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Editions CARÂCARA

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NAVIGATION DE SAINT BRENDAN
LA FASCINATION EXERCEE PAR LA LEGENDE DE SAINT BRENDAN
Annexes de la première partie

APPENDICE I : L'ETUDE COMPARATIVE DE HILLIERS-CAULKINS
a) Le cadre religieux b) Le nombre des compagnons c) Le Temps d) Le temps qu'il fait
e) L'itinérairef) Le Merveilleux g) Le vraisemblable
APPENDICE II : HYMNUS SANCTI BRENDANI CONFESSORI
APPENDICE III : POEME EN MOYEN-IRLANDAIS SUR SAINT BRENDAN LE NAVIGATEUR
APPENDICE IV : HISTORIETTE SUR SAINT BRENDAN
APPENDICE V : VERS SATIRIQUES DE NICOLAS DE BIBRA SUR LES MOINES IRLANDAIS D'ERFURT
APPENDICE VI : SATIRE EN VERS RYTHMIQUES SUR LA LEGENDE DE SAINT BRENDAN
APPENDICE VII : AD FACIENDUM JUDITIUM CUM PSALTERIO
APPENDICE VIII: IMRAM de J.R. TOLKIEN
APPENDICE IX : LES TROIS CLERCS ET LE CHAT
APPENDICE X : ORATIO S. BRENDANI

 retour présentation

 retour Ière partie

 Notes

 Texte latin & Traduction

 


APPENDICE I

L'étude comparative de Hilliers-Caulkins : le poème de Benedeit-(XIIème siècle 1100-1220) et la Nav latine (VII-VIIIème siècles).

Dépassant le stade des divergences anecdotiques ou structurelles, la thèse ici présentée, a l'avantage de livrer thématiquement les différences d'orientation de ces deux textes au succès sensiblement égal au Moyen-Age et à considérer leur diffusion respective.

Longtemps fut posé le problème de l'originalité de Benedeit par rapport aux Vitae Sancti Brendani (Prima et Secunda) qui s'éloignent de la Navigatio de la même manière que le poème anglo-normand s'en écarte : ainsi Plummer (1) estima, un temps, que la Vite Secunda était antérieure au poème de Benedeit qui s'en inspirait, mais il confessa son erreur, peu après, convenant avec Suchier et Pfitner (2) de l'inverse. La découverte par Selmer (3) d'un manuscrit inconnu à Lisbonne permit une nouvelle approche, mettant en évidence ce qui séparait les Vies du poème de Benedeit et du ms. de Lisbonne : les Vies sont plus courtes que Benedeit et le ms. de Lisbonne, aux passages explicatifs et dramatiques (la mise en valeur de l'action est plus grande chez Benedeit et dans le ms. de Lisbonne); les Vies sont plus longues dans les passages insistant sur l'aspect matériel et moral de l'aventure. Ce résultat est obtenu par Selmer, en relevant les membres de phrases développés ou absents selon l'un ou l'autre groupe de textes. Toutefois, le rapprochement des deux Vies est contestable, car, ce qui vaut pour la Vita Prima, n'est pas toujours applicable à la Vita Secunda, bien plus proche du poème de Benedeit quant à son orientation artistique. Selmer, enfin, expliquait les ressemblances de ces textes entre eux (Benedeit - ms. Lisbonne; Vitae) par une commune origine : un texte en ancien français, perdu. Thèse aussi soutenue, dès 1928, par Waters (4) l'éditeur du poème de Benedeit.

Il ressort que Benedeit ne s'est peut-être pas, le premier, éloigné de la Nav latine, mais que l'originalité de sa création réside dans la qualité de ses vers, autant que dans le caractère allégorique qui domine son poème, comme le montre Hilliers-Caulkins.

Sept critères sont choisis dans son étude pour déterminer l'apport de Benedeit par rapport à la Nav. Nous en donnerons ici un résumé.

a)Le cadre religieux :

 NAV

 BENEDEIT

 Néant  Utilisation de la légende pour présenter ses idées.
 Rencontre inattendue de Barintus.   Saint Brendan prie Dieu de voir le Paradis et l'Enfer avant de mourir :v. 47-50/65-70
 Barintus est peu décrit  Barintus est un abbé qui dirige 300 moines v.75-80:
 Saint Brendan prie la nuit du départ.  Un ange apparaît à Saint Brendan v.142-144
 Néant.  Leçon de morale du saint à ses compagnons qui ont trop bu d'eau interdite : v. 821-822
 Néant   Leçon de morale à la mort du deuxième compagnon : v 1199-1206
 Néant  Vie idyllique de Paul l'ermite : v. 1543-1544 1560-1564.
 Métamorphose dominicale   Métamorphose Permanente des Oiseaux en Anges v.521-536.
   

