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Mahâbhârata
Les chants du Crépuscule



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Ce sont les quatre derniers livres du Mahâbhârata, à savoir :

Livre XV - Le Livre de l'Ermitage en Forêt
Livre XVI - Le Livre des Pilons
Livre XVII - Le Livre du Grand Départ
Livre XVIII - Le Livre de la Montée au Ciel

Ce n'est pas parce que la plupart des traducteurs du Mahâbhârata sont morts avant d'avoir terminé leur ouvrage que nous avons voulu en donner les derniers livres. C'est parce que ces textes, rarement traduits, sont très mal connus et aussi très étranges. On s'attend à voir une épopée se terminer en apothéose. Il n'en est rien ici, le ton est mélancolique, les héros meurent les uns après les autres, d'épuisement, souvent, parce qu'ils savent que les temps ont changé. Et ils ne se retrouveront au ciel qu'après une dernière mystification.


Le Livre de l'Ermitage en forêt (Âshramavâsikaparvan)
Mahâbhârata, Livre XV

Le livre XV commence quinze ans après la grande guerre. Le vieux roi Dhritarâshtra a été recueilli par ses neveux, qui le traitent avec honneur. Il décide pourtant de terminer ses jours en ermite dans la forêt, avec son épouse Gândhârî, Vidura et Kuntî, la mère des fils de Pându, en se consacrant à l'ascèse, en partie pour racheter sa faiblesse coupable envers ses fils, qui a été cause de l'affrontement meurtrier, en partie parce que c'est la tradition dans la famille. Il fait ses adieux à son peuple :

&laqno; Ici rassemblés, vous écoutez d'une même oreille, ô Kuru du désert, vous les brâhmanes, vous les guerriers, vous les paysans et les serviteurs,

&laqno; Vous les Kuru, qui depuis longtemps habitez ensemble, qui êtes des amis les uns pour les autres et qui aimez vous porter mutuellement secours,

&laqno; Ce que j'ai à dire, maintenant, en ce moment précis. Et à mes paroles, vous devrez vous conformer sans hésiter.

&laqno; Ma décision est prise de me retirer dans la forêt, avec Gândhârî. J'ai le consentement de Vyâsa et de votre roi, le fils de Kuntî. Accordez moi aussi le vôtre, sans hésiter.

&laqno; La félicité durable que nous avons partagé, vous et moi, je pense qu'on ne la trouve dans aucun autre royaume.

&laqno; Je suis usé par l'âge, j'ai perdu mes fils, je suis affaibli par le jeûne, ainsi que Gândhârî,ô peuple irréprochable !

&laqno; Mes amis, depuis que Yudhishthira gouverne, j'ai éprouvé un grand bonheur, plus intense, je pense, que sous le règne de Duryodhana.

&laqno; Pour moi, aveugle, vieux, privé de mes fils, où aller, sinon dans la forêt ? Permettez-le moi, ô mes fidèles. »

et part. Les fils de Pându viennent lui rendre visite et Vyâsa, toujours lui, leur procure la vision des héros défunts, heureux et réconciliés:

La nuit était tombée, les rites du soir accomplis. Tous ceux qui se tenaient là s'approchèrent de Vyâsa.

Le juste et pur Dhritarâshtra, l'esprit tendu, s'assit avec les Pândava et les brâhmanes.

Gândhârî s'assit avec les femmes et de même tous les sujets du royaume, par ordre d'âge.

L'illustre Vyâsa, le Grand Ancien, entra dans les eaux pures de la Bhâgîrathî (Gangâ) et convoqua les mondes.

Les guerriers Pândava et Kaurava, les rois valeureux, étaient en effet dispersés et habitaient toutes sortes de séjours.

Alors un grand tumulte se fit dans les eaux, comme autrefois entre les deux armées des Kuru et des Pândava.

Et derrière Bhîshma et Drona, par milliers, tous les rois et leurs soldats surgirent des eaux du fleuve.

Virata et Drupada, avec leurs fils et leurs guerriers, les fils de Draupadî et le fils de Subhadrâ (Abhimanyu), le colossal Ghatotkaca,

Karna et Duryodhana, les fils valeureux de Dhritarâshtra conduits par Dusshâsana, Bhagadatta et le roi Jalasamdha, Bhûrishravas, Shala, Shalya, Vrishasena et son frère,

Lakshmana et son fils, les fils de Dhrishtadyumna et tous les fils de Shikhandin, Dhrishtaketu et son frère, Acala, Vrishaka et le démon Alâyudha, Bâhlîka, Somadatta et le roi Cekitâna,

Et beaucoup d'autres, trop nombreux pour être tous cités, tous surgirent des eaux, revêtus d'un corps de lumière.

