un poteau sacrificiel en or, ses éléphants étaient revêtus d'or : si Dilîpa est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Mândhatri est né de beurre clarifié dans l'estomac de son père, d'où il fallut l'extraire, et téta le doigt d'Indra/Il soumit toute la terre, offrit de nombreux sacrifices et donna aux brâhmanes des poissons de dix lieues de long et d'une de large/Si Mândhâtri est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Yayâti couvrit la terre d'un dense réseau d'autels sacrificiels, offrit de nombreux sacrifices et donna aux brâhmanes trois montagnes d'or/Après avoir installé son fils Pûru, il se retira dans la forêt : si Yayâti est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Ambarîsha fit protéger les brâhmanes par un million de rois qui avaient offert eux-mêmes mille sacrifices : si Ambarisha est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/ Shashabindu avait cent mille épouses et un million de fils/Chacun de ses fils épousa cent princesses qui apportèrent chacune en dot cent éléphants, avec chaque éléphant cent chars, avec chaque char cent chevaux, avec chaque cheval cent vaches, avec chaque vache cent moutons et chèvres, et il donna tout cela aux brâhmanes au cours d'un sacrifice du cheval : si Shashabindu est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Gaya qui avait reçu d'Agni des richesses inépuisables, offrit douze sacrifices du cheval par an durant mille ans, et à chacun d'eux il donna aux brâhmanes cent mille vaches et cent mille mules/Il fit faire une estrade en or de cent coudées de long et de vingt-cinq de large, et la donna aux brâhmanes/Gaya donna aux brâhmanes autant de bétail qu'il y a de grains de sable dans la Gangâ : si Gaya est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/ Ranti avait obtenu d'Indra de pouvoir satisfaire ses hôtes et les animaux venaient à lui d'eux-mêmes pour être sacrifiés : leur sang forma une rivière/Toute sa vaisselle était en or/Certaines nuits, pour satisfaire les hôtes, il fallut abattre vingt mille cent bufs : si Ranti est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/ Sagara eut soixante mille fils/Il célébra mille sacrifices du cheval et donna aux brâhmanes des palais aux colonnes en or, richement meublés/ Il fit creuser la terre et l'océan s'installa dans l'excavation ainsi faite : si Sagara est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Prithu fut un modèle de roi, sous son règne son peuple connut l'âge d'or/Au cours d'un sacrifice du cheval, il donna aux brâhmanes vingt et une montagnes d'or de mille deux cent coudées chacune : si Prithu est mort, lui qui valait bien plus que ton fils, alors ne te lamente pas sur la mort de celui-ci !/Srinjaya se déclare consolé par ce discours et Nârada lui rend son fils Suvarnashtîvin.

12.30. Krishna raconte l'Histoire de Sukumârî/Nârada et son neveu Parvata avaient demandé l'hospitalité à Srinjaya/Celui-ci charge sa fille Sukumârî de veiller sur eux/Nârada en tombe amoureux, et Parvata le maudit : le jour de son mariage avec Sukumârî, il deviendra un singe/Nârada le maudit en retour : il ne pourra plus aller au ciel/Le jour de son mariage, Sukumârî voit Nârada devenu singe, mais cela ne change rien aux sentiments de la jeune fille/Plus tard Parvata rencontre Nârada, et ils annulent mutuellement leurs malédictions/Quand Nârada se présente à elle sous sa forme normale, Sukumârî fuit, et il faudra que Parvata lui explique que c'est bien Nârada pour qu'elle accepte de rester avec lui.

12.31. A la demande de Krishna, Nârada continue l'histoire : Parvata et moi-même avons séjourné à nouveau chez Srinjaya, et, satisfaits de son hospitalité, lui avons offert un voeu/Srinjaya demande un fils semblable à Indra/Cela est accordé, il aura un fils du nom de Suvarnashtîvin, mais par égard envers Indra, ce fils ne pourra vivre longtemps/Srinjaya demande que soit levée cette dernière condition, et je lui promis de ressusciter cet enfant/Indra, jaloux des prouesses de Suvarnashtîvin le fait tuer par son foudre déguisé en tigre/Srinjaya se désespère et me fait venir/Je ressuscite alors l'enfant, comme promis, non sans avoir rappelé les exploits des anciens rois, que Krishna vient de te rapporter.

12.32. Vyâsa reprend la parole : L'austérité est le devoir du brâhmane, celui du roi, de protéger ses sujets/Il doit châtier quiconque transgresse son autorité/Les Kaurava ont transgressé l'autorité, ils devaient être châtiés/ Pourquoi se lamenter ?/Mais Yudhishthira persiste : il a été la cause de la mort de tant de héros !/A qui la faute ? demande Vyâsa : à l'Être Suprême ou à l'homme ?/Si quelqu'un coupe une branche avec une hache, la faute est-elle à la hache ?/La faute s'attache à l'agent, pas à l'outil/La faute est à attribuer à l'Être Suprême/ Si l'homme était responsable de tous ses actes, alors l'Être Suprême n'existerait pas, et quoique l'on fasse, il n'y aurait aucune crainte à avoir/La destinée régit tout/Tout ce que l'on peut faire c'est éviter les mauvaises actions en ce conformant à son devoir/Le devoir du roi est de brandir le bâton du châtiment.

12.33. Yudhishthira revient à la charge : cet immense massacre a eu lieu parce qu'il convoitait le royaume/Et les femmes n'y résisteront pas, elles mourront de désespoir !/Le péché est grand, il faut l'expier.

12.34. Vyâsa réplique que c'est le temps qui a été la cause du massacre/C'est lui qui ordonne le meurtre des créatures par l'instrumentalité des créatures/Ceux qui ont péri, ont péri à cause de leurs actes/L'homme n'est qu'un outil/Les dieux et les asura se sont combattus durant trente-deux mille ans, jusqu'à ce que les dieux contrôlent le ciel/Des brâhmanes, au nombre de quatre-vingt huit mille, se sont même alliés aux asura pour dominer la terre, mais ils ont été exterminés/Ainsi Yudhishthira n'a-t-il fait qu'imiter les dieux/Il n'a fait que son devoir et n'a encouru aucun péché/Qu'il offre un sacrifice du cheval comme expiation et rende ses sujets heureux : il retrouvera ainsi le bonheur.

12.35. Yudhishthira demande quand alors il faut expier, et comment/Vyâsa répond que l'homme doit expier, qui commet des actes interdits, ou omet des actes qui sont de son devoir/Liste des fautes qui doivent être expiées, et des exceptions.

12.36. Les différents moyens d'expier ces fautes/Mais Yudhishthira n'a fait que son devoir, il n'a pas commis de faute.

12.37. Yudhishthira demande quelle nourriture est pure, quoi et à qui l'on doit donner/Vyâsa raconte La conversation des deux ascètes avec Manu/Deux ascètes interrogent Manu/Celui ci énumère les actes et les nourritures qui purifient/Un même acte peut être bon ou mauvais, il doit être jugé d'après ses résultats/Les nourritures impures/Les personnes de qui on ne doit pas accepter de la nourriture/A qui l'on ne doit pas faire de cadeaux/Donner à un brâhmane ignorant des Veda peut se faire par compassion, mais n'apporte aucun mérite.

12.38. Yudhishthira demande quels sont les devoirs des rois et des autres castes/Vyâsa lui conseille d'interroger Bhîshma : il est le mieux placé pour répondre/Yudhishthira hésite : quelle sera la réaction de Bhîshma en le voyant ?/Krishna lui demande de suivre le conseil de Vyâsa/ Yudhishthira se rassérène et, entouré de tous, se met en marche vers la ville/Description du cortège/La ville se pare pour le recevoir.

(84) La mort de Cârvâka : 39

12.39. La ville accueille Yudhishthira et lui demande d'être roi/Yudhishthira entre au palais, ressort et est béni par les brâhmanes auxquels il fait de nombreux dons/Un râkshasa ami de Duryodhana, Cârvâka, déguisé en brâhmane, s'adresse à lui : au nom de tous les brâhmanes présents, il doit lui faire honte !/Il a exterminé sa race, tué ses maîtres : il n'a plus qu'à se donner la mort !/Mais les brâhmanes protestent : ce n'est pas là ce qu'ils pensent !/Ils tuent Cârvâka en émettant le son "hun"/Krishna raconte l'Histoire de Cârvâka/Par son ascèse, Cârvâka avait obtenu de Brahmâ d'être invincible à condition de ne pas offenser les brâhmanes : il en profite pour persécuter les dieux/Ceux-ci se plaignent à Brahmâ/Qu'ils se tranquillisent, répond Brahmâ, la mort de Cârvâka est prévue : il deviendra ami de Duryodhana, et, par affection pour lui, il offensera les brâhmanes/Ceux-ci, alors, le tueront.

12.40. Yudhishthira siège solennellement devant son peuple avec les siens et Dhritarâshtra/Tout est préparé pour la consécration royale/Krishna verse l'eau de l'onction royale sur la tête de Yudhishthira, Dhritarâshtra et tout le peuple en font autant/Le nouveau roi distribue des pièces d'or aux brâhmanes, et ceux-ci en retour font son éloge.

12.41. Yudhishthira demande à ses sujets de continuer à obéir à Dhritarâshtra et de faire tout ce qu'il demande, comme auparavant/Yudhishthira nomme les différents responsables du royaume/Il insiste sur l'obéissance qu'il faudra montrer à Dhritarâshtra.

12.42. Les rites funéraires sont accomplis pour tous ceux qui sont morts, et à cette occasion, de nombreux dons sont faits aux brâhmanes, tant par Dhritarâshtra que par Yudhishthira/Yudhishthira protège les femmes laissées sans protecteurs.

12.43. Yudhishthira prononce l'éloge de Krishna.

(85) La distribution des maisons : 44

12.44. Pour remercier ses frères, et leur permettre de jouir d'un repos bien mérité, Yudhishthira donne à Bhîma le palais de Duryodhana, à Arjuna celui de Dusshâsana, à Nakula celui de Durmarshana, à Sahadeva celui de Durmukha/Yuyutsu, Vidura et Samjaya retournent dans les palais qu'ils possédaient auparavant/Krishna va passer la nuit chez Arjuna.

12.45. Yudhishthira règne heureusement : il distribue de nombreux dons/Yudhishthira va trouver Krishna et le salue : celui-ci, plongé en méditation, ne répond rien.

12.46. Yudhishthira s'émerveille de la profondeur de son extase et en demande la cause : Krishna revient à lui et lui rapporte qu'il méditait sur Bhîshma et sur ses exploits/Que Yudhishthira aille le trouver et l'interroge tant qu'il est encore vivant/Yudhishthira accepte et demande à Krishna de l'accompagner, de sorte que Bhîshma ait une dernière vision de sa splendeur/Krishna fait atteler son char.

12.47. Bhîshma gît sur son lit de flèches, entouré de nombreux sages, Vyâsa, Nârada, Devasthâna etc./Il chante un hymne de louange à Krishna/ Krishna le perçoit, grâce à ses pouvoirs, et lui donne sa vision divine/Krishna, Yudhishthira et ses frères, Yuyudhâna, Kripa, Yuyutsu et Samjaya se mettent en route sur leurs chars respectifs pour rejoindre Bhîshma.

12.48. Ils arrivent au Kurukshetra, sur le champ de bataille/Krishna montre à Yudhishthira les cinq lacs de Râma/Pour répondre aux questions de Yudhishthira, Krishna raconte l'Histoire de Râma.

12.49. Généalogie de Râma/Gâdhi a une fille, Satyavatî, qu'il donne en mariage à un descendant de Bhrigu, Ricîka/Ricîka donne à sa femme une portion de gâteau de riz pour sa mère, une autre pour elle-même : ainsi naîtront deux fils, l'un sera un guerrier redoutable, l'autre un ascète de grande sagesse/Mais Satyavatî se trompe et échange les portions : ainsi c'est elle qui aura pour fils un kshatriya redoutable/Elle plaide auprès de Ricîka, et obtient que son fils soit un brâhmane pacifique, et seulement son petit-fils un kshatriya/Gâdhi a pour fils Vishvâmitra et Satyavatî, Jamadagni, un pieux brâhmane/Jamadagni a pour fils le redoutable Râma/Râma obtient d'Indra une hache magique, et devient inégalable au combat/Le roi aux mille bras, Arjuna Kârtavîrya, conquiert la terre/Il donne en offrande à Agni de nombreux villages et forêts, et brûle entre autres la retraite de l'ermite Âpava, qui le maudit : Râma lui coupera ses mille bras/Les fils d'Arjuna Kârtavîrya seront la cause de sa mort : ils dérobent, à l'insu de leur père, la vache de Jamadagni/Râma coupe les mille bras d'Arjuna Kârtavîrya et ramène la vache/En représailles, les fils d'Arjuna Kârtavîrya tuent Jamadagni/Râma jure de débarrasser la terre de tous les kshatriya/Ainsi fait, il se retire dans la forêt/Après quelque milliers d'années, Parâvasu, le petit-fils de Vishvâmitra, se moque de lui : il reste des kshatriya sur terre, s'il s'est réfugié dans la forêt, c'est par couardise/Râma repart en campagne et extermine les kshatriya/Les descendants des rares survivants se multiplient, et Râma les extermine de nouveau/Ainsi vingt et une fois/ Râma offre un sacrifice du cheval et donne la terre à Kashyapa/Kashyapa l'exile de l'autre côté de l'océan/Mais il n'y a plus personne pour gouverner, le désordre règne et la terre sombre/Kashyapa la retient : la terre lui demande un roi/Il reste quelques descendants de kshatriya qui ont été élevés en cachette : qu'ils règnent, afin que l'ordre revienne/ Kashyapa les fait rechercher et les installe comme rois : tous les rois actuels sont leurs descendants.

(86) Les devoirs du roi : 50-127

12.50. Krishna et Yudhishthira arrivent en présence de Bhîshma, gisant sur son lit de flèches, entouré de nombreux sages, aux bords de la rivière Oghavatî/Ils s'approchent de lui/Krishna fait l'éloge de Bhîshma et lui demande d'éclairer Yudhishthira.

12.51. Bhîshma salue Krishna et l'adore/Krishna se manifeste à lui sous sa forme divine et lui annonce qu'il a atteint la délivrance : il n'aura plus à renaître/Dans cinquante-six jours, quand le soleil reprendra sa course vers le nord, il mourra/Il doit enseigner Yudhishthira avant de mourir.

12.52. Bhîshma souffre trop, il est trop faible, son esprit est obscurci, il se taira/Que Krishna enseigne lui-même Yudhishthira/Qui du reste oserait parler en sa présence ?/Krishna soulage les souffrances de Bhîshma de façon qu'il ait à nouveau les idées claires, et lui donne sa vision divine/Après avoir salué Bhîshma, tous reviennent à la ville pour la nuit.

12.53. Réveil de Krishna/Il se livre à la méditation, les chantres entonnent les hymnes, il procède à ses ablutions, offre des libations dans le feu, fait des dons aux brâhmanes, puis envoie Yuyudhâna dire à Yudhishthira qu'il l'attend/Yudhishthira annonce à Arjuna qu'il désire se rendre sans escorte auprès de Bhîshma : les enseignements de Bhîshma ne sont pas pour le commun/Ainsi Krishna et Yuyudhâna, Yudhishthira et ses frères, se rendent-ils seuls auprès de Bhîshma, saluent les sages qui l'entourent et s'approchent de lui.

12.54. Nârada les encourage à questionner Bhîshma/Ils hésitent, Yudhishthira demande à Krishna de parler le premier/Krishna demande à Bhîshma comment il se sent et celui-ci répond qu'il ne souffre plus, que son esprit est clair, qu'il voit le passé, le présent et le futur, qu'il se souvient de tous les enseignements, et qu'il est prêt à parler/Mais pourquoi Krishna n'enseigne-t-il pas lui-même ?/C'est pour augmenter la gloire de Bhîshma/Krishna a muni Bhîshma de l'intelligence divine, tout ce qu'il dira aura force de loi/C'est maintenant son devoir de parler et d'enseigner Yudhishthira, qui est digne de son enseignement.

12.55. Que Yudhishthira pose ses questions, Bhîshma est prêt à répondre/Krishna explique que Yudhishthira n'ose pas l'approcher : il se sent coupable de sa mort/C'est le devoir des kshatriya de combattre, de tuer ceux qui les défient en un combat injuste, répond Bhîshma/Yudhishthira se prosterne aux pieds de Bhîshma/Bhîshma demande à Yudhishthira de prendre un siège et de poser ses questions.

12.56. Yudhishthira demande à être enseigné sur les devoirs du roi : des devoirs du roi, le monde dépend/En premier, répond Bhîshma, le roi doit servir les dieux/Il doit toujours être prêt à l'action, être dévoué à la vérité, avoir une conduite droite, être ferme, protéger les brâhmanes, se comporter envers ses sujets comme une mère envers son enfant, appliquer un juste châtiment, ne pas se montrer trop familier avec ses serviteurs.

12.57. Le roi doit se consacrer à l'action/Il doit éliminer ceux qui s'opposent au royaume, même s'il s'agit d'un ami ou de son maître/Exemples tirés de l'histoire/Le roi doit maîtriser sa colère, tenir secrets ses avis, ne pas accorder trop de confiance, même à ses amis, peser soigneusement sa politique, administrer la justice et augmenter son trésor, nourrir les pauvres, savoir sourire, observer, pour l'imiter, le comportement des justes, choisir ses ministres et les traiter avec amitié, avoir la confiance de son peuple et lui accorder sa protection en toutes circonstances.

12.58. La protection des sujets est le devoir principal du roi/Elle se réalise par les moyens suivants : des espions et des serviteurs convenablement payés et bien traités, des impôts supportables, des hommes honnêtes aux charges du royaume, le bien de ses sujets, une politique étrangère bien menée, la promptitude à l'action/Bhîshma demande à Yudhishthira s'il veut en savoir plus/Mais le soir tombe, Yudhishthira lui annonce qu'il reviendra le lendemain et rentre en ville.

12.59. Le lendemain, ils reviennent/Après avoir salué Bhîshma, Yudhishthira lui demande d'où vient le mot roi, et comment il se fait qu'un homme, semblable en tous points aux autres, assume seul la fonction royale/Au début, répond Bhîshma, il n'y avait pas de roi/Les hommes se protégeaient les uns les autres/Mais à l'âge krita, leur entendement s'obscurcit et ils se mirent à convoiter le bien d'autrui/Ils furent sujets à l'envie, de l'envie naquit la colère, et de là, l'oubli de leurs devoirs et la confusion/Les règles élémentaires ne furent plus suivies, les veda disparurent/Les dieux, affolés à l'idée que les sacrifices ne soient plus assurés, demandèrent aide à Brahmâ, et celui-ci composa un traité en cent mille leçons concernant le triple but : morale, argent et plaisir, et la délivrance/Il y traite des trois qualités, du châtiment, des rites, de la politique intérieure et étrangère, de la conduite de la guerre, de la royauté et de ses devoirs, des vices, du comportement du roi, de l'agriculture, de la médecine/Ce traité est connu sous le nom de "Politique du châtiment"/Pour tenir compte de la réduction progressive de l'espérance de vie des hommes, Shiva l'abrégea en dix mille leçons, Indra en cinq mille, Brihaspati en trois mille, Ushanas en mille/Les dieux demandent à Vishnu qui sera roi/Celui-ci crée Virajas/Généalogie des premiers rois et naissance des peuples/Naissance de Prithu/Age d'or/Excellence de Prithu/Shrî naît d'un lotus sorti du sourcil de Vishnu, et épouse Dharma/Elle a pour fils Artha/Dharma, Artha et Shrî ont reçu la souveraineté/C'est une personne particulièrement accomplie qui descend du ciel sur terre pour être roi, empreinte de grandeur et incarnation partielle de Vishnu/Il est établi par les dieux, personne ne surpasse le roi/C'est pourquoi, bien qu'il soit un homme comme les autres, tout le monde lui est soumis/Dans le traité de Brahmâ, on trouve tout ce qui est connu sur terre/On y dit qu'il n'y a pas de différence entre un roi et un dieu.

12.60. Yudhishthira demande quels sont les devoirs des quatre castes et quel est leur mode de vie/Quels sont les devoirs spécifiques du roi, comment fait-il prospérer son royaume, ses sujets et lui-même/De quoi doit-il se garder, à qui doit-il se fier ?/Bhîshma expose les neuf devoirs communs aux quatre castes/Discipline personnelle, étude des veda et austérités sont les devoirs particuliers du brâhmane/Un kshatriya doit donner, offrir des sacrifices, étudier les veda sous la conduite d'un maître, protéger le peuple, punir les voleurs et être valeureux au combat/Un vaishya doit donner, étudier les veda offrir des sacrifices, gagner de l'argent par des moyens honnêtes et protéger les animaux/La rémunération des vaishya/ Un shûdra doit servir les trois autres castes, n'avoir aucun bien personnel, honorer les dieux dans des sacrifices mineurs/La dévotion, qui est un sacrifice, doit être pratiquée par les quatre castes/Les brâhmanes sont des dieux, ils officient dans les sacrifices pour les quatre castes, et les quatre castes doivent offrir des sacrifices par tous les moyens en leur possession.

12.61. Les quatre stages d'existence successifs : les études brâhmaniques, la vie domestique, la vie érémitique dans la forêt et le renoncement total/Un brâhmane peut, après les études védiques adopter soit la vie de mendiant, soit la vie domestique/Le comportement à avoir durant ces différents stages de la vie.

12.62. Yudhishthira demande comment il doit appliquer ces comportements à lui-même/Les quatre stages de l'existence sont faits pour les brâhmanes, les autres castes n'y sont pas obligées, répond Bhîshma/Le brâhmane qui, dans les quatre stages de son existence suit ces règles, atteint dans l'autre monde des régions de béatitude éternelle/Pour un roi, il doit pratiquer l'étude des veda, et exercer le pouvoir royal/C'est le temps qui mène le monde, sous l'influence du temps l'homme est toujours engagé dans les actions, qui détermineront sa vie future.

12.63. Les brâhmanes qui transgressent leurs devoirs deviennent des shûdra/ C'est à son comportement qu'on reconnaît un vrai brâhmane/Lorsqu'ils ont correctement accompli leur vie domestique, les trois autres castes peuvent adopter une vie de mendicité/Pour un kshatriya, il doit avoir étudié les veda, engendré des fils, gouverné avec justice son royaume, offert les grands sacrifices, réglé ses affaires et établi son successeur : il peut alors adopter une vie de mendicité, mais ce n'est pas obligatoire/Les devoirs du roi sont les plus importants, ils conditionnent les devoirs des autres castes/En suivant ses devoirs, un roi peut pratiquer toute sorte de renonciation, trouver toute sorte d'initiation, acquérir toute science.