b)Le nombre des compagnons :

 14  14 Obéissance totale. Symbole de la voie difficile à suivre pour le chrétien : v. 551-552.
 3 en plus  3 en plus; Saint Brendan les accueille à contre coeur : v. 195-202.
 Le premier meurt pardonné  Le premier est puni de mort (vol d'une coupe d'or v.310-342
 Le deuxième va sur l'île des 3 choeurs  Le deuxième se suicide en mer à la vue de ses péchés : v. 1200-1206
 Le troisième va en Enfer  Le troisième a un sort inconnu : v. 1506- 1515.
 Distinction constante 14 + 3 car aucun individu n'échappe à ce qu'il mérite.  Sens symbolique des chiffres

 

c) Le Temps

 Temps pluriel et incertain  Temps symbolique : 7 ans pour aller au Paradis, 3 mois pour en revenir. v. 1827-1840.
 40 = Carême temps de purification  40 = Déluge (Noé) Satan tente Jésus 40 jours
 4 = Créature (Saint Augustin)  Chargement du navire pour 40 jours : v : 183-184.
40 jours pour atteindre le port : v. 259-264
 Ténèbres - La Lumière se fait au 3ème jour à l'approche du Paradis  La Lumière = 3ème jour de la Création
 7 ans  
   
   
   

 

 

1 an = renouvellement moral d'un homme; 7 ans = achèvement, perfection : v. 551-564.

 

Repos à Pâques et Pentecôte Paques et Pentecôte sont les 2 aspects

d'une même fête : retour du Sauveur à la fin des temps (2nd Avènement) et retour de l'Avent (calendrier de l'église) Le voyage est donc lui-même cyclique.

Vers l'île d'Albe; De Pentecôte à Noël : 4 mois de souf

durée (8 mois) - frances physiques + 2 mois de souffrances

sans contenu spécifique morales (1'île d'Albe est en vue mais

inaccessible. v.629-632) + 40 jours pour atteindre le port v. 633-638. Durée divisée symboliquement.

 

d)Le temps qu'il fait

 Néant  Vent favorable au départ = présence de Dieu : v. 185-186
   
   
   

 

; protection de Dieu : v 621-624/v 785-786.

L'accalmie annonce la tempête, le danger (serpents de mer) : v. 899-9l4/973-976. Temps d'effroi nécessitant l'appel à Dieu. Le calme total précède l'approche de Judas:

v.1259-1260.

Le Brouillard entoure Le Brouillard est un voile devant la vérité. et nécessite la confiance en Dieu v.1650-1658

.

e)L'itinéraire
 Lieux réels : Clonfert, l'île d'Aran etc.   Lieux réels : v. 163-172 Cap Brandon (près de Dingle)/ v. 1819-1819 Côte Ouest de
l'Irlande.
 4 points cardinaux   Sens symbolique des 4 points cardinaux;
   Benedeit ne garde que l'Ouest (= peine, lutte, v. 897-898) et l'Est (= Paradis, vent d'Est, Dieu, v. 211-212) et élimine le Nord (= Doute; aux vers . 979-984 les moines virent au Nord, mais ayant confiance en Dieu, Benedeit omet de le dire), et le Sud (= Supériorité religieuse; aux vers 1511-1514 - L'île de l'Ermite Paul -, pour éviter ce sens Benedeit oublie d'indiquer le Sud; de même, aux vers 1613-1616, les moines allant vers le Paradis ne peuvent être dits aller au Sud). Ces oublis renforcent l'aspect symbolique.
   

 

f)Le Merveilleux

 Récit plus neutre  Benedeit amplifie le merveilleux v. 267-276 description du château merveilleux v. 1683-1692- "de la procession des moines de l'île d'Albe;v. 1709-1715 ajout des dragons et de l'épée à la porte du Paradis. v. 675-693/1737-1744 description du Paradis (bois, jardins, etc.)
 Récit plus neutre  v. 1083-1089 description de l'Enfer. Benedeit amplifie le terrifiant, le miraculeux v. 1024-1030 Griffon;v. 1107-1144 Enfer/v. 745-748 apport miraculeux d'aliments.
   Richesse du coloris; attrait de l'effroi.
 