Ces rois apparaissaient, chacun avec la tenue, l'étendard, la monture qu'il avait lorsqu'il combattait.

Tous portaient des vêtements divins, tous des bracelets étincelants. Ils étaient sans haine, sans orgueil, sans colère ni courroux.

Chantés par les Génies, loués par leurs hérauts, portant vêtements et guirlandes célestes, ils étaient entourés d'essaims de Nymphes.

Le fils de.Satyavatî (Vyâsa) avait accordé à Dhritarâshtra une vision divine. Il en était heureux.

La glorieuse Gândhârî, pourvue également de ce divin pouvoir de clairvoyance, vit alors ses fils, et tous les autres, qui étaient morts au combat.

Tout le peuple, les yeux écarquillés, contemplait étonné ce grand prodige, inimaginable et enchanteur.

Il regardait cette multitude joyeuse d'hommes et de femmes enivrés de bonheur, cette armée en marche, comme une étoffe multicolore.

Et Dhritarâshtra les voyait tous de sa vision divine, et se réjouissait de la faveur que lui avait faite Vyâsa.

Dhritarâshtra trouve ensuite une mort pacifiée dans un incendie de forêt.

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Le Livre des Pilons (Mausalaparvan)
Mahâbhârata, Livre XVI

Au Livre XVI, trente-six ans se sont maintenant écoulés depuis la fin de la guerre, et c'est le temps où va se réaliser la malédiction de Gândhârî. Des présages terribles se présentent :

La mort, sans cesse, rôdait autour des maisons des Vrishni et des Andhaka, qui se tenaient sur leurs gardes.

Un être terrible, hideux, chauve, rouge foncé, passa leurs maisons en revue, puis on ne le vit plus nulle part.

Tous les jours, ils voyaient des tempêtes, violentes et effrayantes, se lever l'une derrière l'autre, annonçant leur destruction.

Les rats se multipliaient dans les rues, les jarres d'eau se brisaient, des merles sifflaient à tue-tête dans leurs maisons. Jour et nuit, le bruit était assourdissant.

Les hérons imitaient le hululement des hiboux, et les béliers le jappement des chacals.

De blanches colombes aux pattes rouges, poussées par le destin, volaient en tous sens dans leurs maisons.

Les vaches donnaient naissance à des ânes, les mules à des chameaux, les chiennes à des chats et les mangoustes à des rats.

Les Vrishni ne rougissaient plus de faire le mal : ils étaient hostiles aux brâhmanes, aux ancêtres et aux dieux mêmes,

Et méprisaient même leurs maîtres, à l'exception de Râma (Balarâma) et Janârdana (Krishna). Les femmes trompaient leurs époux, et les époux leurs femmes.

Le soleil éclatant tournait de la droite vers la gauche et lançait des rayons tantôt noirs, tantôt rouges, tantôt garance.

L'astre du jour se levait à l'ouest sur la ville et on le voyait souvent disparaître sous les nuées.

La nourriture était préparée et dressée soigneusement dans les cuisines, et pourtant, dès qu'on y touchait, on y voyait des vers.

Ils entendaient s'échanger des bonjours, et des brâhmanes prier. Ils s'approchaient, et ne voyaient personne.

Les Vrishni et les Andhaka sont le peuple de Krishna. Ils partent pour un pèlerinage vers un lieu sacré, au voisinage de l'océan. Mais là, ivres, ils s'entre-tuent à l'aide de pilons de fer qui se sont formés à partir d'une touffe d'ivraie lancée par Krishna. Le frère de Krishna, Balarâma, meurt et rejoint l'océan, Krishna se repose au pied d'un arbre et est tué par la flèche d'un chasseur.

Son frère ainsi parti, Vâsudeva (Krishna), sachant
De sa vision divine que tout était fini,
S'enfonça, songeur, dans la forêt déserte,
Et s'assit sur le sol, drapé de son éclat.

Il savait déjà ce qui allait arriver.
Gândhârî le lui avait dit autrefois.
Krishna se souvint des paroles de Durvâsas,
Le jour où il s'était enduit de restes de riz au lait.

Repensant à la fin des Vrishni et des Andhaka,
Et à l'anéantissement des Kuru, le digne Krishna,
Comprit que les temps s'accomplissaient,
Et entreprit de maîtriser ses sens.

Krishna, les sens, la parole et l'esprit suspendus,
Dans la posture du disciple, entra en méditation.
Alors survint en ce lieu le chasseur Jarâ,
Avide et violent dans son envie de proie.