12.64. Les devoirs du roi sont faits pour assurer un juste comportement des hommes/Si la royauté est mal assumée, les hommes sont submergés par le mal : ils peuvent facilement se tromper, même de bonne foi, s'ils ne sont pas guidés/Le monde entier est conditionné par les devoirs du roi/ Bhîshma raconte l'Histoire de Mândhâtri/Ce roi avait offert un sacrifice pour obtenir de voir Vishnu/Celui-ci lui apparaît sous la forme d'Indra et lui demande pourquoi il veut voir Vishnu : ni Brahmâ, ni lui-même, ne peuvent obtenir cette vision du dieu suprême/Mais il lui offre un voeu/Mândhâtri insiste : il veut voir Vishnu/Il a parfaitement rempli son devoir de roi, mais il ne sait pas comment accomplir ces devoirs supérieurs qui procèdent de Vishnu/Indra lui répond que les devoirs du roi procèdent de Vishnu, et sont supérieurs à tous les autres/Vishnu lui-même les a suivis, ce qui lui a permis de détruire les asura/S'il ne l'avait pas fait, tous les devoirs des quatre castes auraient été détruits/A chaque âge, les devoirs des brâhmanes sont établis en premier : mais c'est le devoir du roi de les protéger/C'est pour cela qu'on considère les devoirs du roi comme les plus importants/Grâce au roi, les méchants sont contenus et les bons peuvent s'épanouir.

12.65. Les devoirs du roi, si importants, doivent être exercés par des hommes accomplis, qui veulent le bien des créatures/C'est grâce à eux que les quatre castes accomplissent leur devoir, c'est pourquoi les devoirs du roi sont les plus importants/Mândhâtri demande quels devoirs doivent suivre les barbares, et il donne la liste de ceux-ci, qui sont sous la domination du roi/Les barbares, les tribus de voleurs, doivent honorer les anciens, servir leurs rois, offrir des sacrifices aux ancêtres, et faire des présents aux brâhmanes/Et que faire des hommes mauvais que l'on trouve dans les quatre castes ?/Si le roi exerce correctement le châtiment, la moralité est fermement établie/Il est de la responsabilité du roi de veiller à la façon dont les hommes suivent leur devoir/Vishnu remonte alors au ciel/Bhîshma, en conclusion demande à Yudhishthira de suivre scrupuleusement ces devoirs du roi.

12.66. Yudhishthira demande plus de détails sur les quatre stages de l'existence/Les mérites acquis par ceux qui suivent les différents modes de vie s'attachent au roi, répond Bhîshma/Le roi, en faisant les dons à ceux qui le méritent, en suivant les injonctions des veda, en ayant une âme sereine, en adorant les dieux, en pratiquant le châtiment, acquière les mérites de la vie domestique/En secourant les détresses, en honorant les brâhmanes et les ancêtres, en combattant pour son royaume, il acquière les mérites de la vie érémitique dans la forêt/En protégeant toutes les créatures, il acquiert les mérites du renoncement total/En étudiant chaque jour les veda, en honorant ses maîtres, il acquiert les mérites de l'étudiant brâhmanique/En montrant compassion envers tous, il acquiert les mérites des quatre modes de vie/Que Yudhishthira s'applique donc à pratiquer les devoirs du roi.

12.67. Yudhishthira demande quels sont les principaux devoirs concernant le royaume/Le premier devoir est le couronnement d'un roi : sans roi, l'anarchie régnerait, avec toutes ses conséquences/Autrefois, en période d'anarchie, quelques hommes de bien demandèrent à Manu d'être leur roi et lui donnèrent les moyens d'exercer cette royauté : ainsi l'ordre fut rétabli/Les hommes doivent se donner un roi, le respecter, et lui donner les moyens d'exercer son pouvoir.

12.68. Yudhishthira demande pourquoi on dit que le roi est un dieu/Bhîshma cite l'Entretien de Brihaspati et Vasumanas/Vasumanas, roi de Kosala, interroge Brihaspati : comment les hommes s'épanouissent-ils, et comment sont-ils détruits ?/Les devoirs des hommes, répond Brihaspati, prennent racine dans le roi/C'est par la crainte du roi que les hommes ne se détruisent pas les uns les autres/Si le roi ne régnait pas, la propriété n'existerait plus, la moralité disparaîtrait, les sacrifices cesseraient/C'est grâce à la protection du roi que les hommes peuvent dormir sans crainte/ Le roi assume cinq formes : Agni quand il châtie, Âditya quand il envoie ses espions, Mrityu quand il combat, Yama quand il juge, Kubera quand il distribue ses largesses/Le châtiment est immédiat pour ceux qui s'approprient les biens appartenant au roi/On doit toujours respecter et servir le roi, le roi est le coeur de son peuple.

12.69. Yudhishthira demande quels sont les autres devoirs du roi/Le roi doit se vaincre lui-même, répond Bhîshma, et vaincre ses ennemis/Il doit placer ses garnisons, envoyer ses espions, découvrir ceux de l'ennemi/Il doit faire la paix avec l'ennemi si celui-ci est plus fort/Si l'ennemi présente des faiblesses, il doit marcher contre lui/S'il est trop fort, il doit trouver d'autres moyens pour l'affaiblir/Le roi doit percevoir les impôts, rendre la justice, choisir des ministres compétents et honnêtes, brandir opportunément le bâton du châtiment/S'il est attaqué, il doit se retrancher/Conduite à tenir en cas de siège/Le roi doit veiller aux sept constituants du royaume (lui-même, ses ministres, son trésor, ses alliés et sa capitale), suivre les six règles de la politique (régner en paix après la conclusion d'une alliance avec l'ennemi, partir en campagne, affaiblir l'ennemi par des dissensions, concentrer ses forces pour inspirer la crainte, préparer la guerre en souhaitant la paix, et conclure des alliances).

12.70. Yudhishthira demande comment on doit appliquer le châtiment/Quand le roi applique à fond la science du châtiment, répond Bhîshma, l'âge d'or (krita) règne : la terre donne des fruits sans être labourée, les maladies disparaissent, les hommes vivent longtemps, il n'y a plus d'injustices/Quand le roi applique la science du châtiment aux trois-quarts, c'est l'âge tretâ : la terre produit des fruits, mais il faut labourer/Quand le roi applique la science du châtiment à moitié, c'est l'âge dvâpara : les récoltes sont moitié moins abondantes/Quand le roi abandonne complètement la science du châtiment, oppresse ses sujets, c'est l'âge kali : règnent l'injustice, les maladies, la mort prématurée, la confusion/Suivant l'âge qu'il aura fait régner, le roi aura sa récompense ou sa punition dans l'au-delà/La science du châtiment, proprement appliquée, protège les hommes : elle représente le premier devoir du roi.

12.71. Yudhishthira demande quel comportement doit avoir le roi/Bhîshma énumère les trente-six vertus : si le roi les pratique, il sera récompensé ici-bas et dans l'au-delà.

12.72. Yudhishthira demande comment il doit se conduire envers ses sujets/ Avant tout honorer les brâhmanes, répond Bhîshma, rechercher l'argent et le plaisir sans colère ni convoitise, prélever les justes impôts pour remplir le trésor, gouverner avec l'aide de gens désintéressés, ne pas envier la richesse des brâhmanes, même si le trésor est vide, protéger toutes les créatures : ainsi il sera récompensé ici-bas et dans l'au-delà.

12.73. Bhîshma rapporte l'Entretien entre Purûravas et Mâtarishvan/Purûravas demande quelle est l'origine des castes/Les brâhmanes sont issus de la bouche de Brahmâ, répond Mâtarishvan, les kshatriya de ses deux bras, les vaishya de ses cuisses, les shûdra de ses pieds/Les brâhmanes ont été créés les premiers pour garder les veda, les kshatriya ensuite pour les protéger, les vaishya pour subvenir aux besoins des deux autres castes, et les shûdra pour servir/Purûravas demande si la terre appartient aux brâhmanes ou aux kshatriya/Tout appartient de droit aux brâhmanes, répond Mâtarishvan, mais la terre, par suite du refus des brâhmanes, a accepté les kshatriya comme souverains/Le roi, toutefois, doit se laisser guider par des brâhmanes vertueux et écouter leurs instructions/Ainsi son gouvernement sera juste et ses sujets vertueux/Le roi reçoit le quart des mérites de ses sujets.

12.74. Bhîshma continue son enseignement : le roi doit appointer un chapelain vertueux et savant, et s'appuyer sur lui/Il rapporte l'Entretien entre Purûravas et Kashyapa/Purûravas demande qui est supérieur, quand il y a désaccord entre les brâhmanes et les kshatriya/Quand il y a un tel désaccord, répond Kashyapa, la ruine menace le royaume/Le brâhmane et le kshatriya sont naturellement liés, ils se doivent mutuelle protection, l'un est la cause de l'amélioration de l'autre/L'un aidant l'autre, ils atteignent tous deux les plus grands accomplissements/Si les brâhmanes ne sont pas protégés, l'anarchie règne, et Rudra détruit tout sans distinction/D'où vient Rudra ? demande Purûravas/Rudra réside dans le coeur de l'homme, et étend sa destruction à partir du coeur d'un homme mauvais, comme l'incendie se propage à partir d'une maison en feu/Si le châtiment touche également les bons et les mauvais, demande Purûravas, alors pourquoi être bon ?/Le bois humide, mélangé à du bois sec, brûle également : il faut éviter de se mélanger aux pêcheurs/La terre nourrit les méchants comme les bons, le soleil les réchauffe, l'eau les lave également !/Il en est ainsi ici-bas, pas dans l'au-delà/Les bons jouissent d'une grande félicité, les mauvais vont en enfer/Pour éviter la contagion du mal, le roi doit, avant même son couronnement, investir comme chapelain royal un brâhmane de grande expérience, et honorer tout spécialement les brâhmanes.

12.75. La protection et le succès du royaume repose sur le roi, reprend Bhîshma, la protection et le succès du roi sur son chapelain/Il rapporte l'Entretien entre Mucukunda et Kubera/Mucukunda, ayant soumis toute la terre, attaque Kubera/Celui-ci suscite une armée de râkshasa qui défait les forces de Mucukunda/Ce dernier réprimande son chapelain, Vasishtha, qui, par une ascèse sévère, permet à Mucukunda de défaire à son tour les râkshasa/Kubera s'étonne que Mucukunda ait voulu l'attaquer/ Mucukunda lui répond que les rois doivent agrandir leur royaume par la force de leur bras et par la puissance de l'ascèse de leur chapelain/Kubera, émerveillé, lui donne la terre : Mucukunda répond qu'il n'a pas à accepter la terre en cadeau, il la conquerra lui-même par la force de son bras.

12.76. Yudhishthira demande comment un roi peut augmenter le bien-être de ses sujets : en suivant son devoir, répond Bhîshma/Si le roi suit scrupuleusement son devoir, ses sujets en feront de même/Le roi acquiert un quart des mérites de ses sujets acquis grâce à sa protection, et un quart de leurs fautes commises en raison de sa négligence/Yudhishthira demande quels mérites sont attachés à la royauté : ne vaudrait-il pas mieux, pour son salut personnel, qu'il se retire dans la forêt ?/Non, répond Bhîshma, il acquerra de bien plus grands mérites en suivant son devoir de roi/Qu'il suive la voie de son père et de son grand-père !/Quels que soient les mérites attachés à la fonction royale, il est né pour l'assumer : qu'il porte son fardeau/Yudhishthira demande quels sont les actes qui conduisent au ciel/S'il soulage, même provisoirement, la peur d'un de ses sujets, il est digne du ciel, répond Bhîshma/Qu'il soit donc roi des Kaurava, qu'il protège les bons et punisse les mauvais, qu'il assure la protection de ses amis et des honnêtes hommes.

12.77. Yudhishthira demande : parmi les brâhmanes, certains sont engagés dans les devoirs de leur ordre, d'autres dans d'autres devoirs/Quelle est la différence entre eux ?/Les brâhmanes qui suivent les devoirs de leur ordre, répond Bhîshma, sont pareils aux dieux/Ceux qui ne le font pas sont comme des shûdra/Le roi les soumettra à l'impôt/Le roi doit s'efforcer de les remettre dans le droit chemin/Mais si un brâhmane devient voleur par nécessité, il est du devoir du roi d'assurer sa subsistance.

12.78. Yudhishthira demande de quelles richesses le roi dispose/Le roi est maître des richesses de tous, sauf des brâhmanes, s'ils suivent leurs devoirs, répond Bhîshma/Il doit assurer la subsistance des brâhmanes, afin que ceux-ci ne deviennent pas des voleurs/Bhîshma rapporte l'Entretien entre le roi des Kaikeya et le râkshasa qui voulait l'enlever/Comment peux-tu m'enlever, se plaint le roi : il n'y a aucun brâhmane dans mon royaume qui ne soit attaché à ses devoirs, les kshatriya sont parfaitement dévoués à leurs devoirs, de même que les vaishya et les shûdra/Ma conduite est droite, mon chapelain est sans reproches, j'ai toujours combattu loyalement, comment peux-tu m'enlever ?/Puisqu'il en est ainsi, répond le râkshasa, rentre chez toi/C'est pourquoi, conclut Bhîshma, tu dois protéger les brâhmanes, ils te protégeront en retour.

12.79. Un brâhmane, en cas de détresse, peut adopter la conduite d'un kshatriya/Peut-il éventuellement adopter celle d'un vaishya, demande Yudhishthira/Oui, répond Bhîshma, s'il n'est pas capable de se comporter comme un kshatriya : mais il donne la liste des articles dont un brâhmane ne peut faire commerce/Quand le peuple prend les armes contre son roi, demande Yudhishthira, comment celui-ci peut-il rester le refuge ?/Par des dons, des austérités, des sacrifices, en étant pacifique, répond Bhîshma : les bons, alors, se resserreront autour du roi/Les brâhmanes sont le refuge du roi quand sa puissance est contestée/Si les kshatriya sont tous hostiles aux brâhmanes, qui protégera ceux-ci, demande Yudhishthira/Il faut alors défaire les kshatriya, répond Bhîshma, par les austérités et la force/Les kshatriya sont issus des brâhmanes, le feu de l'eau, le fer de la pierre : quand le fer frappe la pierre, ou le feu se bat avec l'eau, ou les kshatriya sont hostiles aux brâhmanes, leur force est détruite/Ainsi la force des kshatriya n'a plus d'effet si elle est dirigée contre les brâhmanes/Tous prennent les armes pour venir en secours aux brâhmanes, et même les brâhmanes peuvent prendre les armes sans encourir de péchés/S'ils meurent en combattant, ils atteignent les plus hauts paradis/On voit ainsi que le bien et le mal dépendent des circonstances/Si les kshatriya ne font plus leur devoir, demande Yudhishthira, est-ce qu'un brâhmane, un vaishya ou un shûdra peut prendre leur place pour rétablir l'ordre ?/Certainement, répond Bhîshma/La personne qui soulage les peines et les peurs des autres mérite le plus grand respect/Si le roi ne remplit plus son rôle, qu'un autre prenne sa place.

12.80. Yudhishthira demande quelle doit être la conduite des prêtres/Ils doivent connaître les textes et les rites, répond Bhîshma, ils doivent être loyaux, sincères, modestes et charitables/Quels honoraires doit-on donner aux prêtres, et les substituts sont-ils acceptables quand on ne peut faire autrement, demande Yudhishthira/Les honoraires aux brâhmanes sont un des membres du sacrifice : sans eux, le sacrifice est inefficace/Mais ce qui compte c'est avant tout la dévotion : l'offre d'une simple mesure de riz, quand on ne peut faire plus, est parfaitement valable/On dit que la pénitence vaut plus que le sacrifice : la pénitence, c'est s'abstenir de faire du mal, parler sans fausseté, être bienveillant et compatissant, et non seulement émacier son corps/Toute fausseté, c'est la mort, toute sincérité c'est brahman

12.81. Comment choisir un ministre, demande Yudhishthira/Tout homme a quatre types d'amis, répond Bhîshma : ceux qui pensent comme vous, ceux qui vous sont dévoués, ceux qui vous sont liés par la naissance et ceux que l'on s'est gagnés/De plus, ceux qui sont intègres et se rangent du côté de la justice/Le roi doit toujours se méfier des quatre premiers types, et les surveiller/On doit choisir un homme intelligent, doué en affaires, sans cruauté, sans colère et indifférent aux honneurs : à celui-là on peut faire toute confiance/Il faut se méfier surtout de ses parents, mais les traiter avec honneur et ne pas leur montrer qu'on se méfie d'eux : ils peuvent être nécessaire en cas d'adversité.

12.82. Yudhishthira demande comment faire pour conquérir le coeur des amis comme des ennemis/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Krishna et Nârada/Krishna se plaint des calomnies de ses parents et de l'attitude d'Âhuka et d'Akrûra qui sont d'avis contraire : il ne sait de quel côté se ranger/Les malheurs, lui explique Nârada, ont deux origines : ses propres actes et les actes d'autrui/Baladeva a pris le parti d'Akrûra, Krishna lui-même a donné son royaume à Babhru et à Ugrasena et ne peut pas le reprendre sous peine de graves désordres : il lui faut donc employer d'autres armes/Générosité, pardon, sincérité, douceur, voilà les armes qu'il doit employer/Qu'il apaise les coeurs par des paroles bienveillantes, et reprenne le fardeau du royaume qu'il est seul à pouvoir porter : il évitera ainsi que ses parents se détruisent mutuellement.

12.83. Voilà donc le premier moyen, conclut Bhîshma/Le second : faire confiance à ceux qui défendent les intérêts du roi de façon désintéressée et les protéger/Bhîshma raconte l'Entretien entre le sage Kâlakavrikshîya et Kshemadarsha, le roi de Kosala/Kâlakavrikshîya, désireux de contrôler la conduite des officiers du royaume, s'entretient avec le peuple, tenant un corbeau dans une cage/Il les amène à parler en leur disant : mon corbeau me dit tout, le présent, le passé et le futur/Il découvre ainsi que tous les officiers du royaume sont coupables de malversations/Il va trouver Kshemadarsha et les dénonce : c'est mon corbeau qui me l'a dit !/Les officiers du royaume tuent le corbeau durant la nuit/ Kâlakavrikshîya demande au roi sa protection : c'est pour ton bien que je suis venu/Il décrit quelle doit être la conduite d'un bon officier royal/Il dénonce au roi la conduite de ses officiers, et lui raconte comment ils ont tué son corbeau : il a encouru leur colère, et il préfère quitter le royaume/Les malversations sont telles que le royaume est dans un état pitoyable et dangereux/Le roi demande à Kâlakavrikshîya de l'aider à reprendre en main son royaume/ Kâlakavrikshîya lui conseille de ne rien dire dans un premier temps, puis de châtier ses officiers l'un après l'autre, de crainte qu'ils ne se liguent/Qu'il évite à l'avenir d'accorder sa confiance à ceux qui n'en sont pas dignes, et qu'il surveille ses officiers : c'est son devoir/Kshemadarsha l'écoute et le prend comme chapelain, nomme un premier ministre de toute confiance, redresse son royaume et conquiert la terre.

12.84. Yudhishthira demande quelles doivent être les qualités des officiers royaux/Bhîshma énumère les qualités que l'on doit trouver chez les juges, le général en chef et les officiers, les ambassadeurs, les ministres, les conseillers, et les défauts à éviter/Les délibérations doivent rester secrètes/Le roi doit consulter ses conseillers, puis demander l'avis de son chapelain : ensuite il appliquera fermement la décision prise/Précautions à prendre pour assurer le secret des délibérations.

12.85. Bhîshma rapporte l'Entretien entre Brihaspati et Indra/Indra demande quel est, parmi tous, le comportement qui assure la célébrité/Brihaspati répond : avoir toujours des paroles aimables.

12.86. Yudhishthira demande par quels moyens un roi peut obtenir une grande renommée/En veillant à la justice, répond Bhîshma/Le roi doit nommer dans son conseil quatre brâhmanes, huit kshatriya, vingt et un vaishya, trois shûdra et un sûta/Qualités que doivent posséder ces conseillers/Le roi doit veiller à ce que la justice soit correctement rendue, sous peine de voir son royaume s'effondrer/C'est dans la justice que se trouvent les fondements du royaume/Tous doivent avoir un égal accès à la justice/Les différents types de châtiment/Un roi qui applique les châtiments selon le code n'encourt pas de péché, mais acquiert des mérites/Un roi ne doit jamais mettre à mort un messager/Qualités que doivent posséder le messager, l'aide de camp, le commandant des gardes, les ministres, le commandant en chef des armées/Mais le roi ne doit avoir entière confiance en personne.

12.87. Yudhishthira demande comment doit être la ville où il habite/ Bhîshma énumère les six sortes de citadelles/Il décrit comment elles doivent être aménagées et ce qu'on doit y trouver/Il montre ensuite quelles doivent être les occupations du roi et ses devoirs/Il doit se choisir un ami parmi ses sujets, un ami parmi les sujets de ses ennemis, un ami parmi les sujets de ses alliés, et un ami parmi ceux qui résident dans la forêt.

12.88. Yudhishthira demande comment consolider le royaume/Bhîshma décrit l'organisation du royaume : un chef par village, un intendant pour dix villages, un superintendant pour deux intendants, un collecteur pour cent villages, un préfet pour mille villages/Un village doit être donné au collecteur pour assurer sa subsistance, une petite ville au préfet/Un administrateur assure la coordination des préfets, un autre le contrôle des villes/Le roi lève des impôts, veillant à ne pas écraser le peuple/Le roi doit visiter les villes de son royaume et expliquer pourquoi il prélève des impôts : les ennemis qui menacent, les voleurs à arrêter, les forteresses à consolider, le maintien de l'armée/Le roi doit permettre aux vaishya de prospérer, ils sont la richesse du royaume.

12.89. Yudhishthira demande ce que doit faire le roi s'il désire plus que la puissance/Le roi doit, avant tout, s'attacher au bien-être de ses sujets, répond Bhîshma/Il doit prélever ses impôts progressivement, au juste moment//Le roi partage les péchés comme les mérites de ses sujets : il doit donc les contrôler/Qu'il n'y ait ni mendiants ni voleurs dans le royaume/Il faut punir les fonctionnaires qui se livrent à des malversations, favoriser le commerce, flatter les riches pour qu'ils protègent le peuple.

12.90. Les fruits et les racines reviennent de droit aux brâhmanes/Aucun brâhmane ne doit manquer du nécessaire/Les kshatriya ont pour premier devoir de protéger les brâhmanes, de façon que les veda soient étudiés/Le roi doit protéger ses sujets, et, pour cela les contrôler par des agents secrets/Il doit aussi se faire rapporter comment il est perçu par le peuple, si ses décisions sont approuvées : et tenir compte de ceux qui le louent ou qui le blâment/Yudhishthira demande comment être supérieur à tous/Le roi doit toujours être attentif à ses sujets et à ses ennemis.

12.91. Bhîshma rapporte l'Entretien de Mândhâtri avec Utathya/Utathya explique à Mândhâtri que le roi est le protecteur du monde : il doit faire régner la justice/Si le roi échoue à réprimer l'injustice, le royaume se désagrège/La justice ne doit jamais s'affaiblir, pour cela le roi doit suivre son devoir de roi, son devoir vient de Brahmâ/Il faut toujours honorer les brâhmanes/C'est parce que l'asura Bali ne le faisait pas que la déesse Shrî s'est réfugiée chez Indra/Un des fils de l'injustice, c'est l'orgueil, qui conduit les rois à la ruine/Il faut s'en garder et éviter les mauvaises fréquentations/Si le roi cède au vice, des maux innombrables frappent le royaume.