 

g)Le vraisemblable

 Néant

 Souci du vraisemblable pour éviter 1'ennui ou la croyance en un conte de fée; volonté de mener les auditeurs à s'identifier aux moines. Choix de bons compagnons : v 117-122; Adieu émouvant : v. 149-156.

Réparation après construction du navire :

V173-180(construction)/v 597-598(réparation)

Joie de changer de vêtements : v. 829-830;

Amarrage du navire: v 260-264/v. 869;

   Sentiments humains (peur, joie, déception) des moines : v 454-474/902-903// v220-222; Confiance en Dieu : v. 840-850; Développement spirituel : v 978-984; Saint Brendan fait preuve de curiosité (v. 413-422/ 504-508/ 1221-1226), est un excellent psychologue (v. 1055-1058) qui sait réconforter moralement.

 

Le travail de Hilliers-Caulkins a le mérite de mettre en évidence l'importante différence d'inspiration de la Nav et du poème de Benedeit. A un texte d'essence autre que littéraire (soit qu'on le veuille "fruste"ou qu'on le dise " expérimental "), s'opposent la perfection formelle et la continuité allégorique du poème de Benedeit. Par l'analyse thématique qui autorise une telle découverte jusqu'alors plus pressentie qu'effective, il serait possible d'envisager une étude du même type, portant sur les versions postérieures en langue allemande (5)(XIII-XIVème siècles) sur le poème (XIIIème siècle)(6) en Vieux Français de Gautier ou Gossouin de Metz, sur la traduction latine que l'évêque Alexander (7) fit aux XIIIème siècle-XIVème siècle, du poème de Benedeit. Il resterait à s'interroger, avant d'entreprendre la comparaison, sur la validité des critères, sur leur emploi d'un texte à l'autre, afin d'obtenir les meilleurs résultats. La critique brendanienne s'en trouverait augmentée de façon pertinente.

 

NOTES.

(1)C. Plummer : "Some new lights on the Brendan Legend" Zeits. F. Celtische Philologie 5 (1905) p.124-264; in

"Lives of the Irish Saints" t.l. Introd. pp. XXII-XIII. Plummer revient sur son opinion.

(2)E. Pfitzner : "Des anglonormannische gedicht von Brendan als quelle einer lateinischen Prosafassung". Halle

1910. H. Suchier "Brendans Seefahrt" Böhmers Romanische Studien I ­ 1875-553-586.

(3)C, Selmer "The Lisbon Vita Sancti Brendani abbatis " Traditio 13 p. 313- 344 ­ 1957.

(4) G.R. Waters "The Anglo Norman Voyage of Saint Brendan by Benedeit" Oxford 1928; Autre édition plus

récente : I-anShort et Brian Merrilees "The Anglo-Norman Voyage of St-Brendan-Benedeit" - Manchester

University Press l979.

(5): C. Schröder. o.c.

(6): Ed. Hilka. o.c.

(7): Ernest Martin. o.c.

APPENDICE II

HYMMUS SANCTI BRENDANI CONFESSORIS

Cette hymne est un précieux témoignage de la diffusion de la Légende de Saint Brendan, sur le continent Européen dès le IXème siècle (et même peut-être avant). Les missionnaires irlandais si nombreux à parcourir l'Europe Occidentale d'alors ont pu emmener avec eux textes ou souvenirs des récits concernant l'aventure du saint. Ivréa fut un saint irlandais, à l'origine du nom de cette cathédrale située en Italie du Nord, près de Turin. (Ed. Ernst DÜMMLER - Gedichte aus Ivrea. In Zeits, für Dtsches Alterthum n° 14 N.F. 2. 1869. p. 256. M s. du IXème siècle de la Cathédrale d'Ivréa.(nr. 85.F°I7)).

Jam Brendani sanctos mores Que désormais frères et soeurs
canant fratres et sorores. Chantent la vie sainte de Brendan !
Sub concordi cantilena Que la Muse le serve
sibi serviat camena (1) De ses airs harmonieux.

Pater fuit monachorum Il fut père de moines
castitatis amans thorum(2), Aimant le lit nuptial de la chasteté,
hujus mundi sprevit thorum Il méprisa le lit nuptial de ce monde ;
nunc collega supernorum. Maintenant élu parmi les élus.