Le chasseur prit pour une gazelle
Keshava (Krishna) allongé et méditant,
Et d'une flèche le frappa à la plante des pieds.
Il courut ramasser son gibier,

Et vit alors un homme vêtu de jaune,
Un ascète méditant, un dieu aux mille bras.
S'apercevant de sa méprise, le visage défait,
Il reposa sa tête sur les pieds de Krishna.

Ce dernier, magnanime, le consola,
Et s'éleva, emplissant ciel et terre de son éclat.
A son arrivée au ciel, Indra et les Ashvin,
Les Rudra et les Âditya, tous les Vasu,
Les Siddha, les Génies éminents,
Suivis des Nymphes, vinrent à sa rencontre.

Le seigneur Nârâyana (Krishna) à l'éclat insoutenable,
Originel et immuable, maître spirituel,
Emplit avec splendeur; le ciel et la terre,
et gagna son séjour incomparable.

Arjuna, un des fils de Pându, vient chercher les femmes des Vrishni, restées seules dans leur ville de Dvârakâ, privées de leurs époux, de leurs fils. Il a une vision de la ville engloutie par l'océan :

Il vit Dvârakâ comme une rivière : ses gouttes d'eau, c'étaient les Vrishni et les Andhaka, ses poissons les chevaux, ses bateaux les chars, le bruit de son courant celui des voitures et des chansons, ses monstres aquatiques les maisons et les temples,

L'entrelacement de ses algues les bijoux ouvragés, ses méandres les enceintes robustes, ses tourbillons la foule des grandes rues et ses eaux calmes les carrefours,

Ses pêcheurs Râma et Krishna, ses filets les lacets de la mort. Elle ressemblait à la rivière des enfers, l'horrible Vaitaranî.

Le sage Arjuna vit Dvârakâ, privée de ses guerriers Vrishni, infortunée, désolée comme un étang de lotus en hiver.

Il partira avec toutes les femmes pour les mettre à l'abri dans sa propre capitale d'Hâstinapura, juste avant l'engloutissement de la ville. En route, il sera attaqué par des brigands, et s'apercevra qu'il a perdu sa force, que son arc magique ne lui répond plus, que les flèches de son carquois inépuisable se tarissent. Vyâsa lui fait comprendre que son temps est fini :

Les guerriers Vrishni et Andhaka ont été détruits, brûlés par la malédiction des brâhmanes. Ne les pleure pas, ô vaillant Kuru !

Cela devait arriver, c'était le destin de ces héros. Et Krishna n'a rien fait, même s'il aurait pu s'y opposer.

En d'autres circonstances Krishna pourrait maîtriser la totalité des trois mondes, avec tout ce qu'ils contiennent ; à plus forte raison la malédiction des brâhmanes !

C'est par affection pour toi qu'il s'est tenu à l'avant de ton char, portant disque et massue, l'immémorial Krishna Vâsudeva aux quatre bras.

Après avoir soulagé la vaste terre de son fardeau, après avoir libéré l'univers, Krishna aux vastes yeux est parti dans son séjour céleste.

Tu as réalisé le grand oeuvre des dieux, avec Bhîma et les jumeaux, ô puissant guerrier.

Votre devoir est totalement accompli, j'en suis convaincu. Le temps est venu du départ, cela me semble préférable.

Aux temps originels, règnent la force, l'esprit, la vigueur, l'intelligence, ô Bhârata. Ils disparaissent quand la fin s'approche.

La semence de l'univers s'enracine dans le temps, Dhanamjaya (Arjuna). Et le temps la déracine à son gré.

Celui qui était fort redevient faible, celui qui commandait est à son tour commandé.

Tes armes, qui t'ont bien servi, sont maintenant parties. Elles te reviendront en temps voulu.

Il est temps pour vous d'entreprendre votre dernier voyage. Je ne vois rien de mieux pour vous, ô vaillant Bhârata. »

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Le Livre du Grand Départ (Mahâprasthânikaparvan)
Mahâbhârata, Livre XVII

Après avoir réglé les affaires du royaume, Yudhishthira et ses frères renoncent au monde et partent en pèlerinage, de lieux saints en lieux saints, accompagnés de leur épouse commune, Draupadî, et suivis par un chien.

Yudhishtira marchait en tête, Bhîma tout de suite après, Arjuna derrière lui, puis les jumeaux : tel était leur ordre de marche.

Derrière eux venait la resplendissante Draupadî aux yeux de lotus, la perle des femmes.

Le chien, tout seul, suivait les Pândava dans la forêt.