12.92. Le roi doit savoir corriger les manquements des autres castes/Le roi est le maintien de toutes les créatures, mais il peut devenir leur destruction/Le pouvoir a été créé pour protéger la faiblesse : il faut prendre garde à ne pas être brûlé par les regards des faibles maltraités, la faiblesse, quand elle n'est pas protégée, est plus forte que tout pouvoir/Si un faible ne trouve personne pour le protéger, le châtiment divin tombe sur le roi/Si le roi châtie les mauvais, et ne permet pas au mal de s'étendre, son royaume est prospère/Rappel des différents devoirs du roi/Utathya engage Mândhâtri à suivre cette route : celui-ci l'écoute, et devient un roi modèle.

12.93. Yudhishthira demande comment doit se comporter un roi juste et Bhîshma rapporte l'Entretien de Vasumanas avec Vâmadeva/ Vasumanas demande quels sont les devoirs du roi, et Vâmadeva lui répond d'agir toujours avec justice, et de suivre les conseils des justes/Un roi ne doit jamais considérer qu'il a assez de vertu, de plaisirs, de puissance, d'intelligence et d'amis.

12.94. La conduite d'un roi qui suit son devoir est un modèle pour le royaume/ Autres règles sur la façon de se comporter, de choisir ses ministres, de s'entourer.

12.95. Le roi dont le royaume prospère, le roi qui suit son devoir n'a rien à se reprocher/Vasumanas suit ces conseils et conquiert la terre.

12.96. Yudhishthira demande comment vaincre ses ennemis/En entrant dans le territoire du roi qu'il veut soumettre, répond Bhîshma, qu'il dise à tous : je suis votre roi et je vous protégerai toujours/Payez-moi tribut ou battez-vous/Si les gens l'acceptent pour roi, il n'y aura pas de combat/Quelles sont les règles du combat, demande Yudhishthira/Bhîshma expose Les règles du combat/Si un kshatriya les enfreint, il encourt un péché/Mieux vaut mourir en combattant loyalement que vaincre déloyalement.

12.97. Il en est de même pour le roi : il ne doit jamais employer des moyens déloyaux/Conduite à tenir concernant les richesses conquises, le peuple d'un royaume conquis.

12.98. Et pourtant, dit Yudhishthira, le roi est amené à tuer en bataille un grand nombre de gens : est-ce que cela lui est pardonné ?/S'il suit scrupuleusement son devoir, répond Bhîshma, le roi n'encoure pas de péché/Rien n'est supérieur à un roi qui se bat vaillamment, sans craindre pour sa vie/Un kshatriya ne doit pas mourir dans son lit, mais au combat.

12.99. Yudhishthira demande quels sont les paradis gagnés par les kshatriya qui trouvent la mort au combat/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Ambarîsha et Indra/Ambarîsha, monté au ciel, y voit son général en chef Sudeva, comblé d'honneurs et mieux traité que lui/Il s'en étonne auprès d'Indra/C'est parce qu'il a souvent offert le sacrifice du combat, répond Indra/Description du sacrifice du combat/Par ce sacrifice, les kshatriya obtiennent le plus hautes récompenses.

12.100. Bhîshma raconte la Bataille entre Pratardana et Janaka/Janaka exhorte ses guerriers à combattre en leur montrant le sort qui les attend dans l'au-delà s'ils combattent courageusement, et il remporte la victoire/ Comment disposer ses troupes/Il ne faut pas poursuivre trop loin l'ennemi en déroute.

12.101. Yudhishthira demande comment un roi doit conduire ses troupes au combat/Le roi, répond Bhîshma, doit agir avec sagesse, et soigneusement préparer son attaque/Le moment de la mise en route des armées doit être choisi judicieusement, et la route à suivre/Si c'est l'ennemi qui envahit le territoire, il faut choisir les points de résistance/Il faut choisir l'emplacement où la bataille aura lieu, et la position des troupes, et le jour propice/Il faut combattre loyalement et épargner ceux qu'on ne doit pas frapper/Il faut récompenser les guerriers qui se signalent au combat/Il faut exhorter ses troupes avant le combat/Disposition des troupes pour la bataille.

12.102. Yudhishthira demande comment il faut choisir ses soldats/ Bhîshma décrit la façon de combattre des différents peuples/Il décrit ensuite les caractéristiques physiques qui permettent de choisir un soldat.

12.103. Yudhishthira demande comment l'on peut savoir si l'armée sera victorieuse/Bhîshma décrit les présages/Mais la conciliation vaut mieux que la victoire par les armes, qui est toujours incertaine/Et, après la victoire, il faut pardonner/Il faut savoir montrer à la fois fermeté et douceur, et gagner la confiance de l'ennemi vaincu.

12.104. Yudhishthira demande quel comportement il faut adopter envers ses ennemis/Bhîshma cite l'Entretien entre Brihaspati et Indra/Indra demande à Brihaspati comment il peut soumettre ses ennemis/Il ne faut jamais, répond Brihaspati, leur chercher querelle/Il faut cacher ses sentiments et leur adresser des paroles conciliantes/Il faut surveiller les ennemis vaincus : ils peuvent se rebeller/Il faut produire la désunion chez l'ennemi et attendre l'occasion favorable pour le frapper/Il faut, quand l'occasion se présente, briser sa force, mais ne pas le persécuter/Il faut, en permanence, connaître ses faiblesses/Les quatre défauts à éviter pour un roi : la faiblesse, une sévérité excessive, la paresse et l'imprudence auxquels s'ajoutent les manoeuvres de l'ennemi/Il ne faut pas hésiter à se prosterner parfois devant un ennemi plus puissant/Il ne faut pas attaquer tous ses ennemis à la fois/Il faut repérer les hommes pervers à leur comportement : ce sont des ennemis potentiels.

12.105. Comment doit se comporter un roi qui a perdu ses moyens, demande Yudhishthira/Bhîshma raconte l'Histoire de Kshemadarsha/ Ce roi, ayant perdu toutes ses richesses, interroge Kâlakavrikshîya : que dois-je faire pour les recouvrer par des moyens justes/Toutes les richesses sont transitoires, répond le sage, il n'y a pas de raison de les regretter/La vie elle-même ne dure qu'un temps/Le destin est tout puissant/Je comprends bien cela, répond Kshemadarsha, mais la conséquence en est que je dois vivre de charité/Contente-toi de ce que tu as, sans regretter ce que tu ne peux avoir, répond Kâlakavrikshîya/N'envie pas ceux qui sont riches/Renonce aux objets du désir, va dans la forêt et nourris-toi de racines en pratiquant des austérités.

12.106. Mais si tu n'es pas prêt à mener une telle vie, poursuit le sage, voilà comment tu peux regagner ta puissance : sers humblement ton ennemi, le roi Janaka/Il te donnera des richesses, tu deviendras son bras droit/ Crée ensuite la désunion chez tes ennemis et détruis-les l'un après l'autre/Fais alliance avec les ennemis de tes ennemis/Induis ton ennemi en tentation, afin qu'il se ruine/Conduis-toi avec une amitié feinte, pousse-le à combattre des ennemis puissants/Amène-le à se retirer dans la forêt, empoisonne ses éléphants et ses chevaux, et ses hommes.

12.107. Kshemadarsha rétorque qu'il ne désire pas une puissance acquise déloyalement/Ta droiture t'honore, répond Kâlakavrikshîya, et il lui promet de créer une alliance éternelle entre lui et Janaka/Il fait venir Janaka et l'engage à prendre Kshemadarsha pour ministre/Janaka fait venir Kshemadarsha à sa cour, le traite comme un ami et lui donne sa fille.

12.108. Yudhishthira demande comment il doit se conduire avec les nobles qui l'entourent/La désunion entre les nobles et le roi, répond Bhîshma, est produite par l'avarice du roi et la colère qui en résulte chez les nobles/Les nobles doivent toujours rester unis entre eux/Le roi doit donc consulter fréquemment les chefs des nobles, les honorer et agir pour le bien de la noblesse entière/Il faut empêcher les querelles internes.

12.109. Yudhishthira demande quel est, parmi les devoirs, le plus important/ Honorer son père, sa mère, son maître, répond Bhîshma, leur obéir en toutes choses, les servir avec humilité, voilà le devoir le plus important, répond Bhîshma/Conduite à tenir envers eux.

12.110. Yudhishthira demande comment se régler en ce qui concerne la vérité et le mensonge/Il n'y a rien de supérieur à la vérité, répond Bhîshma, mais elle ne doit pas aller contre ce qui est juste/Est juste ce qui est pour le bien des créatures/On peut mentir pour le bien d'autrui, ou pour des motifs religieux/Il faut châtier ceux qui placent la richesse au-dessus de tout, ils vivent de ruses.

12.111. Yudhishthira demande comment surmonter les difficultés/En suivant les devoirs de sa caste, répond Bhîshma/En se conduisant bien dans tous les domaines, et en adorant Vishnu, on surmonte toutes les difficultés.

12.112. Comment reconnaître, demande Yudhishthira, la valeur d'une personne, malgré ses comportements/Bhîshma raconte l'Histoire du chacal et du tigre/Le roi Paurika, par suite de ses défauts, s'est réincarné sous forme d'un chacal. Il habite dans un crématoire, mais, pour se racheter, se nourrit des fruits tombés des arbres et adopte une conduite irréprochable/Les autres chacals le lui reprochent, mais il demeure inflexible : si sa naissance est basse, sa conduite restera noble/Un tigre l'entend, et lui propose de le prendre pour ministre/Le chacal le félicite de son choix judicieux, mais il ne veut pas quitter sa position : il est parfaitement heureux, de lui-même et de son sort/Il acceptera pourtant, à condition que le tigre s'engage à l'écouter quoi qu'il dise, à le consulter en secret, à ne pas lui demander conseil concernant ses parents et à ne pas punir ses ministres à cause de lui/Pacte conclu, le chacal devient ministre du tigre/Les ministres corrompus du tigre essayent de le neutraliser, de l'acheter, puis cherchent à le faire accuser de vol en cachant chez lui de la viande destinée au tigre/Le tigre fait une enquête, les ministres dénoncent le chacal et l'accusent de duplicité : ses paroles sont vertueuses, mais son comportement le trahit/Le tigre ordonne la mise à mort du chacal, mais sa mère intervient : il ne faut pas accepter une fausse accusation sans preuves/Et de fait, le chacal est blanchi par un témoin/ Mais il demande la permission de se donner la mort : il a été trahi par le tigre, la confiance entre eux est rompue, il ne peut plus être son ministre/Le chacal se retire dans la forêt, entre en prâya et monte au ciel.

12.113. Yudhishthira demande comment doit agir un roi/Bhîshma raconte l'Histoire du chameau/Un chameau se livre à des austérités sévères, et Brahmâ lui offre un voeu/Le chameau demande que son cou s'allonge, de façon qu'il puisse saisir sa nourriture à cent lieues sans avoir à se déplacer/Ainsi, le chameau devient paresseux/Un jour, lors d'une tempête, il abrite sa tête et une portion de son cou dans une grotte/Survient un chacal affamé qui lui dévore le cou et le tue ainsi/La paresse a été cause de sa perte/Le roi doit éviter la paresse et agir avec intelligence.

12.114. Yudhishthira demande comment se comporter face à un ennemi puissant/Bhîshma rapporte l'Entretien entre l'océan et les rivières/ L'océan s'étonne que les rivières lui amènent des arbres énormes, mais jamais de roseaux/Les arbres refusent de céder, les roseaux plient, répond Gangâ/Le roi doit faire comme les roseaux devant un ennemi puissant, conclut Bhîshma.

12.115. Comment répondre dans les assemblées à un ignorant plein d'arrogance, demande Yudhishthira/Ne pas céder à la colère, répond Bhîshma, et ne pas répondre : comment un imbécile pourrait-il ternir la réputation d'un juste ?

12.116. Yudhishthira demande comment choisir ses serviteurs/Il faut choisir, dans tous les domaines, des serviteurs bien nés, dévoués, sages et capables, répond Bhîshma.

12.117. Bhîshma raconte l'Histoire de l'ascète et de son chien/Un ermite, par ses austérités et sa vie pure, est l'ami des bête sauvages/Un chien s'attache tout spécialement à lui et ne le quitte jamais, se nourrissant de fruits/Un jour, arrive un léopard cruel, qui se prépare à dévorer le chien/L'ermite, pour le sauver, transforme le chien en léopard/Arrive un tigre, qui veut s'attaquer au chien transformé en léopard/L'ermite, pour le sauver, transforme le léopard en tigre/Et le chien, transformé en tigre, cesse de se nourrir de fruit, et terrorise les bêtes de la forêt/Un jour, il est attaqué par un éléphant en furie/Il cherche la protection de l'ascète, qui le transforme en éléphant/Il est plus tard attaqué par un lion, et l'ascète le transforme en lion/Un démon, un sharabha, s'en prend au lion, et l'ascète transforme son chien en sharabha/Le chien, ainsi transformé, assoiffé de sang, terrorise les bêtes de la forêt qui n'osent plus s'approcher/Un jour, il s'en prend à l'ermite lui-même, qui le retransforme incontinent en chien.

12.118. L'ascète chasse ensuite le chien de son ermitage/Un roi ne doit jamais s'entourer de gens de basse naissance, conclut Bhîshma/Les qualités que doit posséder un ministre/Les cent qualités du roi.

12.119. Bhîshma revient sur les qualités des ministres.

12.120. Yudhishthira demande comment il fera pour retenir tous les devoirs du roi/Bhîshma les lui retrace entièrement, en utilisant diverses métaphores.

12.121. Yudhishthira demande qui est le Châtiment/Bhîshma décrit le Châtiment sous sa forme incarnée, ses différentes apparences, ses noms, ses effets/Rapports entre le Châtiment et le droit.

12.122. Bhîshma raconte l'Entretien entre Vasuhoma et Mândhâtri/Mândhâtri vient rendre visite au roi Vasuhoma dans son ermitage/Il l'interroge sur l'origine du Châtiment/Brahmâ, répond Vasuhoma, donne naissance à Kshupa pour officier dans ses sacrifices/Brahmâ ayant assumé forme humaine pour ce sacrifice, le Châtiment disparaît : une grande confusion s'ensuit/Brahmâ demande secours à Vishnu, qui s'incarne sous la forme du Châtiment et établit les souverainetés des différents dieux/Le bâton du châtiment est donné à Kshupa/Kshupa le transmet à Manu, qui le transmet à son tour, et le bâton du châtiment reste éveillé dans les mains de ses différents possesseurs/En définitive, ce sont les kshatriya qui détiennent le bâton du châtiment, et ils doivent en user pour maintenir l'univers.

12.123. Yudhishthira interroge Bhîshma sur les rapports entre les trois buts de la vie : morale, argent et plaisir/L'argent a ses racines dans la morale, et le plaisir est le fruit de l'argent, répond Bhîshma, et les trois procèdent de la volonté/Mais le but final est la délivrance/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Kâmanda et Angârishta/Angârishta demande au sage Kâmanda comment réfréner ceux qui mettent le plaisir au premier plan/La poursuite du seul plaisir, répond Kâmanda, entraîne la perte de l'intelligence, l'inattention et finalement la destruction/Pour éviter cela il faut se consacrer à l'étude des veda et respecter les brâhmanes, chercher la compagnie d'hommes vertueux.

12.124. Yudhishthira demande comment acquérir un comportement vertueux/ Bhîshma rapporte l'Entretien de Duryodhana avec son père/Duryodhana brûle de jalousie devant les accomplissements de Yudhishthira et s'en ouvre à son père/Celui-ci lui répond : si tu veux acquérir une prospérité semblable à celle de Yudhishthira, adopte un comportement vertueux/Et comment acquérir un comportement vertueux, demande Duryodhana/ Dhritarâshtra alors lui raconte l'Histoire de Prahrâda/Ce démon, par sa conduite irréprochable, avait soustrait à Indra la souveraineté sur les trois mondes/Indra demande alors à Brihaspati quelle est la source du bonheur : la connaissance, répond Brihaspati/Y a-t-il autre chose qui soit supérieur à la connaissance ?/Ushanas peut t'en dire plus, répond Brihaspati/Ushanas, interrogé, répond que seul Prahrâda connaît la réponse/Indra, alors, se déguise en brâhmane, et va trouver Prahrâda/Il l'interroge : par quels moyens as-tu obtenu la souveraineté sur les trois mondes ?/Prahrâda répond que c'est par son comportement : il suit les enseignements des brâhmanes, qui sont pour lui comme un miel/ Prahrâda offre un voeu à Indra, et celui-ci demande d'obtenir un comportement semblable au sien/Prahrâda est inquiet - ce brâhmane n'est-il qu'un brâhmane ? -, mais lui accorde ce qu'il demande/Une forme, alors, sort de son corps : c'est, personnifié, le Comportement/Il le quitte pour entrer dans Indra/Une autre forme sort de son corps : le Devoir/Il doit suivre le Comportement/Puis la Vérité qui suit le Devoir, puis les Bonnes Actions qui suivent la Vérité, puis la Puissance qui suit les Bonnes Actions, puis la Prospérité qui suit la Puissance/Ainsi Prahrâda perd la souveraineté sur les trois mondes, et Indra la reprend/Duryodhana doit suivre cet enseignement de Prahrâda, conclut Dhritarâshtra, et avoir un comportement irréprochable, s'il veut acquérir une prospérité semblable à celle de Yudhishthira.

12.125. Yudhishthira interroge Bhîshma à propos de l'espoir : son espoir que Duryodhana change de conduite a été déçu/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Sumitra et Rishabha/Le roi Sumitra blesse une gazelle, mais celle-ci fuit, et il la poursuit fort loin, espérant sans cesse pouvoir l'achever/Elle lui échappe définitivement/Il arrive alors à l'ermitage de Rishabha et raconte comment son espoir de tuer cette gazelle a été déçu : qu'y a-t-il de plus difficile à vaincre que l'espoir ?/Quelles sont les limites de l'espoir ?

12.126. Rishabha raconte l'Histoire de Vîradyumna/Alors qu'il se trouvait dans un ermitage, Rishabha reçoit la visite de l'ascète Tanu, d'une grandeur et d'une maigreur extraordinaires et s'entretient avec lui/Survient le roi Vîradyumna, qui a perdu son fils unique Bhûridyumna, et le cherche depuis longtemps, sans perdre espoir de le retrouver/Son espoir, en fait, le maintient en vie/Qu'y a-t-il de plus difficile à vaincre que l'espoir ?/ Tanu lui répond qu'un brâhmane a été involontairement insulté par son fils/Tanu avait, autrefois, été négligé par le roi : il avait décidé alors de mener une vie d'ascèse et de ne jamais dépendre d'autrui, et de bannir l'espoir de son esprit/Vîradyumna l'interroge encore, et Tanu répond qu'il n'y a rien qui soit aussi ténu que l'espoir, et rien qui soit aussi difficile à obtenir que ce que l'on espère/Rien n'est aussi rare qu'un quémandeur satisfait ou qu'une personne qui jamais ne méprise un quémandeur/Donc, rien n'a aussi peu de consistance que l'espoir/Après ces paroles décourageantes cependant, Tanu fait venir le fils du roi, grâce à ses pouvoirs magiques/Ainsi, Yudhishthira n'a pas de regrets à avoir, conclut Bhîshma : l'espoir qu'il avait était tellement peu consistant !

12.127. Yudhishthira interroge à nouveau Bhîshma sur le devoir/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Gotama et Yama/Le sage Gotama a pratiqué des austérités pendant soixante mille ans dans son ermitage/Un jour, Yama lui rend visite/Gotama lui demande comment on peut se libérer de sa dette envers son père et sa mère/En pratiquant la vérité et l'austérité, répond Yama.

(87) L'adversité : 128-167

12.128. Que doit faire un roi, demande Yudhishthira, quand il n'a plus d'amis, est entouré d'ennemis, que son trésor est épuisé et son armée en déroute, qu'il est entouré de ministres corrompus, attaqué par un ennemi puissant/ Doit-il avoir recours à des moyens déloyaux, ou accepter la mort ?/La morale est subtile, répond Bhîshma/Les devoirs sont différents en période de détresse/Si son trésor est vide, un roi ne peut acquérir de mérites religieux, ni conserver sa vie : il est donc amené à remplir son trésor par des pratiques qui ne sont pas tout à fait conformes à la morale/Pour certains ces pratiques sont pourtant parfaitement admissibles : le devoir d'un kshatriya est de ne pas succomber à ses ennemis/Le roi peut prendre de l'argent à tout le monde, excepté aux brâhmanes/Il doit prendre ce qu'il peut, même par force, à ceux qui sont riches/De même que le roi protège le royaume, le royaume doit protéger le roi quand celui-ci est dans la détresse/Ainsi le roi ne commet pas de péchés en opprimant son peuple pour remplir son trésor : s'il ne le fait pas, un mal pire s'ensuivra/En temps de détresse, ce n'est pas un péché.

12.129. Yudhishthira demande ce que doit faire un roi dont une partie du royaume a été conquise par un ennemi puissant et dont l'armée est en déroute/ Faire la paix avec son ennemi, si celui-ci est loyal, répond Bhîshma, et obtenir la restitution des parties du royaume conquises/Faire la paix avec son ennemi s'il est déloyal, et abandonner les parties conquises/ Abandonner sa capitale, son trésor et même ses femmes, et fuir, si l'ennemi ne veut pas faire la paix/Sa vie sauve, il peut espérer reconquérir son royaume/Un roi ne doit jamais se rendre/Mais s'il n'y a pas d'autres moyens, il doit mourir en combattant.

12.130. Mais si on en arrive là, quand les pratiques justes ne sont plus suivies, demande Yudhishthira, comment peuvent subsister les brâhmanes/Le roi ne doit, en ancun cas, opprimer les brâhmanes/Le roi ne doit jamais tenir compte des médisances/Concernant les brâhmanes, les usages doivent continuer à être suivis.

12.131. Le roi doit remplir son trésor : c'est la racine du royaume/Le roi, pour cela, doit se conduire avec détermination, mais sans cruauté/Il ne doit jamais être humble/Il doit fixer des règles, le peuple en a besoin et les brigands les craignent/Du reste, même les brigands observent certaines règles morales, il ne faut pas les détruire entièrement/Le roi, quelques soient les circonstances, doit suivre au minimum certaines règles.

12.132. Le roi doit toujours acquérir du mérite religieux et de la richesse/La richesse est nécessaire au roi, pour remplir sa fonction/On peut même dire que la richesse est supérieure à la morale : la morale dépend de la richesse.

12.133. Bhîshma rapporte l'Histoire de Kâpavya/Kâpavya est un brigand intelligent, courageux, pieux, attaché aux brâhmanes et à ses parents/Il vit de chasse/Les brigands le choisissent comme chef/Kâpavya leur impose des règles strictes/Les brigands lui obéissent et Kâpavya gagne le salut pour leur avoir imposé des limites.