Is imploret nos salutari Il priera pour notre salut
naufragantes in hoc mari, Nous qui sombrons en cette mer
ferat opem cito lapsis(3) Qu'il nous tire vite des rouleaux de vagues
pressis mole gravis fascis. S'écrasant, du paquet d'eau pesant.

Rex supremus, deus pater, Roi suprême, dieu notre père
quem lactavit virgo mater Que la Vierge allaita,
sancti flaminis cum velle(4) Que sous la protection du saint prêtre
nos divino pascant melle. Amen. Ils nous nourrissent d'un divin miel. Amen.

NOTES.

(1) Camena : muses -poème, poésie.

(2) thorum ou torum : lit nuptial.

(3) lapsis pressis : rouleaux de vagues écrasées.

(4) velle : bandelette ( du prêtre ) ?

APPENDICE III

 

POEME EN MOYEN-IRLANDAIS SUR SAINT BRENDAN LE NAVIGATEUR

 

Ce texte lacunaire du Xième siècle, tiré du Livre de Leinster (ms. XIIème siècle, colonnes 366 et 369) a été publié par Kuno MEYER dans la revue Preussischen Akademie der Wissenschoften t. XXV.(pp. 436-443) 9 Mai 1912. Kuno MEYER donne une traduction en allemand de ce texte; c'est de cette traduction que nous proposons la version française ci-dessous :

Strophe1 Bienvenu, bienvenu Brendan ! Flamme dont la gloire a pénétré jusqu'en Létavie (= Bretagne) ! Bienvenu, Maitre de Clonfert, à qui les splendeurs du monde sont assujetties.

 

Strophe 2 Bienvenu, et meilleure venue ! fils de Findlug aux boucles blondes ! Chaque

demeure est pour toi sereine; à toi le commandement du cloître de Gildas.

 

Strophe 3 Tu es descendu dans les ravins montagneux des Lions, tu as éprouvé plus de

tourments qu'aucun autre saint; loin de toi est, tu y échappas( ?).

 

Strophe 4 Dans la lointaine terre de Taprophane (= Ceylan) qui se repose sur l'arbre du

soleil comme sur un pilier, le long du froid Jourdain, tu fus un pèlerin irlandais.

 

Strophe 5 Tu as vu..., tu as évitée, sur la montagne de Sion, tu as marché d'un pas vif et

ardent.

 

Strophe 6 En traversant les chaînes de montagne, tu as espéré avec ferveur le splendide

royaume de la Lumière, de ... l'Apôtre, après avoir erré, après ton Carême.

 

,Strophe 7 Strophe 7 Dans les demeures des Grecs, tu as séjourné longtemps, avec Douze hommes tu es parti; bien des Îles tu as vues en plus des îles de ... (= les îles occidentales ?)

 

Stroehe 8 Strophe 8 Rome au grand âge, remplie de félicités, et Tours sont placés sous ta protection; tu possèdes, ô Roi des rois, une tour (= oratoire) à Iona et à Alech.

 

Strophe 9 Je préfère aux beuveries et chants des grandes fêtes, ton voyage sur ton esquif d'île en île. Bienvenu en mon cur !

 

Kuno MEYER souligne les points où le poème rejoint la Légende de Saint Brendan (Vita Prima, Von sente Brandan, Betha Brénainn), à savoir la visite de Brendan chez Gildas, chez Columban; son baptême avec de l'eau du Jourdain (d'où l'étymologie populaire de Broen déan : "Goutte d'eau" - Livre de Leinster. 371 b). L'ensemble du texte, sinon, s'en éloigne par le fait que le voyage s'effectue à l'Est, et non à l'Ouest (visite de la Grèce, de Rome), que Taprophane est la limite du monde (l'étymologie populaire propose "Tipra Fane", soit "Fontaine de l'Aurore"), assimilée à un arbre (influence du Roman d'Alexandre (1) du Pseudo Callisthène III 27 -)ou à un piédestal d'où se lève le soleil (à rapprocher du Voyage de Bran § 47. Maèlduin § 62). S'agit-il d'une rationalisation du voyage de Saint Brendan ?

En effet, Jérusalem est à nouveau le centre de l'univers comme l'entendaient les auteurs du XI-XIIème siècles alors que le Voyage de Saint Brendan n'en fait pas mention.

(1) Ed. DIDOT. Paris 1846. p. 139-140.