Ils gravissent ensuite une montagne gigantesque et mythique, le Meru, séjour des dieux. Mais un à un, Draupadî, puis les frères de Yudhishthira, meurent en route. Yudhishthira, farouche, poursuit son chemin, toujours suivi par le chien. Et quand Indra lui propose d'entrer directement au ciel, sans passer par la mort, il refusera d'abandonner ce compagnon fidèle :

Livrer un réfugié, tuer une femme,
Voler un brâhmane, trahir un ami,
Voilà quatre méfaits. Abandonner un être
Qui vous est fidèle, c'est pour moi tout pareil.

Ce n'était qu'une épreuve, le chien était le dieu Dharma qui voulait l'éprouver. Yudhishthira entre triomphalement au ciel, sur le char céleste d'Indra.

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Le Livre de la Montée au Ciel (Svargârohanaparvan)
Mahâbhârata, Livre XVIII

Et là, à sa stupéfaction, il voit tous ses anciens ennemis, honorés et heureux. Ses frères ne s'y trouvent pas, non plus que Draupadî. Il demande à les rejoindre :

Quand Yudhishthira, le Roi-très-Juste, entra dans le ciel d'Indra, il vit .Duryodhana siégeant sur un trône, comblé de bonheur,

Rayonnant comme le soleil, empreint de la dignité des héros, entouré de dieux éblouissants, bienveillants et secourables.

Alors Yudhishthira, qui n'avait rien pardonné, eut un brusque mouvement de recul en voyant le bonheur de Duryodhana,

Et s'exclama : &laqno; Je refuse de partager ces mondes avec Duryodhana, cet être cupide et stupide !

&laqno; Par sa faute, nous avons détruit dans une guerre totale, amis, parents, le monde entier, après avoir souffert dans la forêt.

&laqno; A cause de lui, notre très belle et très vertueuse épouseDraupadî, princesse des Pancâla, a été bafouée en pleine assemblée devant ses maris.

&laqno; Bonsoir à vous, ô dieux ! Je n'ai pas envie de voir Duryodhana. Je veux aller où sont mes frères. »

Sa prière exaucée, un messager divin le conduit. mais la scène tourne au cauchemar

Devant, marchait le messager des dieux et le roi derrière, sur un chemin funeste et malaisé, hanté de malfaiteurs,

Obscur, affreux, puant et malfaisant, hérissé d'une toison d'herbes gluantes, maculé d'une fange empestée de charogne et de sanie,

Infesté de mouches, de moustiques et d'insectes cuisants, jonché ça et là de cadavres,

D'os et de cheveux, grouillant de vers et de larves, entouré de tous côtés de flammes brûlantes,

Assailli de vautours, de corbeaux au bec de fer et d'oiseaux au bec pointu, s'enfonçant au milieu de montagnes de cadavres

Ruisselants de graisse et de sang, les mains, les bras, les cuisses sectionnés et jonché de membres et d'entrailles arrachés, jetés ça et là.

Le Roi-très-Juste, en plein désarroi, marchait au milieu de ce chemin effroyable et funeste, empuanti de charognes.

Il vit une rivière infranchissable, gonflée d'eaux bouillantes, une forêt de lames d'épées bardée de rasoirs affilés,

Des coulées de lave brûlante et des rochers d'airain, partout des chaudrons de fer remplis d'huile bouillante,

Et des ronces de torture, piquantes, hérissées de cuisantes épines.

C'est l'enfer, et ses frères s'y trouvent ! Yudhishthira ne comprend plus :

En entendant ces voix dont l'accent lui était familier, il se demanda :&laqno; Pourquoi un tel destin ?

&laqno; Quelle faute ont-ils donc commise, ces êtres admirables, Karna, ou la belle princesse des Pancâla, ou bien ses fils ?

&laqno; Vertueux, ils sont dans ces lieux épouvantables, et pourtant, que je sache, ils n'ont commis aucune mauvaise action !

&laqno; Quel bien a donc fait le fils de Dhritarâshtra, cet infâme roi Suyodhana, pour jouir du bonheur avec toute sa clique ?

&laqno; Il est comblé d'honneurs, comme le noble Indra lui-même ! Par quelle aberration ceux-ci se retrouvent-ils en enfer ?

&laqno; Ils connaissaient tous leurs devoirs, c'étaient de sages héros et d'excellents guerriers, ils parcouraient les chemins de la vérité, ils offraient de nombreux sacrifices et de multiples aumônes !