12.134. Bhîshma précise qu'il ne faut jamais prendre les richesses de ceux qui s'adonnent aux sacrifices/Par contre, une richesse est inutile, si elle ne sert pas à nourrir les dieux : le roi peut la prendre pour la consacrer aux sacrifices/Ainsi, sa puissance augmentera.

12.135. Les deux régles de la réussite : être prévoyant et astucieux/ Bhîshma raconte l'Histoire des trois poissons/L'un d'eux est prévoyant, le second astucieux, le troisième insouciant/Les eaux du lac dans lequel ils se trouvent baissent progressivement, et le poisson prévoyant incite les autres à partir : ni l'un ni l'autre ne l'écoutent, l'un faisant confiance à sa présence d'esprit, l'autre ne désirant rien changer à sa vie/Le poisson prudent les quittte alors/Les eaux continuant à baisser, les pêcheurs n'ont aucune peine à attrapper les poissons ils les enfilent au fur et à mesure sur une ligne/Le poisson astucieux s'accroche à la ligne avec ses dents, pour faire croire qu'il est pris : et quand les pêcheurs trempent la ligne dans une eau profonde pour laver leurs prises, il s'échappe/Le poisson insouciant, lui, trouve la mort.

12.136. Quel comportement doit avoir un roi, demande Yudhishthira, quand il est assailli par de nombreux ennemis/En période de détresse, répond Bhîshma, il faut savoir faire alliance avec ses ennemis/Bhîshma raconte l'Histoire de la souris Palita et du chat Lomasha/Au milieu d'une forêt se trouve un grand banian/Dans son tronc habite une souris pleine de sagesse, Palita, et sur ses branches, un chat, Lomasha/Un chasseur s'installe près du banian, et, chaque soir, place ses filets/Un jour, le chat est pris dans ses filets/La souris se réjouit de ce que son ennemi soit mis hors d'état de nuire, et s'approche du chat pour manger la viande qui avait servi d'appât/Elle voit alors qu'une mangouste au pied de l'arbre et un hibou dans ses branches la guettent, et se trouve dans une situation désespérée/Après avoir analysé la situation, elle propose une alliance au chat : c'est un ennemi puissant, mais il est, lui aussi dans une situation désespérée/Le chat la protégera de la mangouste et du hibou, elle le libérera des mailles du filet/Accord conclu, la souris se réfugie dans le giron du chat, la mangouste et le hibou, voyant qu'ils n'ont plus aucune chance, s'en vont/La souris ronge les mailles du filet sans se presser : le chat reproche à la souris sa lenteur, mais celle-ci rétorque qu'il importe de bien choisir le moment : quand le chasseur arrivera, elle rongera la dernière maille, ainsi le chat n'aura plus d'autre possibilité que de se sauver en hâte, et n'aura pas le temps de la manger/Ainsi est fait : le chasseur arrive, la souris libère le chat, qui se précipite dans les branches, la souris rejoint son trou/Une fois le chasseur parti, le chat vient trouver la souris et proteste de son amitié et de sa bonne foi/Mais la souris se garde bien de sortir de son trou : l'alliance était fondée sur un intérêt commun, celui-ci n'existe plus/Ils étaient ennemis, ils ont été alliés, ils sont de nouveau ennemis/L'amitié du faible avec le fort n'est pas saine : de plus elle voit bien que le chat est affamé/Ainsi, conclut Bhîshma, il faut parfois faire alliance avec un ennemi puissant/Mais il faut rester sur ses gardes/Il faut parfois faire alliance avec un ennemi, parfois faire la guerre à un allié : tout dépend des circonstances.

12.137. Yudhishthira demande comment vivre, si on ne fait confiance à personne/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Pûjanî et Brahmadatta/ Pûjanî, un oiseau femelle, vit librement dans le palais du roi Brahmadatta/Tous les jours elle va chercher au bord de l'océan deux fruits merveilleux, un pour le fils du roi, un pour son propre fils/Un jour, le fils du roi, en voulant jouer avec lui, tue l'oisillon de Pûjanî/Pûjanî, pour se venger, crève les yeux du prince/Brahmadatta s'adresse à Pûjanî : tu as subi une offense, tu as pris ta revanche, l'affaire est close : tu peux continuer à habiter ici/Mais Pujanî ne l'entend pas ainsi : il ne faut jamais faire aveuglément confiance/Les raisons sont suffisantes pour une inimitié durable : elle partira/ Brahmadatta insiste, mais Pûjanî reste ferme : l'amitié n'est plus possible entre eux, ils n'oublieront jamais ce qui s'est passé/Pourtant, insiste Brahmadatta, l'animosité s'éteindra rapidement, leur affection mutuelle sera la plus forte/Peut-être, répond Pûjanî, mais elle ne pourra plus avoir confiance en lui : elle aura toujours peur qu'il veuille prendre sa revanche/C'est le destin, insiste Brahmadatta, qui a été la cause de ce qui s'est passé : il peut en vouloir au destin, pas à celui qui en est l'agent/Après ce qui s'est passé, répond Pûjanî, il ne peut y avoir de réconciliation durable : chaque fois qu'il verra son fils aveugle, le roi verra son inimitié croître/Il ne faut jamais faire confiance à celui qu'on a offensé/Mais vivre ainsi dans la peur, répond Brahmadatta, ce n'est plus vivre/Si l'on veut s'en sortir, répond Pûjanî, il ne faut pas hésiter à prendre les décisions qui s'imposent : le destin doit être aidé par l'action/Pûjanî rappelle à Brahmadatta les devoirs d'un bon roi, et s'en va.

12.138. Que doit faire un roi, demande Yudishtira, quand la fin d'un âge s'approche/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Bharadvâja et le roi Shatruntapa/Shatruntapa interroge Bharadvâja : Comment acquérir des richesses, les augmenter, les protéger et les utiliser ?/Le roi, répond Bharadvâja, doit toujours brandir le bâton du châtiment/ En cas de déboires, il doit prendre conseil, montrer ses prouesses, combattre avec habileté et même se retirer avec sagesse/Il doit feindre l'humilité et rester sur ses gardes/Il ne doit pas hésiter à rendre visite à ses ennemis/Il doit user modérément de la boisson, du jeu, des femmes, de la chasse et de la musique/Il doit soigneusement peser les circonstances, être d'une prudence extrême/Il doit honorer les ennemis de ses ennemis, surveiller ses ennemis/Il ne doit jamais faire entièrement confiance et attendre les occasions favorables/Il doit s'attacher ses sujets par des paroles agréables, des honneurs et des dons/Il doit être ferme quand il le faut, et doux quand il le faut/Shatruntapa suit ces instructions et sa prospérité est grande.

12.139. Yudhishthira demande ce que doit faire un brâhmane lorsque le droit n'est plus honoré, avec toutes les conséquences que cela entraîne, et comment doit se comporter le roi/Bhîshma répond que du roi dépend que cela ne se produise pas/Il rapporte l'Entretien entre Vishvâmitra et un hors-caste/A la fin de l'âge treta, règne un terrible sécheresse, Indra a cessé de pleuvoir, et la détresse envahit la terre/Les hommes, poussés par la famine, abandonnent toute retenue/Vishvâmitra, affamé, arrive un jour dans un village de hors-caste/Le village est dans un état de déjection épouvantable/Vishvâmitra mendie sa nourriture, mais n'obtient rien/Il voit dans une hutte un morceau de viande, une cuisse de chien, et décide de la voler : le vol est admissible en période de détresse/Il attend la nuit et entre dans la hutte : mais le hors-caste ne dort pas et menace de le tuer/ Vishvâmitra, honteux, dit qui il est/Le hors-caste lui rend hommage et lui demande ce qu'il veut : Vishvâmitra avoue qu'il est mort de faim et qu'il avait l'intention de voler la cuisse de chien : la faim le pousse, rien ne compte plus, ni le vol, ni que la nourriture soit impure/Le hors-caste le sermonne : il n'y a rien de plus impur que la viande de chien, la cuisse de plus est la partie la plus impure du corps, le vol d'un hors caste est en outre un péché honteux/Que Vishvâmitra ne se laisse pas aller à un acte aussi éloigné de son devoir/Les brâhmanes sont comme le feu, ils purifient ce qu'ils absorbent, répond Vishvâmitra/Il faut faire tout le nécessaire pour rester en vie : la vie est meilleure que la mort/Ce n'est qu'en restant en vie qu'il pourra continuer ses austérités/Le hors-caste essaye par tous les moyens de le dissuader, mais Vishvâmitra reste imperméable à tous les arguments du hors-caste : il n'a pas d'autres moyens de survie/Il finit par prendre cette cuisse de chien, et, avant de la faire cuire, offre un sacrifice et Indra se remet à pleuvoir/Puis il mange la cuisse de chien, et expie ensuite son péché par ses austérités/Ainsi, conclut Bhîshma, quand on est tombé dans la détresse, tous les moyens sont bons pour préserver sa vie.

12.140. Yudhishthira s'indigne: où est la morale dans tout cela ?/Il ne s'agit pas ici de morale, répond Bhîshma, mais de sagesse et d'expérience/La morale ne doit pas être un tout en soi, il faut l'adapter par une sagesse dérivée de diverses sources/Il faut se préparer à affronter les circonstances défavorables avant qu'elles ne se produisent/Et même si, dans ces circonstances, le roi agit d'une façon qui ne paraît pas conforme à la morale, c'est ainsi qu'il doit agir/Il ne s'agit pas de dire que les veda se trompent : c'est ce que font les gens mauvais pour justifier leur conduite/Le roi doit se reposer sur son intelligence et sa sagesse, nourries par les veda/Le roi ne doit être ni sévère, ni faible/Y a-t-il une règle, demande Yudhishthira, qu'on ne doit violer en aucune circonstance ?/Il faut toujours honorer les brâhmanes, répond Bhîshma.

12.141. Quels mérites a-t-on à accueillir ceux qui demandent asile, demande Yudhishthira/Bhîshma raconte l'Histoire de l'oiseleur et du pigeon/Un cruel oiseleur est surpris par une tempête, l'eau monte, il est dans une grande détresse, ce qui ne l'empêche pas de capturer une pigeonne transie de froid/La tempête cesse cependant, mais la nuit tombe et l'oiseleur se réfugie sous un arbre : il demande asile à l'arbre, aménage une couche et s'endort.

12.142. Dans les branches de l'arbre, habite un pigeon/Sa femme est partie le matin, mais n'est pas revenue, et il est très inquiet : la tempête a été si violente !/Il fait l'éloge de sa femme et se lamente/Mais la pigeonne, capturée par l'oiseleur, l'entend/Elle supplie son mari de respecter les règles de l'hospitalité et de venir en aide à l'oiseleur qui a demandé asile : il a faim et froid/Le pigeon s'émerveille de la vertu de sa femme, et se met au service de l'oiseleur/Celui-ci demande un feu pour se réchauffer, puis de quoi manger/Le pigeon, n'ayant rien d'autre à lui offrir, s'immole dans le feu pour lui servir de repas.

12.143. L'oiseleur est plein de remords : il décide de changer de vie et de se livrer à l'ascèse/Il libère la pigeonne.

12.144. La pigeonne se désespère de la mort de son mari et se lamente/Elle s'immole dans le feu/Un char divin vient les chercher, elle et son mari, et les conduit au ciel.

12.145. L'oiseleur les voit passer dans leur char divin/Il les envie et décide d'obtenir le même sort/Il se livre à des austérités extrêmes/Il périt dans un incendie de forêt : tous ses péchés sont lavés, et il monte au ciel/Ainsi, conclut Bhîshma, accueillir ceux qui demandent asile est vraiment un acte méritoire.

12.146. Yudhishthira demande comment on peut se laver de ses péchés/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Indrota et Janamejaya/Le roi Janamejaya a tué un brâhmane/Accablé par ce péché, il se retire dans la forêt et entreprend des austérités sévères/Il rencontre Indrota, le fils de Shunaka, et se jette à ses pieds/Indrota le rejette : tu es un grand pécheur, ne me touche pas !/Il lui prédit l'enfer.

12.147. Janamejaya reconnaît ses torts, mais il voudrait se libérer de son péché : que doit-il faire ?/Indrota lui conseille de pacifier son coeur, et d'agir de telle sorte que les brâhmanes lui pardonnent/Il lui demande de jurer qu'il ne fera jamais de tort à un brâhmane.

12.148. Les cinq moyens de se purifier, explique Indrota, sont le sacrifice, les dons, la compassion, les veda et la vérité/Egalement les pélerinages aux lieux sacrés/Indrota indique un certain nombre de lieux de pélerinage/Mais, surtout, qu'il continue à régner et fasse voeu de ne jamais faire de tort aux brâhmanes/Indrota indique divers moyens de se libérer de ses péchés/Une vie juste lave du péché/Puis Indrota assiste Janamejaya lors de son sacrifice du cheval, et le roi Janamejaya, purifié de son péché, règne heureusement.

12.149. Est-il déjà arrivé qu'un mort revienne à la vie, demande Yudhishthira/ Bhîshma rapporte l'Histoire du chacal, du vautour et de l'enfant mort/Le fils d'un brâhmane était mort d'une maladie infantile/La famille du brâhmane escorte le corps de l'enfant au bûcher funéraire, mais, écrasée de chagrin, ne se décide pas à l'y déposer/Un vautour les exhorte à partir : personne n'est jamais ressuscité, à quoi bon se lamenter ainsi/La mort est le sort commun/Les parents de l'enfant le déposent à terre et se préparent à partir/Un chacal alors leur adresse la parole : n'ont-ils aucune affection pour cet enfant, qu'ils abandonnent ainsi ?/Il pourrait revenir à la vie/ Même les animaux montrent plus d'amour pour leurs petits/Ne l'écoutez pas, reprend le vautour, pleurez plutôt sur vous-mêmes/Le sort de cet enfant est le résultat de ses actions antérieures/Qu'y peuvent ses parents ?/La mort est inévitable, c'est le sort commun, partez/Non, répond le chacal, restez, l'effort humain doit seconder le destin/Il ne faut jamais perdre espoir/J'ai plus de mille ans, répond le vautour, et je n'ai jamais vu un mort retrouver la vie/Rentrez chez vous, ce cadavre est rigide comme un morceau de bois/Votre affection pour cet enfant n'y peut rien/Ne vous laissez pas convaicre, poursuit le chacal : on connaît des exemples d'enfants morts qui ont retrouvé la vie/Il faudrait pour cela qu'un dieu le fasse revivre, rétorque le vautour/Pas du tout, poursuit le chacal, je sens que cet enfant est vivant, restez/Partez, dit le vautour, et endroit est horrible la nuit/Restez, dit le chacal, vous n'avez rien à craindre tant que le soleil luit/Le soleil est couché, dit le vautour/Il n'en est rien, répond le chacal/Tandis que les parents hésitent, ne sachant que résoudre, arrive Shiva, qui ressuscite l'enfant/Ainsi, conclut Bhîshma, ils ont obtenu ce qu'ils voulaient grâce à leur espoir, leur tenacité et la grâce du dieu.

12.150. Si, par folie, on provoque un ennemi puissant quand on est faible, et que celui-ci marche contre vous, que doit-on faire, demande Yudhishthira/ Bhîshma rapporte l'Histoire de l'arbre et du vent/Il y avait, dans une forêt, un arbre centenaire, gigantesque/Nârada le félicite de sa beauté : sûrement il est l'ami du vent, il est protégé par lui, car rien ne lui résiste/Pas du tout, répond l'arbre, le vent n'est pas mon ami, le vent ne m'est rien/Du reste, je ne le crains pas, je suis huit fois plus fort que lui/Tout le monde, les dieux eux-mêmes, doivent craindre le vent, c'est le plus fort des dieux, répond Nârada/Tu es stupide, tous les arbres le craignent et courbent la tête devant lui !/Je lui rapporterai tes propos méprisants.

12.151. Nârada rapporte au vent les propos de l'arbre/Celui-ci va trouver l'arbre et lui explique que c'est parce que Brahmâ a une fois dormi sous ses branches, qu'il l'a jusqu'ici épargné/Mais il va lui apprendre à le mépriser !/L'arbre rit : Je n'ai pas peur de toi, je suis plus fort que toi/Demain, répond le vent, je te montrerai ma force/Durant la nuit, l'arbre réfléchit : il reconnait qu'il s'est vanté un peu légèrement/Mais il trouve la solution : il se débarasse de toutes ses branches, de toutes ses feuilles et de toutes ses fleurs : ainsi, il ne donnera pas prise au vent/Quand le vent arrive, le lendemain, il éclate de rire : c'est exactement ce que je voulais te faire !/L'arbre a honte et se repent de sa folie/De même, conclut Bhîshma, un fou qui provoque la colère d'un ennemi puissant doit se repentir : les onze armées de Duyodhana ont été défaites par la seule valeur d'Arjuna.

12.152. Quelle est l'origine du péché, demande Yudhishthira/C'est de la cupidité que naît le péché, répond Bhîshma/Les conséquences de la cupidité/Les qualités des vertueux.

12.153. Yudhishthira demande ce qu'est l'ignorance/Ignorance et cupidité, répond Bhîshma, ont la même nature et produisent les mêmes effets/L'ignorance se nourrit de la cupidité.

12.154. Quel est le devoir le plus important, demande Yudhishthira/Le plus important des devoirs, répond Bhîshma, c'est le contrôle de soi-même/ Les effets du contrôle de soi-même/Ce qu'est le contrôle de soi-même.

12.155. L'austérité, ses effets, ses diffférentes formes.

12.156. Yudhishthira demande ce qu'est la vérité/La vérité est un devoir éternel, répond Bhîshma/Les treize formes de la vérité/La vérité pèse plus lourd que cent sacrifices du cheval.

12.157. D'où viennent les treize vices, demande Yudhishthira/Bhîshma montre leur origine et comment les surmonter.

12.158. Yudhishthira demande ce qu'est la malveillance et ses effets/Bhîshma décrit comment agit un homme malveillant.

12.159. Bhîshma montre comment se comporter envers les brâhmanes/Les sacrifices "alternatifs"/Nécessité des honoraires aux brâhmanes : sans eux, le sacrifice produit des effets contraires/Règles de conduite des brâhmanes/Les cinq cas où l'on peut mentir/Les différents péchés, la peine encourue et comment s'en racheter.

12.160. Nakula demande quelle est la meilleure arme pour le combat : l'arc ou l'épée ?/Bhîshma fait le récit de La création du monde, puis de la rébellion des asura/Brahmâ ordonne un grand sacrifice/Du feu du sacrifice naît un être terrifiant qui prend la forme d'une épée splendide/ Brahmâ la donne à Shiva qui défie les asura et les défait/Transmission de cette épée à travers les siècles, de Shiva à Vishnu, puis à Manu et à ses descendants, à Shibi et à ses descendants, à Bharadvâja, Drona, Kripa et finalement aux Pândava/Les huit noms de l'épée/L'arc fut créé par Prithu.

12.161 Bhîshma se tait, et Yudhishthira rentre en ville avec les autres/Il les interroge : Entre devoir, argent et plaisir, quel est le plus important ?/Le devoir, répond Vidura, l'argent, répond Arjuna, les deux, répondent les jumeaux/Le plaisir, affirme Bhîma/La délivrance, résume Yudhishthira, est encore supérieure/Les autres approuvent.

12.162 Yudhishthira revient auprès de Bhîshma et l'interroge à nouveau : Comment choisir un ami ?/Bhîshma décrit les défauts de ceux qu'il faut éviter, puis les qualités de ceux qu'il faut rechercher/Yudhishthira demande à Bhîshma de lui parler de l'ingratitude/Bhîshma raconte l'Histoire du brâhmane Gautama/Un brâhmane, Gautama, arrive à un village de chasseurs et demande l'aumône à un d'entre eux/Celui-ci lui donne une maison, une femme et le nécessaire pour vivre/Gautama, vivant avec les chasseurs, apprend à se servir d'un arc, et part à la chasse avec les autres/Il devient semblable à eux/Un brâhmane, ancien ami de Gautama, arrive un jour à ce village/Comme il est de moeurs pures, il cherche un brâhmane qui lui donne à manger et tombe sur Gautama qui revient de la chasse, portant sur ses épaules des animaux morts, et souillé de sang/Il lui reproche sa conduite/Gautama se repent, et décide d'abandonner le village des chasseurs pour revenir à une vie pure.

12.163. Le lendemain, Gautama part vers la mer et rencontre une caravane de marchands/La caravane est attaquée par des éléphants sauvages, et détruite/Gautama fuit vers le nord et se trouve seul/Il arrive dans une forêt magnifique, trouve une endroit particulièrement idéal au pied d'un banian et s'y endort/Arrive l'habitant des lieux, l'oiseau céleste Râjadharman, fils de Kashyapa et d'une fille de Daksha, qui salue le brâhmane et lui offre l'hospitalité.

12.164. Râjadharman entoure Gautama d'attentions, le nourrit de poissons, lui prépare une couche et l'évente de ses ailes/Gautama lui explique qu'il est très pauvre, et désire gagner le bord de la mer pour s'y enrichir/Râjadharman lui promet son aide et, le lendemain, lui indique la route à suivre : qu'il aille, de sa part, trouver Virupâksha, un roi râkshasa très riche/Gautama arrive à la ville de Virupâksha, et est reçu par lui.

12.165. Virupâksha interroge Gautama et apprend la vie peu recommandable qu'il a menée/Mais c'est un brâhmane, et il est envoyé par Râjadharman/Il le reçoit donc avec honneur, le fait participer à une réception où cent brâhmanes éminents ont été invités et le couvre de cadeaux/Gautama, portant difficilement l'or qu'il a récolté, retourne au banian où Râjadharman lui offre de nouveau une hospitalité parfaite/Gautama, cependant, se demande où il trouvera la nourriture nécessaire à son voyage.

12.166. Râjadharman dort à côté de lui : il le tue et le fait rôtir pour avoir des provisions de bouche, puis il reprend la route/Virupâksha s'inquiète de ne plus recevoir, comme chaque matin, la visite de Râjadharman et soupçonne Gautama/Il envoie son fils, qui trouve les restes de l'oiseau céleste sous le banian, poursuit Gautama, le capture et le ramène/Les râkshasa se lamentent de la mort de Râjadharman/Virupâksha demande à ses sujets de dévorer Gautama, mais ils refusent : sa chair est trop impure/Gautama est haché en morceaux, et sa viande est offerte aux chasseurs : mais ceux-ci, à leur tour, refusent de la manger/Même les cannibales ne mangent pas la chair d'une personne ingrate, ni les vers qui se nourrissent de cadavres !

12.167. Virupâksha accomplit les rites funéraires pour Râjadharman/La vache céleste Surabhi apparaît au dessus du bucher funéraire, l'inonde de son lait et Râjadharman est ressuscité/Indra arrive sur les lieux et raconte la malédiction qui frappait Râjadharman : Brahmâ, pour le punir de ne s'être pas présenté à lui alors qu'il l'attendait, l'avait condamné à ne pas mourir/C'est pourquoi il a été ressuscité/Râjadharman demande à Indra de ressusciter son ami Gautama, ce qui est fait/Gautama retourne dans le village des chasseurs, a de nombreux fils, aussi vils que lui, et est maudit par les dieux qui le condamnent à un enfer terrible/Voilà la punition réservée aux ingrats.