 

 

APPENDICE IV HISTORIETTE SUR BRENDAN

 

. Livres de Leinsters - (f° 311);( Fonds Celtique B-N f° 29 v.1)

 

Vieil-irlandais (XIIème siècle).

 

. Traduction :,J. Vendryes (Revue Celtique n° 31 pp. 310-3ll).

 

Ce texte est une homélie, ou le schéma d'un possible sermon, à partir de l'aventure en mer de Brendan. Il s'agit de "lieux communs de la littérature religieuse" (J. Vendryes).

 

Brendan alla retirer de l'enfer l'âme de sa-mère. Son âme ( de Brendan) eut à se battre continuellement avec les démons, jusqu'à ce qu'il retirât sa mère des mains des démons. Pendant ce temps, l'évêque Mainenn gardait son corps. L'esprit de Brendan revint dans son corps tout affligé; et il poussa un soupir. L'évêque Mainenn l'interrogea alors et lui dit : "Crains-tu la mort, ô Brendan ?" dit l'évêque Mainenn - "Je la crains certes", dit Brendan. "La mort est certaine, le moment incertain. Abandon des amis, visage d'ennemis, voyage inconnu, pays étrange, chemin sombre, séjour sans retour, menace de colère, menace de bêtes, vallée effrayante que n'atteignent pas les yeux des hommes, férocité de feu et de bêtes, pont oblique, instable au-delà... Un roi certain devant toi, un jugement incertain auprès de lui... Destruction hideuse, séjour de famine, longue maladie, attente du jugement....C'est un royaume disputé que le royaume céleste, or il est différent de ce royaume périssable qu'aiment les rois de la terre. Celui-ci aveugle comme un nuage, tue comme le sommeil, blesse comme une pointe, coupe comme un tranchant, brûle comme le feu, noie comme la mer, engloutit comme une trappe, dévore comme une bête. Ce n'est pas le même que gardent les saints et les justes. Celui-là est une belle fleur pour l'extrême pureté, de l'argent blanc pour la blancheur, un lingot d'or pour le prix, le marteau du soleil pour l'éclat, la couleur des yeux pour la parfaite beauté, une fête pour la mélodie, un charme pour la joie, un festin pour l'abondance de vin( ?), une harpe pour l'harmonie. Heureux celui qui atteindra ce royaume, à l'endroit où se trouve Dieu lui-même, ce roi grand, beau, chaste, puissant, fort, saintement pur, juste, fin, vaste, pitoyable, miséricordieux, indulgent, vieux, jeune, savant, respectable, beau, noble, glorieux, sage, ferme, clément, miséricordieux, triple, généreux sans commandement, sans fin.

Puissions-nous atteindre, puissions-nous habiter le royaume de ce roi, in saecula saeculorum. Amen.

J. VENDRYES.

 

APPENDICE V

 

VERS SATIRIQUES DE NICOLAS DE BIBRA SUR LES MOINES IRLANDAIS D'ERFURT

 

 

Date : XIIIème siècle.

Ce texte est cité par L. GOUGAUD Ce texte est cité par L. Gougaud : Les saints irlandais hors d'Irlande 1936. Louvain. (Appendice III).

Indice d'une réaction critique contre le succès de la Légende de Saint Brendan.

 

 

Sunt et ibi(l) Scoti, qui cum fuerint bene poti,

Sanctum Brandanum proclamant esse decanum

In grege sanctorum, vel quod Deus ipse deorum

Brandani frater sit et eius Brigida mater.

Sed vulgus miserum non credens hoc fore verum

Estimat insanos Scotos simul atque profanos

Talia dicentes. Accedant scire volentes,

Ex evangelico textu probo quod tibi dico :

Qui non delinquit, sed qui perfecerit, inquit,

Velle mei patris, illum voco nomine fratris :

Immo meus frater est et soror et mea mater.

Sic sancti quique, qui regnant hic et ubique,

Et possunt fratres simul et Christi fore matres,

Si non ignores, et possunt esse sorores.

Sic Brigidam matrem Brandanum dicite patrem,

Nam perfecerunt quecunque Deo placuerunt.

 

(NICOLAUS de BIBERA, Carmen satiricum, V. 1550-1565 , éd. Th. FISCHER,

Geschichtsquellen der Provinz Sachsen, Hamme, 1870, t. ler, p. 90.

 

(1)A Erfurt, où, du temps de Nicolas de Bibra(mort après 1307), il y avait un monastère irlandais.