Il décide de rester avec ses frères. Mais ce n'était qu'une illusion, une ultime épreuve. Les dieux viennent le rejoindre :

&laqno; Vaillant Yudhishthira, les dieux innombrables se délectent en toi ! Viens, viens, cela suffit ! Tu as atteint la perfection, ô roi courageux, et les mondes impérissables t'appartiennent.

&laqno; Ne te mets pas en colère, écoute-moi. Inéluctablement, tous les rois doivent passer par l'enfer.

&laqno; Les bonnes actions et les mauvaises forment deux ensembles distincts. Qui profite d'abord du fruit des bonnes actions va ensuite en enfer, mais qui va d'abord en enfer monte ensuite au ciel.

&laqno; Ce sont surtout les méchants qui vont d'abord au ciel. C'est pourquoi, pour ton bien, je t'ai envoyé ici, ô roi.

&laqno; Pour le tromper, tu as approché Drona en lui parlant de son fils. Pour cette tromperie, ô roi, cet enfer t'a été montré.

&laqno; Pour cette tromperie, Bhîma, Arjuna le fils de Prithâ, les jumeaux et Krishnâ Draupadî, ainsi que toi-même, êtes allés en enfer.

&laqno; Viens, héros, car les rois et leurs soldats, qui sont morts pour toi, sont libérés de leurs fautes. Regarde, puissant guerrier, ils sont tous au ciel.

Et tous les protagonistes de l'épopée se retrouvent dans la félicité du ciel, apaisés et heureux. Nous ne résistons pas au plaisir de donner ci-dessous les dernières strophes de l'épopée :

Celui qui récitera cette histoire, livre par livre, sera libéré de ses fautes, et gagnera le ciel pour s'absorber en Brahmâ.

Celui qui la fera entendre, strophe par strophe, à des brâhmanes, rejoindra ses ancêtres ; sa nourriture et sa boisson seront inépuisables.

Celui qui récite le Mahâbhârata après la prière du soir, est libéré des fautes qu'il a commises dans la journée, en pensées ou en actions.

Pour le devoir, pour les affaires, pour le plaisir et pour le salut, tout ce que l'on trouve dans ce récit, existe aussi ailleurs. Tout ce que l'on n'y trouve pas, n'existe pas.

Cette histoire, elle s'appelle "Victoire". Tous les rois, s'ils désirent le succès, doivent l'entendre, et leurs fils, et leurs épouses enceintes.

S'ils désirent le ciel, ils obtiendront le ciel, s'ils désirent la victoire, ils obtiendront la victoire. Et leurs épouses enfanteront des fils, ou bien des filles méritantes.

Le seigneur Krishna Dvaipâyana (Vyâsa), avec amour et conscience, a composé la grande histoire des Bhârata en moins de trois ans.

Nârada la fit entendre aux dieux, le pâle Devala aux mânes, Shuka aux démons et aux génies et Vaishampâyana aux hommes.

Celui qui fait entendre aux trois castes, et d'abord aux brâhmanes, cette histoire pure, riche d'enseignements et appréciée des dieux,

Sera libéré de ses fautes, sera célèbre, ô Shaunaka, et se réalisera complètement ici-bas, il n'y a aucun doute là-dessus.

Celui qui apprendra ce poème avec foi, sera, à la suite de cette étude, libéré de toutes ses fautes.

Le Grand Ancien, le seigneur Vyâsa, composa jadis ce poème en quatrains, et le fit apprendre à son fils Shuka.

Des pères et des mères par milliers, des fils et des épouses par centaines, se succèdent au cours des âges, et d'autres les suivent.

Des joies par milliers, des craintes par centaines, assaillent jour après jour l'insensé. Jamais le sage.

Les bras au ciel, je crie, et personne ne m'écoute ! Le devoir procure la richesse et le plaisir. Pourquoi ne le suit-on pas ?

Par plaisir, par peur, par cupidité, pour sauver ta vie,
N'abandonne jamais le devoir !
Le devoir est éternel, bonheur ou malheur éphémères,
L'âme est éternelle, le corps éphémère.

Celui qui lit, dès son lever, cette épopée sacrée, obtiendra les mêmes avantages que les Bhârata, et s'absorbera en Brahmâ.

On dit que l'océan majestueux et la montagne Himavant recèlent des trésors. On en dit de même du Mahâbhârata.

Celui qui le lit avec attention obtiendra la perfection suprême, il n'y a pas de doute là-dessus.

Celui qui se fait réciter, pour l'apprendre,
Cette sainte histoire salvatrice et bienfaisante,
Prodige tombé des lèvres de Dvaipâyana, (Vyâsa)
Que lui vaudrait d'être oint des eaux du Pushkara ?




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