(88) La délivrance : 168-353

12.168. Yudhishthira demande comment surmonter sa peine, quand on perd sa femme ou son fils/Bhîshma rapporte l'Entretien entre le roi Senajit et un brâhmane/Senajit se désespère de la mort de son fils/Le brâhmane lui dit qu'il devrait plutôt se lamenter sur lui-même : bientôt il mourra, et ceux qui le pleureront mourront à leur tour/Senajit lui demande comment il peut être ainsi détaché/Je ne me considère pas comme m'appartenant moi-même, lui répond le brâhmane, et je considère que le monde entier m'appartient/Tout ce que je vois m'appartient comme il appartient aux autres/Ainsi je n'éprouve ni joie ni peine/Les unions des hommes en ce monde sont transitoires/Ton fils est venu, il est parti, tu ne le connaissais pas, il ne te connaissait pas/La joie vient après la peine, la peine après la joie/C'est le corps qui les abrite, ils viennent des actes antérieurs/ L'attachement entraîne la destruction/Le détachement entraîne le bonheur/La peine ne peut atteindre celui qui pratique le détachement/ Son âme est sereine/Le brâhmane cite les paroles de Pingalâ : "J'ai acquis la maîtrise complète de mes sens, libérée des désirs et des espoirs, je dors tranquille".

12.169. Yudhishthira demande comment orienter sa recherche/Bhîshma rapporte l'Entretien de Medhavin avec son père/Que faut-il faire, demande Medhavin, devant la brièveté de la vie ?/Etudier le veda, avoir des enfants, offrir des sacrifices, puis se retirer dans la forêt et se livrer à la contemplation, répond le père/Comment faire cela, alors que le monde est assailli d'événements aux conséquences fatales, rétorque Medhavin/ La mort, la vieillesse, les maladies, les peines qui résultent de l'attachement, assaillent le monde/Seule la vérité peut résister à la mort/Il faut donc que je mène une vie de renoncement et de vérité et atteigne à la délivrance/A quoi bon la richesse, les parents, une femme, un fils, quand on doit mourir ?/Il faut chercher son moi caché.

12.170. Yudhishthira demande comment on se procure le bonheur/Bhîshma rapporte Le discours de Sampaka/Le renoncement procure un bonheur réel/Les effets de la pauvreté et les effets du pouvoir/Le renoncement est la meilleure des choses.

12.171. Yudhishthira demande comment obtenir le bonheur quand on a besoin de richesse pour accomplir des bonnes actions/L'équinanimité, le refus de l'effort, la vérité du discours, le renoncement et le détachement devant l'action, voilà, répond Bhîshma, les cinq moyens de la délivrance, et il rapporte Les paroles de Manki/ Manki essaye en vain de s'enrichir/Avec le reste de son argent, il achète une paire de boeufs, mais ceux-ci sont emportés par un chameau/L'effort est inutile si le destin n'est pas favorable, dit alors Manki/Il vaut mieux renoncer à tout attachement/Si l'on ne désire plus la richesse, on peut dormir tranquille/Celui qui renonce à tous les désirs est supérieur à celui qui voit tous ses désirs accomplis : en effet il n'y a pas de fin aux désirs/O mon âme, libère-toi du désir/Désir, je te chasse !/J'adopte le chemin de la bonté : détachement, libération des désirs, sérénité, vérité, discipline, pardon et compassion/Ainsi Manki atteignit l'immortalité/Bhîshma cite les paroles de Janaka : &laqno; Ma richesse est illimitée, je ne possède rien ! » et l'Entretien entre le roi Yayâti et Vodhya/Yayâti demande à Vodhya quel est le moyen d'obtenir la sérénité/Vodhya répond qu'il suit les enseignements du sage Pingala qui avait réduit l'espoir à l'absence d'espoir, de l'orfraie, qui s'abstenait de nourriture de peur que les autres ne la lui arrachent, du serpent qui ne bâtit pas de maison mais habite celle des autres, de l'abeille sauvage qui mendie et ne craint personne, de l'artisan, tellement occupé à ce qu'il fait qu'il ne remarque même pas le roi qui passe devant lui et de l'anneau de cheville qui se porte seul.

12.172. Yudhishthira demande comment agir pour obtenir les meilleurs résultats dans ce monde et dans l'autre/Bhîshma rapporte l'Entretien entre l'asura Prahlâda et le sage Âjagara/Le roi complimente le sage sur son détachement et lui demande comment il en est arrivé à ce stade/L'origine, la croissance, le déclin et la mort de toute chose, répond Âjagara, n'ont pas de causes, les actes des créatures dépendent de leur nature, les unions sont éphémères, la mort est inévitable, la destruction certaine : Il faut prendre les choses comme elles viennent, bonnes et mauvaises, et il en a fait sa règle de conduite/Avantages de cette manière de vivre et inconvénients de la manière contraire.

12.173. Yudhishthira demande sur quoi on doit s'appuyer : parents, action, richesse ou sagesse ?/La sagesse, répond Bhîshma, et il cite l'Entretien entre Indra et un descendant de Kashyapa/Un riche vaisha renverse de son char, sans le vouloir, un descendant de Kashyapa/Celui-ci se met en colère et pense mettre fin à ses jours/Indra lui apparaît sous la forme d'un chacal et le sermonne/Comment peut-il se désespérer, alors qu'il est homme, brâhmane, instruit : il y a là de quoi se réjouir !/Qu'il pense aux créatures dépourvues de langage et de mains !/Moi, le chacal, je ne songe pas à mettre fin à ses jours : c'est un péché qui me vaudrait une renaissance pire encore/Il est vrai que l'homme est soumis au désir qu'il ne peut jamais satisfaire : mais il éprouve aussi la joie/Parmi les hommes, certains sont bien plus misérables que lui, et ils ne songent pas à mettre fin à leurs jours/Qu'il mène donc une vie pieuse, sans se comparer aux autres !/Si je suis né sous la forme d'un chacal, c'est à cause de ma vie antérieure/Mais si je peux retrouver, après ma vie de chacal, une naissance humaine, je serai comblé, et je saurai les fautes à éviter/Indra se fait alors reconnaître, et le descendant de Kashyapa l'adore.

12.174. Yudhishthira demande si les dons, les sacrifices, les austérités et le service du maître donnent la sagesse et une vie future heureuse/Agir ainsi, répond Bhîshma, procure des naissances heureuses/Les actes commis durant une existence antérieure portent leur fruits dans la nouvelle vie qu'on obtient/Il faut donc se comporter en vue de son bonheur futur : c'est la sagesse et la promesse d'une vie future heureuse.

12.175. Comment l'univers a-t-il été créé et comment sera-t-il détruit, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Bhrigu et Bharadvâja/ Comment l'univers a-t-il été créé et comment sera-t-il détruit, demande Bharadvâja/Il y a un Être Primordial (mânasa), répond Bhrigu, sans fin ni commencement, appelé l'Esprit/Il crée d'abord un Être Divin, le Principe Spirituel (mahant) qui crée l'Espace/De l'Espace nait l'Eau, de l'Eau le Feu et le Vent/Du Feu et du Vent, la Terre/Ensuite l'Être Primordial crée un lotus, d'où naît Brahmâ/Tout ce qui est créé forme le corps de Brahmâ, et Brahmâ est le Créateur de tout ce qui est créé/L'univers est infini/Le lotus, c'est la terre, sa tige c'est le Mont Meru, et Brahmâ y réside.

12.176. Comment Brahmâ a-t-il créé le monde, demande Bharadvâja/Par la force de sa volonté, répond Bhrigu/Au début, il n'y avait que l'Espace immobile/Puis l'eau naquit, et de la pression de l'eau, le vent/La friction du vent sur l'eau fit naître le feu qui dissipa l'obscurité/Le feu, combiné avec le vent, se solidifia et créa la terre.

12.177. Pourquoi Brahmâ a-t-il commencé par les cinq éléments, demande Bharadvâja/Parce que touts les créatures sont faites de ces cinq éléments/Comment se fait-il alors qu'on ne voie pas les cinq éléments dans les créatures ? /Les arbres n'ont pas de perception, on ne voit en eux ni l'espace, ni la chaleur, ni le vent, ni l'eau, ni la terre/Bhrigu montre comment les arbres possèdent les cinq éléments et sont vivants/Il en va de même pour les animaux/Les neuf odeurs, les six goûts, les seize formes, les dix touchers, les sept sons.

12.178. Comment agissent la chaleur et le vent dans le corps humain, demande Bharadvâja/Bhrigu expose le fonctionnement des cinq souffles, et la circulation de la chaleur dans le corps.

12.179. Que devient la vie quand les cinq éléments qui composent le corps se dispersent à la mort, demande Bharadvâja/Qui renaît ?

12.180. Il n'y a pas destruction de la créature vivante après la mort, répond Bhrigu/Seul le corps est détruit/En quittant le corps, la créature continue à vivre dans l'espace et ne peut être vue à cause de son extrême ténuité/Quelle est donc la nature de cette vie, demande Bharadvâja/C'est l'âme individuelle qui soutient le corps, répond Bhrigu/Cette âme individuelle est l'âme suprême, qui réside dans le corps comme une goutte d'eau sur un lotus/Cette âme ne meurt pas à la mort du corps, mais se réincarne dans un autre corps.

12.181. Bharadvâja demande comment la division en castes est possible/ Brahmâ a créé tous les hommes brâhmanes, répond Bhrigu/Mais certains, en conséquence de leurs actes, se sont laissé dominer par rajas, et sont devenus kshatriya/D'autres, dominés à la fois par sattva et rajas, sont devenus vaishya/D'autres enfin, dominés par tamas, sont devenus shûdra.

12.182. Par quels actes devient-on brâhmane, kshatriya, vaishya ou shûdra, demande Bharadvâja/Bhrigu décrit le comportement caractéristique des quatre castes/La conduite à tenir pour s'absorber en brahman.

12.183. Le mensonge est une forme de tamas, continue Bhrigu, il conduit à l'enfer/Le bonheur est désirable, c'est un attribut de l'âme, il a la vertu pour racine/Et pourtant, rétorque Bharadvaja, les rishi ne semblent pas chercher le bonheur : ils semblent engagés dans une voie qui promet une meilleure récompense/Bhrigu précise : du mensonge naît tamas/ceux qui sont dominés par tamas ne sont jamais heureux et sont affligés de nombreux maux/Ce n'est pas le cas au ciel, où règne le bonheur.

12.184. Bharadvaja interroge Bhrigu sur le don, sur le devoir/Il l'interroge ensuite sur les quatre périodes de la vie/Bhrigu explique ce qu'est la période des études brâhmaniques, puis la période de la vie domestique avec les devoirs propres à chacune d'entre elles.

12.185. Il parle ensuite de la période de la vie érémitique, puis de celle du détachement qui mène à brahman/Bhrigu ensuite décrit le monde de l'au delà, la "région du nord", où seuls vont les justes/Bharadvaja se déclare satisfait de cet enseignement.

12.186. Yudhishthira demande à Bhîshma comment il faut se conduire/Bhîshma décrit la conduite que doit suivre l'homme sage.

12.187. Yudhishthira demande ce qu'est la connaissance de l'âme/Bhîshma montre comment la création est constituée des cinq éléments, et comment ils donnent les cinq sens dans le corps humain/L'esprit est le sixième sens, il introduit le doute, l'intelligence le septième, elle introduit la décision/L'âme est le témoin/L'intelligence s'appuie sur les sens et sur les trois tendances/Effet des trois tendances sur l'homme/Liens entre l'intelligence et l'âme/Quand l'âme, grâce à l'intelligence, restreint ce qui vient des sens, elle devient manifeste/Ainsi ceux qui savent que leur âme est indépendante du monde et qu'elle est l'Unique, sont libérés.

12.188. Bhîshma expose la technique de la méditation/Vivant à l'écart, immobile comme un morceau de bois, repoussant les perceptions, abandonnant tout, sans désirs, il faut se laisser ravir par la méditation/Il faut fixer son esprit sur le chemin de la méditation/L'esprit a tendance à errer, mais il faut le fixer dans la méditation, et contrôler tous ses sens/C'est ainsi que l'on atteint le nirvana.

12.189. Yudhishthira demande quels sont les mérites de la récitation silencieuse/Bhîshma explique qu'il faut d'abord maîtriser ses sens, renoncer, méditer/La récitation silencieuse de la gâyatrî amènera alors automatiquement à la contemplation de brahman, et elle cessera d'être nécessaire/Quand on est absorbé dans la contemplation, la méditation elle-même n'a plus d'objet : on est délivré.

12.190. Y a-t-il d'autres fins possibles pour ceux qui pratiquent la récitation silencieuse, demande Yudhishthira/Oui, répond Bhîshma, ils vont dans les différents enfers, s'ils ne suivent pas les règles de discipline, s'ils n'ont pas la foi, s'ils sont orgueilleux, s'ils cherchent des avantages personnels, s'ils n'ont pas de ferme conviction.

12.191. Quels sont ces enfers, demande Yudhishthira/Tout est enfer, répond Bhîshma, même les paradis des dieux, comparé au monde de brahman/Là, il n'y a plus de changement, rien de désagréable ni d'agréable, on est au delà de l'atteinte des trois tendances, libéré des sens/Il n'y a plus de distinction entre celui qui sait, ce qui est su et l'acte de savoir, le temps ne commande plus/Il n'y a plus ni joie ni peine/On dit que c'est la région suprême.

12.192. Bhîshma racoonte l'Entretien d'un brâhmane avec Ikshvâku, Yama, le Temps et la Mort/Un brâhmane, fils de Pippala, fort savant, pratiquait de terribles austérités depuis mille années au pied de l'Himavant pour atteindre brahman, et récitait sans cesse la gâyatrî/La déesse Sâvitrî lui apparaît et le félicite/Qu'il continue à réciter la gâyatrî sans faiblir, et il obtiendra le monde de brahman/Après mille années encore, Dharma lui apparaît et lui offre les paradis divins/Le brâhmane ne veut pas d'un paradis, s'il doit abandonner son corps/Il désire seulement continuer à réciter la gâyatrî/Yama, le Temps et la Mort lui rendent alors visite/Le brâhmane les accueille/Ikshvâku arrive aussi, et lui offre des richesses/Le brâhmane refuse et lui propose à son tour un don/Le roi demande au brâhmane de lui donner les mérites qu'il a acquis par la récitation, puis, lorsque le brâhmane les lui donne sans hésitation, les refuse/Mais le brâhmane a donné, il ne peut reprendre/Que le roi soit également fidèle à sa parole : il a demandé, qu'il accepte/La fidélité à la parole, la vérité, est la plus haute réalité, elle supporte le monde/Mais le roi insiste : il est un kshatriya, il ne peut accepter un présent/Ou alors, que le brâhmane accepte en retour la moitié de ses mérites/Le brâhmane n'a rien demandé et ne veut rien accepter/A ce moment arrivent deux individus qui se disputent, Virûpa et Vikrita/Vikrita avait donné une vache à un brâhmane, puis donné le mérite ainsi acquis à Virûpa/Ce dernier avait à son tour donné deux vaches à un brâhmane, et insistait pour rendre à Vikrita les mérites que celui-ci lui avait donné/Ils s'en remettent au jugement d'Ikshvâku/Vikrita plaide : il n'y a pas de dette à éteindre, ce qui est donné est donné, Virûpa ne lui doit rien/Pour Virûpa, il y a injustice à refuser ce qui est offert/Ikshvaku donne raison à Virûpa/Le brâhmane montre à Ikshvâku que, selon le même principe, il doit aussi accepter les mérites qu'il lui a offerts/Mais Ikshvâku répond qu'il a aussi demandé au brâhmane d'accepter la moitié de ses propres mérites, et que cette offre aussi doit être acceptée/A ce moment, interviennent le Temps, Yama, la Mort : Virûpa et Vikrita n'étaient qu'une fiction pour tester Ikshvâku/Il a montré qu'il savait rester fidèle à son devoir de kshatriya : donner et ne pas accepter/Le ciel lui est acquis/Ainsi, conclut Bhîshma, ceux qui pratiquent la récitation silencieuse obtiennent tous les paradis : mais si, en plus, ils pratiquent le détachement, ils sont libérés et atteignent brahman.

12.193. Yudhishthira demande ce que le brâhmane et Ikshvâku ont dit après la plaidoirie de Virûpa/Le brâhmane, répond Bhîshma, a dit à Ikshvâku : avec mes mérites, tu obtiendras le ciel : laisse-moi maintenant poursuivre mes récitations/Si tu n'as plus les mérites acquis par ta récitation, puisque tu me les as donnés, et si tu désire continuer, répond Ikshvâku, faisons-le ensemble, et partageons les mérites/Et le brâhmane accepte/Les deux alors pratiquent la récitation ensemble, concentrant leur esprit et rentrant en eux-mêmes, parfaitement immobiles et absorbés/Brahmâ les reçoit en disant : ceux qui pratiquent la récitation atteignent à la même fin que les yogin, à la différence que Brahmâ lui-même leur souhaite la bienvenue/Et le brâhmane et Ikshvâku entrent dans la bouche de Brahmâ/Voilà la récompense et la fin de ceux qui pratiquent la récitation.

12.194. Yudhishthira demande quels sont les fruits du Yoga de la connaissance/ Bhîshma rapporte l'Entretien de Manu avec Brihaspati/ Brihaspati demande à son maître Manu quels sont les fruits de la connaissance/Normalement, répond Manu on recherche le plaisir et on évite la peine/Mais la recherche de la connaissance vient d'un désir d'éviter à la fois le plaisir et la peine/Pour cela, il faut se libérer du désir et renoncer aux actes/Renoncer aux actes, c'est ne pas s'attacher à leurs fruits/Les actes possèdent les trois tendances (sattva, rajas, tamas) et conduisent à la réincarnation/Ils sont produits par le corps, et on en jouit par son corps/Le corps est l'infrastructure du plaisir comme de la peine/Les fruits des actes, bons ou mauvais, commis dans une existence antérieure, conditionnent l'existence actuelle/Mais, il y a une réalité supérieure, brahman, le non-manifesté, ni masculin, ni féminin, ni meutre, ni existant, ni non-existant.

12.195. Manu décrit brahman/brahman est au dessus des sens : il faut donc, pour le connaître, maîtriser ses sens, rentrer en soi-même/L'âme est la cause de l'acte, de celui qui le fait, de ce dont il est fait, du lieu et du moment où il est fait, des attentes qu'il entraîne/brahman est la cause suprême/Les fruits des actes ont leur siège dans le corps, la connaissance également/ Dans le corps, les sens sont subordonnés à la connaissance/ L'âme n'est pas sujette à la destruction : au cours des réincarnations, elle passe d'un corps à l'autre, teintée par les actes accomplis au cours des existences/En se réincarnant, le corps retrouve les conséquences, bonnes et mauvaises, des actes commis au cours de la vie antérieure/L'âme n'est pas perceptible, mais elle peut être objet de compréhension.

12.196. L'âme habite dans le corps, elle est distincte des sens, ils ne peuvent l'appréhender/Mais on peut la comprendre à la lumière de la connaissance/On ne peut voir l'âme quand elle quitte un corps pour entrer dans un autre, mais elle est accompagnée des fruits des actes antérieurs.

12.197. Pour voir l'âme par la connaissance, continue Manu, il faut d'abord que les péchés soient détruits/Il faut, ensuite, maîtriser ses sens, et pour cela détacher son esprit des objets perceptibles/Et, naturellement, il faut être entièrement libre de désir/Alors l'esprit atteint à la compréhension, et l'on atteint brahman/Les objets perceptibles peuvent être rappelés dans l'esprit, l'esprit dans la compréhension, la compréhension dans l'âme, l'âme dans l'Absolu (brahman).

12.198. Le remède à la peine est de ne pas s'en préoccuper, continue Manu/Mais, en fait, il faut éviter à la fois la peine et le bonheur/Les possessions terrestres sont acquises et conservées avec peine : leur perte n'est donc pas un malheur/L'esprit est un attribut de la connaissance/Quand il s'unit aux facultés de connaissance, la compréhension se forme/Et la compréhension, quand elle est dirigée vers l'esprit, connaît brahman par la méditation ou le Yoga/La compréhension, rappelée dans l'esprit, quand elle aboutit à une contemplation libérée des objets des sens, méne à la connaissance de brahman/Dans le sommeil profond, les cinq sens continuent d'exister, mais sont libérés de leurs fonctions, de même brahman existe au dessus de la nature manifestée, sans attributs/Ainsi, c'est en s'abstenant des attributs qu'on atteint la délivrance.

12.199. De la connaissance naît le désir, poursuit Manu, du désir la résolution, de la résolution l'action, de l'action ses fruits/La destruction de la connaissance amène à la vision de brahman/Vishnu est supérieur au temps, il est le brahman suprême/Le renoncement aux actes conduit à la délivrance/brahman ne peut pas être connu par les Veda ni par l'étude, car il transcende tout ce que l'on peut comprendre/Il ne faut désirer rien d'autre que brahman, on ne le connaît que par inférence, par l'intelligence subtile/La compréhension purifie l'esprit, l'esprit contrôle les sens : ainsi on peut atteindre brahman.

12.200. Yudhishthira interroge Bhîshma sur Vishnu/Bhîshma donne le Récit de la création/Vishnu est appelé Purusha, il pénètre tout, s'étant fait multiple/Il créa les cinq éléments, puis se reposa, étendu sur l'eau/Il créa alors le sentiment du moi, la première de toutes les créatures/Après cela, un lotus sortit de son nombril/De ce lotus, sortit Brahmâ, puis l'asura Madhu, qui s'attaqua à Brahmâ/Vishnu le tua/Brahmâ créa les sept rishi : Marîci, Atri, Angiras, Pulatsya, Pulaha, Kratu, et, de son orteil, Daksha, le père de toutes les créatures/Marîci créa Kashyapa/Daksha eut d'abord 13 filles, dont Diti, que Kashyapa épousa/Kashyapa eut avec les différentes filles de Daksha toutes les créatures, les hommes, les gandharva, les oiseaux, les serpents, le bétail, les poissons, les arbres et les plantes, les Âditya d'Aditi, parmi lesquels Vishnu prit naissance sous la forme d'un nain, les asura de Diti et Danu/Daksha eut ensuite 10 filles qu'épousa Dharma et dont naquirent les Vasu, les Rudra, les Sâdhya et les Marut/Daksha eut ensuite 27 filles qu'il donna à Soma/Vishnu créa le jour et la nuit, les saisons, les nuages, la terre avec tout ce qu'elle comporte/De sa bouche, il créa cent brâhmanes, de ses bras cent kshatriya, de sa cuisse cent vaishya et de ses pieds cent shûdra/Puis Vishnu établit Brahmâ seigneur et maître des créatures et dispensateur du Veda, Yama maître des mânes, Kubera maître des richesses, Varuna maître des eaux, Indra maître des dieux/Au tout début, à l'âge d'or, on ne connaissait pas la mort, le sexe n'était pas nécessaire, on pouvait engendrer par la simple force de la volonté/A l'âge suivant, treta, les enfants étaient engendrés par un simple contact/Il fallut attendre l'âge treta pour que le rapprochement sexuel devienne nécessaire/A l'âge krita, les hommes doivent se marier et vivre en couple.