 

 

APPENDICE VI

 

 

SATIRE EN VERS RYTHMIQUES SUR LA LEGENDE DE SAINT BRENDAN

 

 

Date : XIIIème siècle; ms. Oxford Lincoln Collège - XXVII-

Versification : 15 syllabes avec pause à la huitième; le premier hémistiche

est de 4 trochées rythmiques, le second de 2 trochées et 1 dactyle.

Ce texte est présenté par P. MEYER (Romania 31 - Mélanges pp. 376-379); autre témoignage d'une réaction critique devant les invraisemblances de la Légende de Saint Brendan.

 

Hic poeta qui Brendani vitam vult describere

Grave crimen viro Dei videtur inurere.

0 quam stultum et vesanum est de sancto credere

Quod ter mille fratrum curam quos suscepit regere

Et pro his tremendam Deo rationem reddere,

Pro rumore quodam sibi nunciato vespere,

Inaudita levitate vellet mox relinquere

Ac per mare septem annis vagando discurrere,

Sanctum pascha supra piscem septem annis facere,

Currens semper ad occasum velo, vento remige,

Quod promittitur in celis hoc in salo querere

Quod patenter prudens quisque deputat insanie

0 rem miram, risu dignam et plenam stulticie 1

Pastorali fratres domi nudantur regimine;_

Alto mari piscis ingens pausat in solamine;

Ter milleni fratres domi festum habent lugubre;

Abbas fratres supra piscem festum agit celebre.

Riscis hic tam magnus est ut formam prestet insule,

Similis Britannie non novit latus vertere,

Et ab orbe condito non cessat caudam querere;

Dictum verum et antiquum placet hic inserere.

Fabulosum est, non verum neque verisimile;

Istic queque scripta vides sunt aniles fabule,

Hic fabellas addit plures non cessando fingere,

Demones salvandos fore, laudes Deo solvere,

Quod est nimis inimicum fidei catholice :

Recta quippe fides habet quod, ruente principe,

Nullus nisi periturus secum posset ruere;

Iste vero magne parti locum cedit venie,

Origenes omnes salvans dampnatur vesanie,

Quem post mortem legimus parcussum anathemate,

Quod sint libri ejus tincti multiformi scismate.

Hinc Brendano paradisi situm volens promere

Terram nudam et lapillos nititur ingerere;

Hanc post mundi finem sanctis donandam pro munere

Velut olim repromissam conatur asserere.

O quam macra vel infelix spes est Hibernensium

Quibus post hanc vitam erit tota merces operum

Terra nuda et lapilli atque flores arborum !

Non sic nobis pius Jhesus voluit promittere,

Semet ipsum quando nobis donavit pro munere,

Et ut sol in regno patris spopondit splendescere,

Angelorum et consortes jugiter existere,

Atque sacrum patris vultum mundo corde cernere.

Ergo nugis his qui credit notatur stulticie,

Quas qui scribit et qui legit tempus habet perdere.

Expediret magis fratrem psalmos David scribere

Vel pro suis atque fratrum culpis Deo psallere

Quam scripturis tum impuris idiotas fallere.

Ergo, frater, has fabellas decet igni tradere

Ut sic saltem sevos ignes valeas evadere,

Cunctis nobis quod concedat rex celestis patrie.

APPENDICE VII

AD FACIENDUM JUDITIUM CUM PSALTERIO

Cette formule d'ordalie tirée d'un ms. du XIIème siècle (CLm.100) indique comment reconnaître si un homme est coupable ou non grâce au mouvement d'un psautier suspendu à une baguette de bois (tenue par deux hommes aux extrémités). Saint Brendan est invoqué au cours de la cérémonie; son intercession est souhaitée. Est-ce en référence avec l'épisode de la Nav où Saint Brendan dévoile le vol d'un de ses compagnons que son nom sert pour cette forme de jugement ?

Ed. A. FRANZ "Die Kirchlichen Benediktionen des Mittelalters"(2ème édition) t.II.p.391-392. Akademische Druck-Graz - Austria.