12.201. Yudhishthira veut en savoir plus sur les rishi/Bhîshma décrit en détail la descendance des sept rishi.

12.202. Yudhishthira interroge Bhîshma sur Vishnu/Bhîshma rapporte ce que lui en a dit Kashyapa/Les dieux étaient pressés par les asura/Ils se réfugient auprès de Brahmâ/Brahmâ envoie Vishnu, sous la forme d'un sanglier/Les asura l'attaquent, le saisissent, mais n'arrivent pas à le déplacer/Le sanglier pousse des cris terribles, l'univers tremble, les asura tombent pétrifiés, le sanglier les déchire de ses sabots/Les dieux demandent à Brahmâ quel est ce bruit/Brahmâ prononce l'éloge de Vishnu.

12.203. Yudhishthira interroge Bhîshma sur le Yoga/Bhîshma rapporte l'Entretien sur la délivrance d'un maître avec son disciple/Pour répondre aux questions de son disciple, le maître fait l'éloge de Krishna/Il est la roue du temps, sans début ni fin/Au début d'un yuga, il crée la matière primordiale dont naissent toutes les créatures/En même temps que les créatures, la connaissance des règles qui les gouvernent/Les rishi redécouvrent les Veda et leurs divisions, et les transmettent/Mais, ni les dieux, ni les rishi, ne peuvent appréhender brahman/Seul Vihsnu le peut/Et c'est de lui que la science de la délivrance provient/De la matière primordiale non manifestée naît le sentiment du moi/Du sentiment du moi, les cinq éléments primordiaux/de ceux-ci, les cinq organes des sens, les cinq organes d'action et l'esprit, puis les cinq objets des sens (éléments subtils)/L'existence vient donc du non manifesté, qui réside dans ce qui est l'âme de tous les êtres existants/Cette âme est le principe de connaissance/Le corps lui fournit le moyen d'acquérir la connaissance/De même que le feu réside dans un morceau de bois, mais ne peut être vu, de même l'âme réside dans le corps, mais ne peut être vue/C'est le Yoga qui la révèle/L'âme ne peut exister sans corps/A la mort, elle passe dans un autre corps avec tout le poids des actes antérieurs/C'est même le poids de ces actes qui conditionne la renaissance.

12.204. L'âme individuelle est éternelle et indestructible, continue le maître/ Elle est sans attributs/Si elle perçoit les objets des sens, c'est par suite de ses actions passées/Et, ainsi, elle est engagée dans le cycle des réincarnations, où elle est chargée du fruit de ses actes nouveaux/A la mort, l'âme individuelle, selon les fruits de ses actes passés, trouve un autre corps/ Mais il faut bien voir que l'âme elle-même n'est pas modifiée par ces fruits, et, si tout ce qui contribue à sa misère est consumé par le feu de la connaissance, elle échappe à l'obligation de renaître.

12.205. Le maître montre la voie du non-agir/Il faut que ses propres actes créent un chemin vers la libération, et pour cela, il faut pratiquer un détachement total/La nourriture ne doit être considérée que comme un moyen de rester en vie, toutes les nourritures se valent pour cela/Il faut ensuite maîtriser ses sens/C'est le sentiment du moi qui induit à agir/Les trois tendances et leurs effets/Il faut examiner l'effet de ces trois tendances en soi-même/Le disciple demande quels effets sont à éviter/Ceux du tamas (actes accomplis par cupidité et colère) et du rajas (actes injustes, actes accomplis par désir, et avec des buts matériels) sont à éviter, seuls les effets du sattva (actes purs, teintés de bonté) sont à rechercher.

12.206. Quand on a détruit en soi les effets du tamas et du rajas, et que l'on a atteint la pureté du sattva, on arrive à la connaissance de l'Être Suprème (Vishnu)/Sinon, on s'écarte de la connaissance, on cède au désir, on devient orgueilleux et egoïste, on commet toutes sortes d'actes d'où naissent des liens d'attachement qui sont source de malheur et de peine, et de l'obligation de renaître/Et l'âme doit se réincarner dans une matrice souillée par le sang et l'urine/Il faut donc éviter particulièrement les femmes, incarnation des sens : c'est à cause du désir que les hommes ont d'elles, que naissent les enfants/Il ne faut pas s'attacher à cette vermine qu'on appelle les enfants : ils naissent sous l'influence des actes de leur vie antérieure et ne sont pas nos enfants/L'âme obtient un nouveau corps en conséquence des actes antérieurs/Elle renaît misérable de devoir accepter un nouveau corps/Il faut donc tout faire pour maîtriser les sens.

12.207. Voici les règles à suivre pour atteindre brahman, poursuit le maître : il faut maîtriser le désir dès qu'il se manifeste/Il faut éviter les femmes/Comment fonctionne le désir charnel : les vaisseaux irriguant le corps/Le vaisseau manovahâ qui prend son origine dans le coeur (l'esprit) et collecte le liquide séminal créé par le désir et les aliments qui nourissent le corps/Qui restreint ses désirs et, au moment de la mort, dirige ses souffles vitaux vers le manovahâ, n'a plus à renaître.

12.208. L'homme avisé, poursuit le maître, voyant le monde sous l'emprise de la naissance et de la mort, de la maladie, de la peine, pratiquera un total détachement et ne commettra que des actes bons/Il sera en paix avec toutes les créatures et maîtrisera ses paroles, son corps, son esprit/Ainsi, il atteindra la délivrance/Par le Yoga, il comprendra comment l'âme est unie aux trois tendances et séparée d'elles : il atteindra alors brahman.

12.209. On peut, poursuit le maître, vouloir rester perpétuellement éveillé, pour éviter les fautes commises en rêvant/Lorsque les sens sont exténués de fatigue, les rêves se produisent, car l'esprit n'est jamais en repos/Or l'esprit ne perd rien de ce qui l'a marqué, les images des rêves viennent des impressions accumulées durant d'innombrables existences/Mais si l'esprit est pur, l'âme dans le corps devient brahman et prend ses attributs : connaissance pure, splendeur, permanence.

12.210. Le détachement de l'action conduit à brahman/Purusha et Prakriti sont tous deux sans commencement ni fin, inconnaissables, éternels et indestructibles/Mais Prakriti possède les trois tendances et est engagée dans la création, alors que Purusha transcende toutes les qualités : il appréhende les transformations de Prakriti/L'âme est investie par les trois tendances, mais elle ne leur est pas identique/L'univers est envahi par la puissance du Yoga qui y circule secrètement, le résultat du Yoga est la connaissance/Description des différentes manières de pratiquer le Yoga et de leurs effets.

12.211. Yudhishthira demande par quelle conduite Janaka a atteint la délivrance/Bhîshma raconte l'Histoire de Janaka/Un roi de Mithila, du nom de Janaka, était engagé dans la recherche de brahman/Une centaine de maîtres spirituels l'enseignaient, mais il n'en était pas très content/Arriva un grand ascète parfaitement accompli, Pañcashikha, un disciple d'Âsuri/Il se nourrissait du lait de Kapilâ, la femme d'Âsuri, et en était donc appelé le fils/Il défait les cent maîtres spirituels par ses arguments, et Janaka s'attache à lui/Pañcashikha l'enseigne sur la religion de délivrance exposée dans les traités Sâmkhya/Il explique les inconvénients de naître, ceux des actes religieux, ceux des différents stades de la vie/Il montre l'existence de l'âme, distincte du corps, et qui lui survit/Le corps matériel produit l'esprit et ses attributs : perception, mémoire, imagination/Le fait que le corps ne disparaisse pas immédiatement après la mort, prouve que c'est quelque chose de différent du corps qui a disparu/L'âme a donc une existence séparée du corps/Réfutation des doctrines boudhistes/Le corps n'a donc pas d'importance, et ceux qui, par le Yoga, transcendent la dépendance au corps obtiennent la libération.

12.212. Pañcashikha continue son enseignement/L'esprit est la cause des cinq sens : il existe dans trois états, le plaisir, la peine et l'absence de plaisir ou de peine/Sur les sens reposent les actes, le renoncement et la certitude de la vérité/L'association du corps et des sens n'est pas l'âme/Si l'on considère tout objet matériel comme étant fondamentalement différent de l'âme, on cesse de s'y attacher/Exposé de la science du renoncement et de sainteté/Les onze organes des sens/Chaque perception exige trois éléments : un organe de perception, sa fonction particulière et un esprit sur lequel cette fonction agit/Les états de conscience entraînés par les perceptions appartiennent aux trois tendances, sattva, rajas et tamas, suivant leurs effets/Les onze organes des sens existent de façon séparée de l'âme/La délivrance, c'est quand l'âme individuelle est reçue dans l'âme universelle, comme les rivières dans l'océan/En renonçant à tout ce qui nous attache, on est délivré, on devient incapable de différenciation, et l'on atteint la délivrance/Janaka suit les enseignements de Pañcashikha et atteint la délivrance.

12.213. Comment obtient-on le bonheur, demande Yudhishthira/La maîtrise de soi, répond Bhîshma, est la première condition/Les effets de la maîtrise de soi.

12.214. Le jeûne fait-il partie de l'ascèse, demande Yudhishthira/S'abstenir de nourriture, répond Bhîshma, n'est pas vraiment l'ascèse/L'ascèse, c'est la renonciation aux actes et l'humilité/Si l'on mange une seule fois par jour, à heure fixe, c'est comme si l'on jeûnait/En ne mangeant jamais de viande, en ne mangeant que les restes, après que les dieux et les hôtes sont nourris, on atteint des mondes de félicité dans l'autre vie.

12.215. Les actes s'attachent à l'homme, mais est-ce l'homme qui en est l'auteur ?/Bhîshma raconte l'Entretien entre Prahlada et Indra/Prahlada, le chef des asura, avait atteint un haut degré de renoncement et de sainteté, et ne se préoccupait pas des conditions matérielles dans lesquelles il vivait/Il explique à Indra que c'est parce qu'il ne se considère pas lui-même comme l'auteur de ses actions/Toute chose a son origine dans la nature.

12.216. Yudhishthira demande comment un roi, quand il a perdu sa prospérité, doit se comporter/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Indra et Bali/Indra demande à Brahmâ où il peut trouver l'asura Bali pour le combattre/Brahmâ lui indique où le trouver, et lui recommande de ne pas le tuer, mais de l'interroger/Indra trouve Bali caché sous la forme d'un âne/Où sont les insignes de ta puissance, lui demande Indra en se moquant de lui/Tu ne vois plus les signes de ma puissance, lui répond Bali, je les ai enterrés dans une grotte/Quand mon temps reviendra, tu les verras de nouveau/Ne te moque pas de moi : les sages ne se plaignent pas dans le malheur ni ne se réjouissent dans le bonheur.

12.217. Indra continue à se moquer : ne regrettes-tu rien ?/Tout est transitoire, répond Bali, la mort attend toute créature : quand on sait cela, on ne peut rien regretter/Et cette sagesse conduit à la délivrance/Pour moi, je reste le même, indifférent, devant le succès ou l'échec/De toutes façons, le temps emporte tout/Alors, pourquoi éprouver de la joie, de l'orgueil ou de la colère ?/Comment éprouverais-je de la peine devant ma situation présente : le destin l'a ordonnée/Elle n'est pas le résultat de mes propres actes !/La prospérité survient, elle disparaît, c'est l'oeuvre du temps/Et ta prospérité actuelle est l'uvre du temps/Nous ne sommes pas les auteurs, c'est le temps qui nous agit/Le temps est brahman/Bien des Indra ont été détruits, et toi-même seras détruit, quand ton heure viendra/Ainsi, pourquoi te moquer ?

12.218. Shrî, la déesse de la prospérité sort du corps de Bali/Indra s'étonne et l'interroge/Pourquoi a-t-elle délaissé Bali ?/Je vis de vérité, de dons, de voeux, de pénitence, de prouesses et de vertu, répond-elle, et Bali s'en est écarté/Comment te garder pour toujours, demande Indra/Assigne-moi une demeure, demande Shrî/Indra lui fixe la terre pour un quart, les eaux pour un quart, le feu pour un quart, les hommes de bien pour un quart, et promet de punir tous ceux qui l'offenseront/Bali, alors, déclare qu'il vaincra tous les dieux et retrouvera sa puissance quand le soleil ne brillera plus que sur la région de brahman, le mont Meru/Indra le congédie : le soleil suivra toujours sa course !

12.219. Bhîshma rapporte l'Entretien entre Indra et Namuci/L'asura Namuci avait perdu sa prospérité, mais restait serein/Indra lui demande comment il se sent/Namuci répond qu'il n'éprouve aucune peine : il se laisse agir par le créateur et va où il est poussé/Ce qui doit arriver arrive/Il accepte d'un coeur égal ce qui arrive et ne fait pas d'efforts pour obtenir un sort différent/Le sage ne s'afflige jamais, comme il ne se réjouit jamais.

12.220. Que doit faire celui qui est tombé dans la détresse, abandonné par ses amis, demande Yudhishthira/La force d'âme est la meilleure solution, répond Bhîshma/Continuer à agir droitement amène la prospérité/ Bhîshma rapporte l'Entretien entre Indra et Bali/L'asura Bali, après avoir régné sur la création est défait, grâce à Vishnu, et Indra prend sa place/Indra rencontre Bali et lui demande pourquoi il ne montre aucun regret de sa position antérieure et se moque de lui/Tu n'es pour rien dans cette victoire, répond Bali/Ce n'est pas le résultat de tes actes ni celui des miens/Ce que je suis aujourd'hui, tu le seras demain/Tout est le résultat de l'action du temps/Si tu te regardes toi-même comme l'auteur de ce qui t'arrive, tu vas au devant de cruelles désillusions/C'est le temps qui meut toutes choses/Le temps te détruira également quand ce sera ton heure/Beaucoup de rois, d'asura ont atteint avant toi une haute position, tous l'ont perdue/Et pourtant, ils te ressemblaient tous par leur splendeur et leurs qualités, mais ne montraient aucun orgueil/Et le temps les a tous balayés/Toi aussi, Indra, tu devras quitter cette terre : et si tu ne chasses pas orgueil et attachement, tu ne pourras supporter la peine de perdre tes privilèges/Apprends à rester égal dans la peine et dans la joie, à mépriser le présent et le futur, à vivre dans le présent/Pourquoi te moques-tu de moi, alors que c'est le temps qui m'a mis dans cet état d'infériorité ?/Ainsi, j'ai atteint la tranquillité et je supporte tes moqueries/On rencontre dans la vie gain et perte, bonheur et malheur, naissance et mort, liberté et captivité mais on n'est pas leur auteur : c'est le temps qui agit/Indra félicite Bali de sa force d'âme et fait l'éloge du temps.

12.221. Yudhishthira demande quels sont les signes d'une future grandeur ou d'une future chute/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Shrî et Indra/Nârada fait ses ablutions dans le Gange et Indra arrive au même endroit/Ils prient ensemble, se racontent des histoires et adorent le soleil levant/Ils aperçoivent dans le ciel, à l'opposé du soleil, un objet brillant qui s'approche d'eux/C'est Shrî, la déesse de la prospérité/Indra la salue/Tout le monde voudrait bien rester avec moi, mais je réside avec les rois vertueux et victorieux, et également avec ceux qui sont attachés à la vertu, répond Shrî/Autrefois, les asura avaient une conduite droite, et je résidais avec eux depuis le début de la création/Mais la vertu et la moralité les a désertés, et je les ai quittés pour venir à toi/Indra la salue, la prend sur son char et la conduit devant l'assemblée des dieux/Présages favorables/Les Veda sont récités, personne, dieux, hommes ou Yaksha, ne dévie des chemins du devoir, la prospérité règne sur terre/Et c'est à cela, conclut Bhîshma, que l'on reconnaît les signes d'une grandeur future.

12.222. Comment atteint-on brahman, demande Yudhishthira/Par le non-agir, le contrôle des sens et l'austérité, répond Bhîshma, et il cite l'Entretien entre Jaigishavya et Asita/Asita Devala interroge Jaigishavya/ Tu ne te réjouis pas quand on te félicite, tu ne te mets pas en colère quand on te blâme : pourquoi ?/Jaigishavya décrit la conduite des sages et montre comment la louange ou le blâme ne peuvent les affecter, puisqu'ils ont conscience de faire ce qu'ils doivent/Ils connaissent la joie et atteignent les mondes de Brahmâ.

12.223. Y a-t-il quelqu'un qui plaise à tout le monde et soit parfaitement accompli, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte Les paroles de Krishna à Ugrasena/Tout le monde chante les louanges de Nârada/Quels sont ses mérites, demande Ugrasena/Krishna décrit les mérites de Nârada.

12.224. Yudhishthira interroge Bhîshma sur la création du monde et son fonctionnement/Bhîshma rapporte L'enseignement de Vyâsa à son fils Suka/Seul Brahmâ existe avant la création/Les divisions du temps/Les quatre âges/La création/Rapports entre l'effort humain, le destin et la nature/Effets des austérités/La prééminence du Veda/La connaissance du brahman/Le temps.

12.225. La dissolution.

12.226. Les devoirs du brâhmane/Exemples de rois qui ont acquis l'immortalité par leur générosité envers les brâhmanes.

12.227. Les devoirs du brâhmane (suite)/Comment traverser la rivière du temps.

12.228. Les moyens d'obtenir la délivrance/Le corps humain comparé à un char permettant d'atteindre au brahman/Le Yoga, ses étapes et les pouvoirs qui y sont attachés/Le Yoga et l'école du Samkhyâ.

12.229. La sagesse permet d'atteindre la délivrance/La hiérarchie des créatures/Les meilleurs sont versés dans le Veda et attachés à l'étude de l'âme.

12.230. Les actes obligatoires et facultatifs/La cause des actes/Le brahman est la cause des actes (religieux), mais ces actes ne permettent pas de le découvrir/Le comportement des hommes dans les quatre âges.

12.231. La doctrine du Sâmkhya/Le corps humain comprend la matière (les cinq éléments), les sens, l'esprit, la connaissance, l'âme/Leurs rapports/Quand on voit sa propre âme en toutes choses, et toutes choses dans sa propre âme, on atteint au brahman/Description du brahman (le Cela)/L'âme est brahman.

12.232. La voie du Yoga/Les obstacles au Yoga et comment les maîtriser/ Maîtrise des sens, de l'esprit, concentration, méditation sur brahman, que l'on finit par percevoir/Les pouvoirs acquis par le Yoga/Mais l'important est la connaissance/La conduite du yogin et comment il atteint la délivrance.

12.233. Pravritti (les actes) et Nivritti (le non-agir)/Les actes entraînent la destruction, le non-agir (ou connaissance), la délivrance/Les effets de la connaissance.

12.234. La conduite de l'étudiant brâhmanique.

12.235. La conduite du maître de maison.

12.236. La conduite de l'ermite itinérant et du renonçant.

12.237. La conduite du yogin.

12.238. L'Âme Universelle est présente dans toute âme individuelle/Seuls ceux qui suivent la voie du Yoga peuvent la voir.

12.239. Les cinq éléments/Leur répartition dans le corps, les sens/L'activité de l'esprit, de l'intelligence, de l'âme/Les trois tendances et leurs attributs.

12.240. L'esprit, l'intelligence et l'âme/La maîtrise des sens par l'esprit permet de voir l'âme/Il existe un état d'union entre l'âme individuelle et l'Âme Universelle.

12.241. La connaissance de l'âme, obtenue par le Yoga, conduit à la délivrance.

12.242. Le devoir premier, c'est de maîtriser ses sens, de n'attacher aucune importance aux objets extérieurs et de méditer/Comment traverser la rivière de la vie.

12.243. Il ne suffit pas d'accomplir des sacrifices et des rites religieux pour obtenir la libération/Il faut se libérer des désirs, fixer son esprit sur l'âme et pratiquer le Yoga.

12.244. Les cinq éléments, leur répartition dans le corps/Les sens et les objets ds sens.

12.245. Le yogin perçoit l'âme habillée d'un corps subtil, différent du corps grossier.

12.246. L'arbre du désir/Le corps comme une ville.

12.247. Les cinquante propriétés des éléments, les neuf propriétés de l'esprit, les cinq propriétés de l'intelligence/Fin de l'enseignement de Vyâsa à son fils Suka.

12.248. Qu'est-ce que la mort, demande Yudhishthira/Bhîshma raconte l'Histoire du roi Anukampaka/Ce roi avait été vaincu par son ennemi, fait prisonnier, son fils avait été tué/Il rencontre Nârada et lui raconte ses malheurs/Nârada lui raconte l'histoire suivante : Brahmâ avait créé un grand nombre de créatures, et elles ne connaissaient pas la mort/La terre était surchargée/Alors, Brahmâ se mit en colère, et un feu sortit de lui, qui commença à détruire l'univers.

12.249. Shiva intervint, et Brahmâ lui avoua qu'il ne savait pas comment faire autrement pour soulager la terre de son fardeau/Shiva le conjure de faire cesser cette destruction totale, et Brahmâ accepte/Une femme sort alors du corps de Brahmâ/Brahmâ la salue : O Mort, détruis les créatures !

12.250. La Mort supplie Brahmâ de lui épargner cette tâche, mais il reste inflexible/C'est bien pour cela qu'il l'a suscitée/La Mort part, sans donner son accord, et se livre à des austérités terribles/Brahmâ la presse d'exécuter ses ordres et lui promet qu'elle n'encourra aucune faute en le faisant/Les larmes qu'elle a versées et retenues dans ses mains deviendront les maladies, le désir et la colère seront ses alliés/La Mort accepte et détruit indifféremment les créatures, qui ont à renaître, y compris les dieux/Voilà, conclut Nârada, comment Brahmâ a créé la Mort pour soulager la terre.

12.251. Qu'est-ce que une conduite juste, demande Yudhishthira/Ne pas faire aux autres ce que l'on ne voudrait pas qu'ils vous fassent, répond Bhîshma.

12.252 Mais le devoir varie suivant les époques et les situations/La même conduite peut être méritoire pour l'un, mauvaise pour un autre/Comment s'y retrouver ?

12.253. Bhîshma rapporte l'Entretien entre Tulâdhâra et Jâjali/L'ermite Jâjali se livre à des austérités farouches/Alors qu'il médite, complètement immobile, deux oiseaux construisent leur nid dans son chignon/Il restera immobile le temps qu'ils fassent leurs oeufs, que leurs petits naissent et grandissent, et prennent leur envol/Mais l'orgueil l'envahit : j'ai acquis de grands mérites !/Tu n'arrives pas à la cheville du marchand Tulâdhâra, l'avertit une voix céleste/Jâjali se rend à Varanasi, où il rencontre Tulâdhâra/Celui-ci l'attendait.

12.254. Comment as-tu acquis ta science, demande Jâjali ?/Je sais, répond Tulâdhâra que la conduite juste, de tous temps, consiste dans la bienveillance à l'égard de toutes les créatures, et je vis en accord avec ce principe de non-violence/Je vois tout les êtres d'un il égal, sans les blâmer ni les louer/Je ne crains personne et personne ne me craint, je n'ai ni désirs ni aversions/J'évite tous les actes qui peuvent blesser des créatures.

12.255 Tulâdhâra s'élève contre les sacrifices où un animal est mis à mort/Les conditions d'un sacrifice pur/Les deux sortes de sacrifices et leurs fruits/Le renoncement conduit à la délivrance.

12.256. Et les oiseaux que tu as accueillis dans ton chignon sont signe que tu as compris la voie de la bienveillance envers toutes les créatures/Éloge de la foi.

12.257. Bhîshma rapporte les strophes du roi Vicakhnu sur le sacrifice et la non-violence.

12.258. Yudhishthira demande comment juger si un acte doit être accompli ou s'il faut y renoncer/Bhîshma cite l'Histoire de Cirakâra/Cirakâra réfléchissait longtemps avant d'entreprendre quoique ce soit, et on le traitait de paresseux ou de fou/Un jour, son père Gautama relève une faute grave chez sa femme et demande à Cirakâra de la tuer, puis part dans la forêt/Cirakâra réfléchit longtemps devant ce conflit de devoirs : obéir à son père et protéger sa mère, et pèse soigneusement le pour et le contre/Quand son père revient, plusieurs jours après, Cirakâra ne s'est toujours pas décidé : mais son père avait réfléchi de son côté et compris la folie de son ordre/Il le félicite d'avoir pris tant de temps à réfléchir et d'avoir ainsi évité le pire/Ainsi, il faut toujours réfléchir soigneusement avant d'entreprendre une action.

12.259. Comment un roi peut-il protéger ses sujets sans faire de mal à personne, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Dyumatsena et son fils Satyavant/Dyumatsena a condamné à mort quelques uns de ses sujets/Satyavant proteste : Mettre quelqu'un à mort ne peut jamais être un acte juste/Il faut bien faire régner l'ordre, rétorque Dyumatsena !/Il y a d'autres moyens que la mort, et même les plus mauvais peuvent se repentir/D'autre part, tuer un homme revient à tuer aussi ceux qui dépendent de lui/Enfin, si un roi a une conduite juste, ses sujets suivront son exemple/Le roi doit toujours avoir une conduite non-violente.

12.260. Yudhishthira demande si le renoncement est préférable à la vie domestique/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Kapila et la vache/Le roi Nahusha s'apprêtait à sacrifier une vache/Kapila, voyant cela, dit : Honte aux veda !/Un sage du nom de Syûmarashmi entre alors dans la vache et commence à discuter avec Kapila/Les Veda autorisent le sacrifice d'animaux, comment peut-on les mettre en doute ?/Il n'y a rien de supérieur à la non-violence, déclare Kapila/Le sacrifice est la racine du monde, répond Syûmarashmi, et les animaux qui conviennent au sacrifice sont énumérés dans le Veda : il n'y a pas de scrupule à avoir.

12.261. Les fruits du sacrifice ne sont pas éternels, répond Kapila/Au contraire, en menant une vie de renonçant, les sages atteignent Brahmâ par la voie de la connaissance, et cet achèvement est éternel/Mais, rétorque Syûmarashmi, la vie domestique, avec ses sacrifices est la racine des autres modes de vie/Sans elle, rien n'est possible/Les mantra védiques récités par les brâhmanes sont nécessaires à la cohésion du monde/Le renoncement est une doctrine subversive/Il y a des sacrifices non-violents pour ceux qui veulent suivre la voie domestique, répond Kapila/Il décrit la vie du renonçant/Il enseigne Syûmarashmi.

12.262. Kapila montre l'importance de la renonciation dans les quatre stades de la vie, décrit les comportements que l'on doit avoir dans chacun, et montre que la vie de renonçant et le Yoga seuls mènent à la délivrance/Description de la délivrance.

12.263. Yudhishthira demande la valeur relative des trois buts de la vie, morale, affaires et plaisir/Bhîshma rapporte l'Entretien de Kundadhâra et de son adorateur/Un brâhmane cherche à devenir riche : pour cela, il se livre à de sévères austérités, et adore toutes sortes de divinités, sans succès/Il se met à adorer le nuage Kundadhâra dont il pense qu'il est proche des dieux/Kundadhâra, satisfait de cette adoration demande à Kubera de donner au brâhmane, non pas des richesses, mais la vertu/Le brâhmane n'est pas trop content de ce don, mais mène une vie de vertu et d'austérité et acquière par là une vision divine/Il voit les rois tombés en enfer, les hommes enchaînés par le vice, et remercie Kundadhâra de la faveur qu'il lui a faite en ne demandant pas des richesses pour lui, mais la vertu.

12.264. Quel est le sacrifice que l'on offre uniquement pour la vertu, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Histoire du brâhmane qui vivait de glanage/Satya, un brâhmane, est engagé dans un sacrifice non-violent/Un daim, qui habitait dans la même forêt, se présente à lui et demande à être sacrifié/Le brâhmane refuse, mais le daim insiste et lui procure une vision du ciel/Le brâhmane se propose alors de sacrifier le daim pour obtenir le ciel/Mais celui-ci n'était autre que Dharma, et les mérites du brâhmane diminuent considérablement pour avoir seulement formé la pensée de tuer le daim/Il se reprend, et décide de pratiquer dorénavant la non-violence.

12.265. Yudhishthira interroge Bhîshma sur le renoncement et la délivrance/Des objets des sens, répond Bhîshma, naît le désir, puis l'action, puis l'attachement/La vertu est oubliée, le péché prend place/Mais ce n'est pas ainsi que l'on atteint au bonheur/Celui qui, par contre, pratique la vertu, trouve le bonheur/Le fruit de la vertu est la maîtrise des sens/Elle conduit au renoncement/On acquièrt ainsi l'il de la connaissance, et, par là, la délivrance.

12.266. Quels sont les moyens d'obtenir la délivrance, demande Yudhishthira/Contrôler les désirs, placer l'esprit sous le contrôle de l'intelligence et l'intelligence sous celui de la connaissance, puis la connaissance sous le contrôle de l'âme/Maîtriser ses paroles, son corps et son esprit conduit à la délivrance.

12.267. Bhîshma rapporte l'Entretien entre Nârada et Asita Devala/Nârada interroge Asita Devala sur la création et la destruction de l'univers/À partir des cinq éléments, et du temps, l'Âme suprême crée l'univers/De ces cinq éléments, du temps, du poids des actes passés et de l'ignorance, naissent les créatures/Dans les cinq éléments, la créature retourne après sa destruction/Les sens et leur fonctionnement/Les trois tendances, les trois états de veille, de rêve et de sommeil profond/Les réincarnations/À travers tout cela, l'âme reste immuable/Libérée du fruit des actes, elle atteint Brahmâ/C'est la délivrance.

12.268. Yudhishthira se demande comment il peut être libéré de sa soif de puissance, qui a entraîné le massacre des siens/Bhîshma raconte les Paroles de Janaka à Mandavya/Bien que je sois roi, je ne possède rien, parce que je ne désire rien/C'est le désir de posséder qui conduit à la peine, le détachement délivre de toute anxiété.

12.269. Quelle conduite suivre, demande Yudhishthira, pour atteindre Brahmâ/Bhîshma décrit la conduite du renonçant.

12.270. Quand pourrais-je abandonner la royauté et mener une vie de renonçant, demande Yudhishthira/Tout a une fin, répond Bhîshma, même les renaissances/L'âme, soumise aux effets des actes, voyage de corps en corps/Quand elle réussit à éliminer les effets des actes par la connaissance, elle atteint brahman/Bhîshma raconte l'Histoire de Vritra/Vritra a été vaincu par Indra/Toutefois, il ne se désole pas de son infortune, il a eu la chance d'apercevoir Vishnu pendant le combat, et cette vision l'a émerveillé/Il veut savoir si c'est une récompense de ses austérités passées, et quels sont les fruits de l'action.

12.271. Ushanas, le chapelain des asura, lui répond en rendant hommage à Vishnu/Sanatkumara arrive et prononce l'éloge de Vishnu/ Considérations sur la durée d'un kalpa, la composition des couleurs, du noir au blanc/Le passage de l'âme aux différentes couleurs, jusqu'au blanc et à la délivrance/Vritra, ayant reçu cet enseignement, se fond en Vishnu/Yudhishthira demande si Krishna est bien Vishnu/C'est bien le cas, répond Bhîshma.

12.272. Comment Vritra, tellement dévoué à Vishnu, a-t-il pu être vaincu par Indra, demande Yudhishthira/Indra affronte Vritra en présence des dieux et des rishi, et le combat est rude/Vritra fait appel à la magie, et Vasishtha réconforte Indra/Shiva intervient et une forte fièvre se saisit de Vritra/Shiva donne son énergie à Indra.

12.273. Les effets de la fièvre sur Vritra/Indra tue Vritra de son foudre/Le péché de brâhmanicide sort du corps de Vritra et poursuit Indra/Indra se cache dans la tige d'un lotus, mais le péché de brâhmanicide le retrouve et s'attache à lui/Indra va demander secours à Brahmâ/Brahma divise le péché de brâhmanicide : un quart pour Agni, un quart pour les plantes, un quart pour les apsaras et un quart pour les eaux/Ainsi, Indra est débarrassé du péché de brâhmanicide.

12.274. Yudhishthira demande quelle est l'origine de la fièvre qui a saisi Vritra/Sur un sommet du mont Meru, répond Bhîshma, trônait Shiva, entouré de sa cour/Tous le quittent, un jour, pour assister au sacrifice de Daksha/Pârvatî lui demande pourquoi il ne s'y rend pas, lui aussi : c'est parce qu'il n'a pas part aux offrandes/Devant le chagrin de Pârvatî, il se rend au sacrifice de Daksha, et le détruit/La sacrifice prend la forme d'un daim et s'enfuit, Shiva le poursuit/Une goutte de sueur, tombée de son front, devient un être terrifiant qui consume le daim/Brahmâ intervient et accorde à Shiva une part des offrandes/Quant à l'être né de sa sueur, ce sera la fièvre/Mais, pour qu'elle puisse être supportée, elle sera divisée en de nombreuses maladies particulières/La fièvre résulte donc de l'énergie de Shiva.

12.275. Comment éviter le chagrin et la mort, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Nârada et Samanga/Nârada s'émerveille du caractère heureux de Samanga/Le bonheur et la peine ne durent jamais, répond Samanga/Alors, pourquoi s'attrister ?

12.276. Yudhishthira demande que faire quand on doute, quand on ne connaît pas bien les textes sacrés et quand on ne suit pas la voie du renoncement/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Gâlava et Nârada/Gâlava demande conseil à Nârada sur la conduite à tenir/Nârada montre les qualités à rechercher en priorité, quelque soit le stade de vie auquel on se trouve, et les fréquentations que l'on doit avoir.

12.277. Comment se comporter pour être libre des attachements, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte les Conseils d'Arishtanemi à Sagara/La vraie félicité en ce monde, c'est la délivrance/Mais on ne peut y atteindre qu'en se libérant des attachements, c'est-à-dire en considérant toute chose d'un il égal.

12.278. Yudhishthira demande des explications sur le rôle d'Ushanas/Bhîshma raconte l'Histoire d'Ushanas/Ushanas, par ses pouvoirs, était entré dans le corps de Kubera, l'avait privé de sa liberté et lui avait dérobé toutes ses richesses/Kubera se plaint à Shiva/Shiva poursuit Ushanas pour le tuer, mais celui-ci se place sur la pointe même de la lance de Shiva/Shiva, alors, plie sa lance en deux et avale Ushanas/Puis il se livre à de sévères austérités, dont profite également Ushanas/Ushanas cherche à sortir du corps de Shiva, mais celui-ci a fermé toutes les issues/Finalement Ushanas sort par le sexe de Shiva, d'où son nom de Shukra (sperme)/Shiva veut le tuer, mais Pârvatî intervient.

12.279. Quels sont les actes bénéfiques, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Enseignement de Parâshara au roi Janaka/Parâshara expose à Janaka ce qu'est une conduite juste et ses effets : elle teinte les prochaines existences/Les fruits des actes/Il ne faut pas agir d'une manière que l'on désapprouverait chez les autres, sous peine de ridicule.

12.280. Il faut chercher constamment, dans chaque vie, à progresser/Les actes mauvais vous font régresser/Tous les actes produisent un fruit qui se retrouvera dans les prochaines vies/Ainsi, avoir une conduite droite est certainement bénéfique.

12.281. Il faut se libérer de ses dettes : envers les rishi en étudiant les veda, envers les dieux en offrant des sacrifices, envers les ancêtres par les rites de la shraddha, envers les autres en étant bienveillant, envers soi-même en écoutant les récitations védiques et en prenant soin de son corps/La richesse doit être acquise par des moyens justes.

12.282. Chaque caste doit, au mieux, remplir son rôle.

12.283. La dégradation progressive de la moralité depuis l'âge d'or/La nécessité de s'en tenir à une conduite juste, quelles que soient les circonstances.

12.284. Parâshara montre les effets de la pénitence.

12.285. D'où viennent les castes, demande Janaka/Tous les hommes descendent de Brahmâ, ils devraient être tous brâhmanes/Les uns viennent de sa bouche (les brâhmanes), répond Parâshara, les autres de ses bras (les kshatriya), de ses cuisses (les vaishya), de ses pieds (les shûdra)/Il rappelle les devoirs des quatre castes.

12.286. Parâshara expose les conditions d'une progression de réincarnation en réincarnation, jusqu'à la délivrance.

12.287. Puis il montre ce qui est bon pour l'homme : connaissance, austérités, dons, détachement, renonciation, Yoga.

12.288. Yudhishthira demande à Bhîshma ce qu'il pense de la vérité, de la continence, du pardon et de la sagesse/Bhîshma rapporte l'Entretien entre les Sâdhya et un cygne/Brahmâ prend la forme d'un cygne et rencontre les Sâdhya/Ceux-ci l'interrogent sur la religion de la délivrance/Le cygne leur répond qu'elle consiste en austérité, continence, vérité et maîtrise de l'esprit/Ne pas répondre aux paroles blessantes par des paroles blessantes, mais maîtriser sa colère et pardonner, éviter la colère en toutes occasions, maîtriser ses sens conduit à l'émancipation/Quand on possède cette sagesse, on est toujours heureux.

12.289. Yudhishthira demande quelle est la différence entre le Sâmkhya et le Yoga/Les deux systèmes sont valables, répond Bhîshma, l'un est basé sur la connaissance des écritures, l'autre sur celle des sens/Il montre les achèvements du Yoga et la difficulté à le mettre en pratique.

12.290. Yudhishthira réclame des éclaircissements sur le Sâmkhya/Bhîshma expose la doctrine du Sâmkhya/L'océan de la vie/Éloge du Sâmkhya.

12.291. Yudhishthira s'interroge sur ce qui est destructible et ce qui ne l'est pas/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Vasishtha et Karâlajanaka/ Karâlajanaka demande à Vasishtha ce qui est destructible et ce qui ne l'est pas/Vasishtha explique comment se fait la création, par l'union du non-manifesté avec le manifesté, Purusha et Prakriti.

12.292. Et, par suite de l'ignorance, l'âme, bien qu'au-dessus de tout cela, subit d'innombrables incarnations et pense être impliquée dans toutes ces existences.

12.293. L'union entre Purusha et Prakriti est-elle comme celle de l'homme et de la femme, comme le disent les Veda, demande Janaka/Il faut bien comprendre le vrai sens des Veda, répond Vasishta/Il faut bien comprendre que l'âme universelle est différente de l'âme individuelle et de l'univers/L'âme universelle ne possède ni attributs, ni tendances/Mais il y a union entre l'âme individuelle et l'âme universelle/Le non-manifesté est unicité, le manifesté, variété et multiplicité.

12.294. Vasishta expose les pratiques du Yoga/Il expose encore une fois les principes du Sâmkhya.

12.295. Puis il expose ce que sont la connaissance et l'ignorance.

12.296. L'âme universelle est connaissance, l'âme individuelle, ignorance/Mais l'âme individuelle peut arriver à la connaissance, se libérer des tendances et s'unir à l'âme universelle.

12.297. Bhîshma rapporte l'Entretien entre le roi Vasumant et un brâhmane/Le roi Vasumant demande à un brâhmane ce qu'il faut faire pour s'assurer le meilleur résultat ici-bas et dans l'au-delà, quand on est esclave de ses désirs/Il faut agir avec droiture, répond le brâhmane/Chercher à agir avec patience, intelligence, tranquillité et sagesse.

12.298. Yudhishthira demande des éclaircissements sur brahman/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Yâjnavalkya et Janaka/Yâjnavalkya expose les huit éléments de la nature et leurs seize modifications (prakriti et vikriti)/Leur ordre de création.

12.299. La durée de la création/Ordre d'apparition des différents principes et leur durée.

12.300. La destruction de l'univers.

12.301. Les dominantes (adhyâtman, adhibhûta, adhidaivata)/Les tendances (guna) et les qualités qui leur sont attachées.

12.302. Le mélange des tendances et ses conséquences/La nature du Non-manifesté.

12.303. L'Être suprême (Purusha) est dépourvu d'attributs, la Nature (prakriti) en est pourvue/Ils sont différents, mais existent ensemble, comme l'eau et le poisson.

12.304. Le Sâmkhya et le Yoga sont deux systèmes identiques/La pratique du Yoga/La concentration et l'extase (samadhi).

12.305. Suivant l'endroit par où l'âme quitte le corps, on atteint différents mondes/Les signes prémonitoires d'une mort prochaine.

12.306. Comment Yâjnavalkya a obtenu du Sûrya la connaissance du Veda/Ses réponses à Vishvavâsu/Il faut comprendre que l'âme individuelle (jiva) est distincte de la nature (prakriti) dans laquelle elle réside pour pouvoir atteindre brahman/Cette connaissance apporte la délivrance/Janaka confie son royaume à son fils, et vit selon l'enseignement de Yâjnavalkya/Cette connaissance permet d'échapper au cycle des renaissances, conclut Bhîshma.

12.307. Comment peut-on éviter la décrépitude et la mort, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Pancashikha et Janaka/On ne peut éviter la décrépitude et la mort, déclare Pancashikha/Le temps ne s'arrête pas/Mais l'âme est éternelle.

12.308. Peut-on obtenir la délivrance sans quitter le mode de vie domestique, demande Yudhishthira/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Janaka et Sulabhâ/Sulabhâ a entendu dire que le roi Janaka suivait la religion de la délivrance/Désireuse de s'en assurer elle-même, elle se rend à Mithila, où elle prend l'apparence d'une mendiante de grande beauté/Janaka lui offre l'hospitalité et l'interroge/Elle essaye de pénétrer son esprit au moyen de ses pouvoirs, mais Janaka l'en empêche par ses propres pouvoirs/Il lui explique comment il a été enseigné par Pancashikha/Mais celui-ci ne lui a pas demandé de renoncer à la royauté/Ainsi il suit la voie de la délivrance tout en menant la vie domestique/La délivrance s'atteint par la connaissance, et la connaissance est indépendante des conditions de vie/Janaka reproche à Sulabhâ d'avoir essayé de pénétrer son esprit/Sulabhâ se lance dans un cours sur les neuf erreurs dues aux mots, les neuf erreurs de jugement et les dix-huit qualités du discours/Elle lui montre qu'il n'a pas vraiment atteint la connaissance : il lui a demandé qui elle était, et donc ne voit pas son propre corps et sa propre âme dans le corps et l'âme des autres/Quelle prétention peut-il avoir à la délivrance ?/Le degré de liberté d'un roi est très limité, il ne peut vraiment se dire indépendant/Et sa rebuffade était vraiment preuve qu'il ne possédait pas la connaissance.

12.309. Yudhishthira demande comment Shuka, le fils de Vyâsa, a été gagné au renoncement/Histoire de Shuka/Bhîshma lui raconte comment Vyâsa, voyant son fils mener une vie ordinaire, lui enseigne l'ensemble des Veda, et lui montre la conduite à suivre, en un long sermon, et Shuka est convaincu.

12.310. Yudhishthira demande des précisions sur la naissance de Shuka/Vyâsa se livre à des austérités terribles pour obtenir un fils de Shiva/Shiva le lui promet.

12.311. Un jour, Vyâsa est occupé à allumer un feu en frottant les bâtons à feu/Vient à passer l'apsaras Ghritâcî/Vyâsa est saisi par le désir, et, bien qu'elle se transforme en perroquet, sa semence s'échappe/Ainsi naît Shuka (perroquet) des deux bâtons à feu/Sa naissance est fêtée par les troupes célestes/Les Veda pénètrent en lui.

12.312. À la demande de son père, Shuka étudie les traités du Yoga/Vyâsa l'envoie chez Janaka pour être enseigné par lui/Le voyage de Shuka et ce qu'il voit en cours de route/Malgré les tentations, il reste ferme dans le Yoga.

12.313. Shuka est reçu avec honneur par Janaka et lui demande à être enseigné par lui/Janaka lui expose les devoirs des brâhmanes/Faut-il obligatoirement passer par les quatre stades de vie, demande Shuka/Non, si au cours de ses existences antérieures, on a atteint un certain niveau : on peut alors atteindre la délivrance au cours des études brâhmaniques/Janaka dit à Shuka qu'il a déjà atteint la connaissance et est sur la voie de la délivrance.

12.314. Autrefois Skanda avait fiché sa lance dans la montagne Âditya, mettant quiconque au défi de l'en retirer/Vishnu avait ébranlé la lance, faisant trembler la terre, mais, par délicatesse envers Skanda, ne l'avait pas retirée/Prahlâda essaye en vain de retirer la lance, et est précipité sur terre/Au pied de cette montagne, Vyâsa enseigne les Veda à ses disciples Sumantu, Vaishampâyana, Jaimini et Paila/Shuka les rejoint/Tous ensemble, ils demandent à Vyâsa d'être les seuls à posséder les Veda/Vyâsa, au contraire, les encourage à diffuser les Veda, et précise à qui il doit être imparti.

12.315. Ils se réjouissent de la réponse de Vyâsa, et demandent à quitter leur montagne pour procéder à cet enseignement/Vyâsa reste en compagnie de Shuka/Arrive Nârada, qui se plaint de ce que la montagne ne résonne plus de la récitation des Veda et demande à Vyâsa de continuer à les réciter avec son fils/Ce qu'ils font, inlassablement/Un jour, un vent violent se lève, et Vyâsa demande à son fils d'arrêter la récitation/Il décrit les sept vents, et explique que celui-ci n'en fait pas partie, mais est la respiration de Vishnu : il faut cesser de réciter les Veda quand il souffle, pour ne pas le contrarier/Vyâsa part pour le Gange.