 

I. Ad faciendum iuditium cum psalterio. Fiat lignum unum cum capitello, quod mittatur in psalterio super uersiculum illum, Justus es, domine, et rectum iudicium tuum, et clauso psalterio fortiter stringatur, capitello extra prominente. Aliud quoque lignum aptetur perforatum, in quo capitellum prioris mittatur, ita quod in ea pendeat psalterium et uolui possit. Teneant autem duo lignum, psalterio in medio pendente; et statuatur is, de quo suspitio est, ante eos. Et dicat unus ex illis, qui tenet psalterium, ad alterum ter hoc modo : Hic habet hanc rem. Alter respondeat ter : Non habet. Deinde dicat presbyter : Hoc nobis manifestare dignetur, cuius iuditio celestia et terrestria reguntur. Iustus es, domine, et rectum iuditium tuum. Auerte mala inimicis meis et in ueritate tua disperde illos.

 

1.Oratio. Omnipotens sempiterne deus, qui cuncta ex nichilo creasti et qui hominem de limo terre formasti, te supplices deprecamur per intercessionem sanctissime dei genitricis Marie, et par intercessionem sancti Crisanti et Darie, et per intercessionem sancti Brendani, confessoris tui, et omnium sanctorum, ut experimentum fatias nobis de hac re, de qua incerti sumus, ut, si hic homo inculpabilis est, liber iste, quem manibus gestamus, rectum cursum solis teneat; si uero culpabilis est, liber iste retrocedat. Per uirtutem domini nostri Iesu Christi, qui.

 

2. In principio erat uerbum. Per istos sermones sancti euangelii filii sui indulgeat nobis dominus uniuersa delicta nostra.

 

3. Actiones nostras, quesumus (Et c. ). Iustus es, domine, et rectum iuditium tuum.

 

APPENDICE VIII

 

 

L'écrivain anglais John Ronald Revel TOLKIEN (1892-1973), spécialiste amoureux des anciennes littératures germaniques, celtiques ou saxonnes qu'il enseignait à Oxford, n'a pas manqué de s'intéresser à la légende de Saint Brendan bien après d'ailleurs qu'il eut donné ses principales oeuvres où il réinventait toute une mythologie (Bilbo le Hobbit ­ 1937 ; Le Seigneur des Anneaux ­ 1949-).

 

Voici le poème qu'il fit publier dans Time and Tide, le 3 Décembre 1955. L'aventure du saint se résume à trois principaux moments : la traversée d'une nuée infernale, la vue d'un arbre cosmique couvert d'oiseaux ; la vue d'une étoile, lumière entre les routes du Jour et celles de la Nuit. TOLKIEN accorde au saint des paroles invitant autrui à tenter de même l'aventure en mer. L'agrandissement des formes est bien senti, et la fascination de l'inconnu s'exprime fort correctement dans ce poème.

 

TIME AND TIDE 3 DECEMBER 1955

 

Imram by J. R. R. TOLKIEN

 

The illustrations were designed by Robert Gibbings for the story of St Brendan in 'Beasts and Saints' by Helen Waddell and are reproduced here by kind permission of the artist and Messrs Constable.

 

'At last out of the deep sea he passed,

and mist rolled on the shore;

under clouded moon the waves were loud,

as the laden ship him bore

to Ireland, back to wood and mire

and the tower tall and grey,

where the knell of Clùain-ferta's bell

tolled in green Galway.

Where Shannon down to Lough Derg ran

under a rain-clad sky

Saint Brendan came to his journey's end

to find the grace to die.

 

'O tell me, father, for 1 loved you well

if still you have words for me,

of things strange in the remembering

in the long and lonely sea,

of islands by deep spells beguiled,

where dwell the Elvenkind:

in seven long yean the road to Heaven

or the Living Land did you find?'

 

'The things 1 have seen, the many things,

have long now faded far;

only three come clear now back to me:

a Cloud, a Tree, a Star.

 

'We sailed for a year and a day and hailed

no field nor coast of men;

no boat nor bird saw we ever afloat

for forty days and ten.

Then a drumming we heard as of thunder

coming,

and a Cloud above us spread;

we saw no sun at set or dawn,

yet ever the west was red.

 

'Upreared from sea to cloud then sheer

a shoreless mountain stood;

its sides were black from the sullen tide

up to its smoking hood,

but its spire was lit with a living fire

that ever rose and fell:

tall as a column in High Heaven's hall,

its roots were deep as Hell;

grounded in chasms the waters drowned

and swallowed long ago

it stands, I guess, on the foundered land

where the kings of kings lie low.

 

'We sailed then on till all winds failed,

and we toiled then with the oar;

we burned with thirst and in hunger yearned,

and we sang our psalms no more.

At last beyond the Cloud we passed

and came to a starlit strand;

he waves were sighing in pillared caves,

grinding gems to sand.