12.316. Nârada revient visiter Shuka, resté seul/Il rapporte l'enseignement de Sanatkumâra sur les moyens d'atteindre le bien suprême/La rivière de la vie et les moyens de la traverser/La conduite à tenir.

12.317. Suite de l'enseignement de Nârada.

12.318. Suite et fin de l'enseignement de Nârada/Shuka décide de pratiquer le Yoga et de rejoindre le soleil (brahman).

12.319. .Shuka entre ne méditation et contemple le Yoga/Il s'identifie au vent et traverse le ciel, adoré par toutes les créatures.

12.320. Suite du triomphe de Shuka/Il passe à travers le sommet d'une double montagne/Vyâsa essaye de le suivre/Il comprend que son fils est libéré de tout attachement, mais pas lui/Il se désole de l'avoir perdu/Shiva lui rappelle qu'il avait demandé un fils exceptionnel : il l'a obtenu/Shiva procure à Vyâsa une ombre de son fils qui restera avec lui.

12.321. Yudhishthira demande ce qu'est la délivrance et comment elle se manifeste/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Nârada et Nârâyana/À l'âge d'or, Vishnu prit naissance de Dharma sous une quadruple forme : Nara, Nârâyana, Hari et Krishna/Nara et Narâyana se réfugient à Badarî et pratiquent l'austérité/Nârada leur rend visite et demande à Nârâyana quelle divinité il adore, lui qui est la divinité suprême/C'est Être Suprême, qui pénètre tout ce qui existe/C'est elle que l'on atteint dans la délivrance.

12.322. Nârada rappelle sa bonne conduite passée et se prépare à voir lui aussi l'Être Suprême/Il se rend sur l'île Shveta, dans l'Océan de Lait/Description des habitants/Yudhishthira demande d'où viennent ces habitants/Autrefois, répond Bhîshma, il y avait un roi du nom d'Uparicara (Vasu)/Excellence d'Uparicara/Les sept rishi (Marîci, Atri, Angiras, Pulatsya, Pulaha, Kratu et Vasishtha) et Manu avaient composé un traité sur les devoirs et les observances d'après les Veda, après avoir adoré Vishnu pendant mille années/Vishnu les félicite et leur annonce que Manu, guidé par ce traité, montrera au monde le devoir à suivre, puis après lui Ushanas et Brihaspati/Cette science sera transmise à Uparicira qui deviendra un grand roi/À sa mort, ce traité disparaîtra/Après cette prédiction, Vishnu les quitte.

12.323. De fait, longtemps après, Brihaspati naît dans la race d'Angiras/Uparicara devient son disciple/Il offre un sacrifice du cheval, dans lequel aucun animal n'est sacrifié/Tous les dieux apparaissent pour prendre leur part du sacrifice/Seul Vishnu prend sa part sans se montrer, ce qui provoque la colère de Brihaspati/Ekata, Dvita et Trita, qui ont assisté au sacrifice, racontent leur histoire/Ce sont des fils de Brahmâ/Ils s'étaient livrés à de sévères austérités au bord de l'Océan de Lait, dans le but de voir Vishnu sous son propre aspect/Une voix les engage à se rendre à l'île Shveta, et là, Vishnu se révélera à eux/Mais, arrivé là, ils ne voient rien/Ils se livrent à de nouvelles austérités pendant cent ans/Ils voient alors les habitants de l'île, rayonnants d'énergie pure/Une lumière apparaît, brillante comme mille soleils, et les habitants de l'île se dirigent vers elle/Eux sont aveuglés, ils entendent seulement les louanges que les habitants de l'île adressent à Vishnu/Les chants de louange cessent au départ de Vishnu, mais les habitants de l'île ne leur prêtent aucune attention/Une voix, alors s'adresse à eux et leur explique que les habitants de l'île peuvent contempler Vishnu parce qu'ils sont dépourvus de tout sens extérieur, et que seuls peuvent le voir ceux qui se sont dévoués uniquement à lui au cours de nombreuses existences/Ainsi, si même eux, fils de Brahmâ, n'ont pu l'apercevoir, comment Brihaspati prétendrait-il le faire ?/Brihaspati, alors, accepte de terminer le sacrifice/Uparicara devient un grand roi, dévoué à Vishnu/À sa mort, il monte au ciel, mais après quelque temps, est précipité dans les entrailles de la terre.

12.324. Yudhishthira demande pourquoi/Bhîshma rapporte un Entretien entre les brâhmanes et les dieux/Les dieux demandent aux brâhmanes de sacrifier des boucs/Mais ceux-ci protestent : spécialement à l'âge d'or, on ne peut sacrifier des animaux/Uparicara arrive sur ces entrefaites/Les dieux et les brâhmanes l'interrogent : doit-on sacrifier des animaux ou des graines ?/Uparicara, pour plaire aux dieux, répond que l'on doit sacrifier des animaux/Les brâhmanes le maudissent : il sera chassé du ciel/Uparicara tombe dans un trou de la terre/Les dieux viennent à son secours et lui donnent le beurre clarifié des sacrifices pour subsistance, et lui promettent l'aide de Vishnu/Uparicara adore Vishnu/À cause de cette dévotion, Vishnu envoie Garuda chercher Uparicara pour l'amener au ciel.

12.325. Nârada arrive à l'île Shveta, où il est accueilli par ses habitants/Il pratique le Yoga et entonne un hymne de louange à Vishnu/Les deux cents noms de Vishnu.

12.326. Vishnu se montre à Nârada sous sa forme réelle/Description du Seigneur/Vishnu fait l'éloge des habitants de l'île, puis se décrit lui-même à Nârada/Il disparaît ensuite/Nârada rejoint l'ermitage de Badarî/Cette eulogie de Vishnu doit être rapportée seulement à ses adorateurs/C'est ici la fin du récit de Vaishampâyana, rapporté par le barde Ugrashravas à Shaunaka/Ugrashravas continue le récit : Janamejaya abandonne la royauté et se retire dans la forêt.

12.327. Shaunaka demande des éclaircissements sur le non-agir et sur la part des dieux dans le sacrifice/Le barde rapporte ce qu'a dit Vaishampâyana à ce sujet/Les cinq disciples de Vyâsa avaient interrogé celui-ci un jour sur le même sujet/Et il avait répondu : Vishnu, par suite de mes austérités, m'a donné la connaissance du passé, du présent et du futur/Ainsi j'ai connu tout ce qui s'est passé au début du kalpa/Récit de la création/Les sept rishi et Manu, les Rudra et Brahmâ se livrent pendant mille années à des austérités sévères au bord de l'Océan de Lait, pour savoir comment agir pour le bien des mondes/Vishnu leur apparaît et leur demande de procéder à un sacrifice, et de lui en réserver une part/Ils offrent alors un grand sacrifice/Vishnu les récompense en leur donnant part aux sacrifices qui seront offerts par les hommes/Ces sacrifices leur permettront de prospérer/D'autre part, Aniruddha, Sana, Sanatsujâta, Sanaka, Sanandana, Sanatkumâra et Kapila, fils spirituels de brahman, sont chargés de transmettre la religion du non-agir (Sâmkhya/Yoga)/Vishnu décrit les quatre âges/Vishnu se manifeste à Brahmâ sous la forme d'un cheval et confie le monde à Brahmâ/Il lui promet de lui venir en aide quand il faudra sous la forme d'avatars/Louanges à Vishnu.

12.328. Arjuna demande à Krishna la signification de ses noms/Brahmâ et Shiva-Rudra procèdent de Vishnu/Rapports entre Vishnu et Rudra/Explication des noms de Vishnu/Histoire de Dîrghatamas/Brihaspati essaye de violer la femme de son frère Utathya/L'embryon en son sein le prévient que la place est déjà prise/Furieux, Brihaspati le maudit : il naîtra aveugle/Mais ce fils, Dîrghatamas, se consacre à Vishnu qui lui rend la vue et lui donne le nom de Gotama/Agni et Soma sont les garants de l'univers.

12.329. Agni et Soma sont sortis des yeux de Brahmâ/De Soma viennent les brâhmanes, d'Agni les kshatriya/Les brâhmanes sont supérieurs, parce que les premiers créés/Les brâhmanes sont considérés comme Agni/Offrir de la nourriture à un brâhmane, c'est comme verser une libation dans le feu/Krishna montre la puissance des brâhmanes/Les déboires d'Indra/Pour avoir courtisé Âhalyâ, la femme de Gautama, il lui pousse une barbe verte/Maudit par Kaushika, il est privé de ses testicules qu'il remplacera par celles d'un bélier/Il est paralysé par Cyavana quand il s'oppose à ce que les Ashvin aient leur part du sacrifice/Les déboires de Shiva/Daksha, furieux de voir qu'il a détruit son sacrifice, lui fait venir un troisième oeil/Quand Shiva attaque la triple cité des démons, Ushanas, le chapelain des démons, lui lance une mèche de ses cheveux qui se transforme en serpents qui le mordent au cou : celui-ci devient bleu/Brihaspati et l'océan/Après le barattement de l'océan, Brihaspati trouve l'eau sale : il maudit l'océan, qui depuis lors est pollué avec des poissons, des requins et des tortues/Les déboires d'Indra (suite)/Vishvarûpa, fils de Tvastri, est parents des asura par sa mère/Chapelain des dieux, il offre leur part de sacrifice aux dieux/Les asura s'en plaignent, et Vishvarûpa, poussé par sa mère, fait allégeance aux asura et à leur chef Hiranyakashipu/Celui-ci prend Vishvarûpa comme chapelain et renvoie son ancien chapelain Vasishtha/Vasishtha maudit Hiranyakashipu : il sera tué par un être que l'on ne connaît pas encore/Effectivement, il sera tué par Vishnu sous sa forme de Narasimha/Vishvarûpa se livre à de sévères austérités pour augmenter ses pouvoirs/Indra lui envoie des apsaras pour le tenter/Et quand elles veulent rejoindre Indra, Vishvarûpa, qui en était tombé amoureux, se fâche et boit tout le soma offert dans le sacrifice, mange toute la nourriture sacrificielle et absorbe toute l'énergie des dieux/Les dieux se plaignent à Brahmâ/Celui-ci les envoie réclamer les os de Dadhîca/Dadhîca les leur donne volontiers, et avec eux est fabriqué le foudre d'Indra/Indra s'en sert pour tuer Vishvarûpa/Il lui coupe la tête, mais de l'énergie amassée dans son corps sort un puissant asura, Vritra/Indra le tue également avec son foudre/Mais, ce faisant, il se rend coupable d'un deuxième péché de brâhmanicide/Indra va se cacher dans une tige de lotus/Pour le remplacer, Nahusha est nommé roi des dieux/Il règne sans partage/Tout ce que possédait Indra est à moi, se dit-il, sauf Shacî, l'épouse d'Indra/Nahusha ordonne à Shacî d'être à lui/Attends que je termine mon voeu, répond-elle, puis elle va demander secours à Brihaspati pour retrouver Indra/Brihaspati lui conseille d'invoquer Upashruti/Upashruti montre à Shacî son époux caché dans la tige d'un lotus dans le lac Mânasa/Indra s'inquiète de la voir si pâle/Shacî lui expose sa situation : au terme fixé elle doit rejoindre Nahusha et lui appartenir/Indra lui conseille de demander à Nahusha de venir la chercher sur un char tiré par les rishi/Ainsi est fait, tandis qu'Indra reste caché dans sa tige de roseau/Nahusha attelle des rishi à son char/Agastya le voit passer et s'indigne/Nahusha le repousse du pied/Agastya le maudit et le fait retomber sur terre, transformé en serpent/Les dieux demandent à Vishnu de restaurer Indra/Qu'il offre un sacrifice du cheval en mon honneur, demande Vishnu/Shacî va rechercher Indra, et Brihaspati officie au sacrifice, où le cheval est remplacé par une antilope noire/Indra est lavé du péché de brâhmanicide et reprend sa place/Bharadvaja marque Vishnu à la poitrine/Bhrigu maudit le feu et l'oblige à manger de tout/Budha maudit Aditi/Celle-ci avait préparé de la nourriture pour ses fils/Budha lui demande l'aumône, et Aditi refuse/Budha la maudit : elle enfantera Vivasvant dans la douleur, sous la forme d'un oeuf/La malédiction de Soma/Daksha a donné vingt-sept de ses filles à Soma, mais celui-ci marque une préférence pour Rohinî/Daksha maudit Soma : il sera atteint de phtisie/C'est la raison de la décroissance et de la croissance de Soma, et des taches en forme de lièvre qui le marquent/Sthûlashiras se livre à des austérités : il est rafraîchi par une brise parfumée/Les arbres, jaloux, se mettent à fleurir pour attirer ses louanges/Sthûlashiras les maudit : ils ne pourront fleurir qu'à certaines époques/Vadavâmukha convoque l'océan, et celui-ci refuse de venir/Vadavâmukha le maudit : ses eaux seront désormais salées/Bhrigu désire Umâ, la fille d'Himavant, mais celui-ci refuse de la lui donner/Bhrigu le maudit : désormais, il ne regorgera plus de pierres précieuses.

12.330. Suite de l'explication des noms de Vishnu/La bataille entre Rudra et Vishnu après la destruction du sacrifice de Daksha/Brahmâ intervient et Rudra se soumet à Vishnu.

12.331. Janamejaya demande à Vyâsa pourquoi Nârada, après avoir vu Vishnu sous sa propre forme sur les bords de l'océan de lait, s'est rendu à l'ermitage de Badarî où se trouvent Nara et Nârâyana/C'est Vaishampâyana qui répond/Description de Nara et Nârâyana en pleine ascèse/Nârada leur raconte ce qu'il a vu sur l'île Shveta,/Il a décidé de s'installer avec eux, pour méditer sur Vishnu et l'adorer.

12.332. Nara et Nârâyana le félicitent : personne d'autre que lui, pas même Brahmâ, n'a vu Vishnu sous son véritable aspect/Ils montrent comment tout vient de lui/Nârada s'installe avec eux.

12.333. Nârada leur demande l'origine des boulettes offertes aux mânes/Autrefois, la terre avait disparu/Vishnu, sous la forme d'un sanglier (Varâha), l'avait remise en place de ses défenses/Il était couvert de boue/En secouant la tête, il fait tomber trois boulettes de boue de ses défenses, les place sur la terre et se dédie à lui-même ces trois boulettes/Puis, il crée les mânes/Comme il a tout créé, il est à lui-même son grand-père et son père/Il s'offre à lui-même ces trois boulettes, avec les rites voulus/C'est ainsi qu'a été fondé le rite des offrandes aux mânes.

12.334. Après cela, Nârada retourne dans son propre ermitage/Vaishampâyana invite Janamejaya à tirer profit des enseignements reçus concernant Vishnu/Ugrashravas conseille à Shaunaka de faire de même/Louange à Vishnu.

12.335. Histoire d'Hayashiras/Janamejaya demande pourquoi Vishnu est apparu à Brahmâ avec une tête de cheval/Vaishampâyana reprend les choses depuis le début/Au temps de la destruction, la terre se fond dans l'eau, l'eau dans le feu, le feu dans le vent, le vent dans l'espace, l'espace dans l'esprit, l'esprit dans le manifesté (ahamkara), le manifesté dans le non-manifesté (prakriti), le non-manifesté dans l'Âme Universelle (Purusha), l'Âme Universelle dans brahman/Il ne reste plus que l'obscurité/Vishnu, dans cette obscurité, dort, couché sur les eaux/De son nombril sort un lotus où se trouve Brahmâ qui prend la tendance de la Bonté (sattva) et commence à créer l'univers/Sur le lotus se trouvent deux gouttes d'eau/De l'une naît l'asura Madhu avec la tendance du Désir (rajas) et de l'autre l'asura Kaitabha avec la tendance de l'Instinct (tamas)/Ces deux démons dérobent à Brahmâ les Veda qu'il venait de créer et s'enfoncent sous les eaux/Brahmâ s'adresse à Vishnu endormi, chante ses louanges et lui demande de récupérer les Veda/Vishnu assume alors une forme gigantesque avec une tête de cheval (Hayashiras), plonge dans les régions inférieures après en avoir écarté les démons au moyen d'un hymne védique et récupère les Veda, puis retourne se coucher sur son serpent/Les deux asura s'aperçoivent de la disparition des Veda, voient Vishnu endormi/Qui est-ce ? - se demandent-ils à voix haute, ce qui réveille Vishnu qui les tue tous deux et rend les Veda à Brahmâ/Louanges à Vishnu.

12.336. Janamejaya demande ce qu'est la religion de la dévotion totale (ekânta)/Vaishampâyana lui montre qu'elle vient de Vishnu lui-même, et comment elle a été transmise au cours des âges/Les différentes façons de la pratiquer.

12.337. Janamejaya demande si le Sâmkhya, le Pâñcarâtra et les Aryanyaka font partie du même courant/Vaishampâyana raconte d'abord comment Vyâsa est né de Vishnu à l'âge d'or/Durant le septième création, Brahmâ était sorti du nombril de Vishnu/Celui-ci l'avait chargé de procéder à la création/Mais Brahmâ ne s'en reconnaît pas capable/Vishnu lui envoie Sarasvatî pour l'aider/Une fois la création terminée, Vishnu se rend compte qu'il devra descendre sur la terre pour alléger son fardeau, et contenir la puissance des asura et des râkshasa/Il imagine déjà ses avatars/Il prononce la syllabe "bho", crée ainsi un brâhmane nommé Apântaratamas Sârasvata, et lui confie la diffusion des Veda/Vishnu, satisfait de son travail, lui annonce qu'il le fera renaître dans chaque âge/À l'âge de fer, il renaîtra de Parashâra, fils de Vasishtha, et de Satyavatî, sous le nom de Vyâsa, et lui, Vishnu, s'incarnera à la même époque sous le nom de Krishna/Quand aux différents cultes, Sâmkhya, Pâñcarâtra, Yoga, ils sont tous basés sur Vishnu.

12.338. L'Être Suprême (Purusha) est-il unique, demande Janamejaya/ Vaishampâyana livre ce qui lui a enseigné Vyâsa/Il rapporte l'Entretien entre Brahmâ et Shiva/Au milieu de l'île Shveta, il y a une montagne appelée Vaijayanta/Brahmâ s'y rendait souvent pour méditer/Shiva l'y rencontre et lui demande pourquoi il a laissé sa demeure céleste et s'est réfugié seul sur cette montagne/C'est pour méditer sur le Purusha Suprême, répond Brahmâ/Il y a beaucoup de Purusha, mais ils proviennent tous du Purusha Suprême, éternel et au dessus de tous les attributs.

12.339. Description du Purusha Suprême.

12.340. Yudhishtira demande quels sont les devoirs principaux dans chaque stade de la vie/Bhîshma rapporte l'Entretien entre Nârada et Indra.

12.341. Nârada raconte à Indra l'histoire suivante/Histoire de Dharmâranya/Dans la ville de Mahâpadma, sur les bords du Gange, vivait un brâhmane de la race d'Atri, parfaitement accompli dans ses devoirs, et à la tête d'une nombreuse famille/Il réfléchit qu'il y a trois sortes de devoirs : ceux de sa caste et de son état, tels qu'ils sont fixés dans les Veda, ceux qui sont fixés dans les traités et ceux qui ont été pratiqués par des hommes éminents, bien qu'ils ne soient ni dans les Veda ni dans les traités, et il se demande lesquels il doit mettre en oeuvre/Un brâhmane accompli lui rend visite.

12.342. Il l'interroge : il désire atteindre le but suprême, mais il est lié par les attachements/Que doit-il faire ?/Son hôte lui répond qu'il hésite comme lui : nombreuses sont les portes du ciel !

12.343. Mais son maître lui a dit que dans la forêt Naimisha il y a une ville où habite un nâga du nom de Padmanâbha, particulièrement vertueux et sage : qu'il aille l'interroger.

12.344, Le brâhmane trouve que c'est une bonne idée/Il passe la nuit avec son hôte, et se met en route au matin.

12.345. Après un long voyage, il arrive à la maison du nâga/Mais celui-ci est parti tirer le char du soleil, il est absent pour quinze jours encore, et c'est sa femme qui reçoit le brâhmane/Le brâhmane s'installe dans le voisinage, au bord de la rivière Gomatî, pour attendre le nâga.

12.346. Les nâga de la famille de Padmanâbha s'inquiètent de voir le brâhmane assis seul à l'écart, s'abstenant de nourriture et récitant des hymnes en silence/Au bout de six jours, ils vont le trouver et lui offrent de la nourriture/Ce serait un déshonneur pour eux s'il refusait !/Il leur explique qu'il a fait le voeu de s'abstenir de nourriture jusqu'à ce que Padmanâbha revienne/S'il n'est pas revenu au bout du délai de quinze jours, il acceptera la nourriture.

12.347. Au bout de quinze jours, Padmanâbha revient/Il s'enquiert auprès de sa femme si elle a bien suivi ses devoirs/Elle le rassure et lui dit qu'un brâhmane s'est présenté, qui voulait le voir/Il est allé l'attendre sur les bords de la Gomatî, et elle a promis qu'elle lui enverrait son mari dès qu'il reviendrait.

12.348. Le nâga se demande qui peut être ce brâhmane/Est-ce vraiment un homme ? : les hommes ne peuvent voir les nâga/Son épouse le rassure : c'est un humble brâhmane, et, visiblement il a besoin de son aide/Et il ne doit pas négliger quelqu'un qui s'est présenté comme hôte/Le nâga va retrouver le brâhmane.

12.349. Le brâhmane se présente : il s'appelle Dharmâranya et est venu voir le nâga Padmanâbha : en l'attendant, il se livre au Yoga pour lui être profitable/Padmanâbha se met à la disposition du brâhmane/Celui-ci lui expose son problème : Il désire atteindre brahman, il n'est ni attaché au monde, ni complètement libéré/Mais, d'abord, il a une question :

12.350. Est-ce que le nâga peut lui décrire ce qu'il a vu en tirant le char du soleil ?/ Padmanâbha décrit les merveilles du soleil/Mais ce qui l'a le plus frappé, c'est de voir un jour un être qui brillait autant que le soleil lui même, venir à sa rencontre, et salué par le soleil, pénétrer en lui/Il a interrogé le soleil pour savoir qui c'était.

12.351. C'est un simple brâhmane, répond le soleil, qui a pratiqué l'abstinence, se nourrissant de glanage (uñcha), de fruits, de racines et de feuilles, quelquefois d'eau ou d'air seulement, en récitant des hymnes. Shiva, satisfait, lui a accordé le ciel.

12.352. Merci, dit le brâhmane, tu m'as montré la voie que je dois suivre !/Mais que voulais-tu me demander, insiste le nâga/J'avais des doutes sur la voie à suivre, répond le brâhmane, tu les as levés : je suivrai la voie du glanage/Le brâhmane va ensuite trouver Cyavana pour être instruit dans la voie du glanage/Cyavana a raconté l'histoire de ce brâhmane à Janaka, qui l'a racontée à Nârada, qui l'a racontée à Indra, qui l'a racontée aux Vasu, qui me l'ont racontée à moi, Bhîshma. Et je te l'ai racontée, parce qu'elle répondait à ta demande.

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