And here they would grind our bones we feared

until the end of time;

for steep those shores went upward leaping

to cliffs no man could climb.

 

But round by west a firth we found

that clove the mountain-wall;

there lay a water shadow-grey

between the mountains tall.

 

 

Through gates of stone we rowed in haste,

and passed, and left the sea;

and silence like dew fell in that isle,

and holy it seemed to be.

 

'To a dale we came like a silver grail

with carven hills for rim.

In that hidden land we saw there stand

under a moonlight dim

a Tree more fair than ever I deemed

in Paradise might grow:

its foot was like a great tower's root,

its height no man could know;

and white as winter to my sight

the leaves of that Tree were,

they grew more close than swan-wing plumes,

long and soft and fair.

 

'It seemed to us then as in a dream

that time bad passed away,

and our journey ended; for no return

we hoped, but there to stay.

In the silence of that hollow isle

half sadly then we sang:

softly we thought, but the sound aloft

like sudden trumpets rang.

 

The Tree then shook, and flying free

from its limbs the leaves in air

as white birds rose in wheeling flight,

and the lifting boughs were bare.

On high we heard in the starlit sky

a song, but not of bird:

neither noise of man nor angels voice,

but maybe there is a third

fair kindred in the world yet lingers

beyond the foundered land.

But steep are the seas and the waters deep

beyond the White-tree Strand!'

 

'O stay now, father! There is more to say.

But two things you have told:

the Tree, the Cloud; but you spoke of three.

The Star in mind do you hold?'

 

The Star? Why, 1 saw it high and far

at the parting of the ways,

a light on the edge of the Outer Night

beyond the Door of Days,

where the round world plunges steeply down,

but on the old road goes;

as an unseen bridge that on arches runs

to coasts that no man knows.'

 

'But men say, father, that ere the end

you went where none have been.

1 would hear you tell me, father dear,

of the last land you have seen.'

 

'In my mind the Star 1 still can find,

and the parting of the seas,

and the breath as sweet and keen as death

that was borne upon the breeze.

But where they bloom, those flowers fair,

in what air or land they grow,

what words beyond this world 1 heard,

if you would seek to know,

in a boat then, brother, far afloat

you must labour in the sea,

and find for yourself things out of mind:

you will learn no more of me.'

 

In Ireland over wood and mire

in the tower tall and grey

the knell of Clùain-ferta's bell

was tolling in green Galway.

Saint Brendan had come to his life's end

under a rain-clad sky,

journeying whence no ship returns;

and his bones in Ireland lie.

 

APPENDICE IX

 

LES TROIS CLERCS ET LE CHAT

 

Cette légende a été éditée pour la première (et semble-t-il la dernière) fois en 1888 dans la Revue Mélusine, revue de mythologies. T. IV par H. Gaidoz. Nous en donnons donc l'introduction, et la traduction, tels qu'ils ont été imprimés à cette occasion. On ne voit apparaître Saint Brendan que tout à la fin : vague réminiscence de sa rencontre avec l'ermite Paul.

 

Les observations d'H. Gaidoz se résument à ces points :

 

a - ce texte est une preuve supplémentaire du goût pour l'érémitisme et l'aventure des moines

irlandais s'installant sur les îlots de l'Atlantique Nord.

 

b -la prière " Ymnum dicat " a un caractère d'incantation, " 'de commandement adressé aux puissances surnaturelles ".

Il s'agit d'un hymne attribué à Saint Hilaire de Poitiers (74 vers trochaïques tétramètres), très en faveur dans l'ancienne église d'Irlande. Cet hymne procurait longue vie, dit le texte.

 

c - le " jeûne contre Dieu " est un acte de procédure observable en Inde par lequel on obtient satisfaction en effectuant un jeûne. Cette pratique est inscrite dans les lois irlandaises, apparaît dans plusieurs textes. Ici, le clerc veut aller au Paradis et attaque en justice Dieu de ne point respecter son engagement alors que, de son côté, il a accompli soigneusement son devoir ! Un ange intervient, lui révèle sa faute (il ne fallait pas choisir l'Ymnum dicat qui allonge la vie). La justice est bien sauve.

 

MELUSINE

 

LES TROIS CLERCS ET LE CHAT

 

Légende chrétienne de l'Irlande.

 

Cette légende se trouve, à notre connaissance, dans deux manuscrits :

1) Dans le Book of Leinster, ms. Du XII° siècle, p. 283, de la ligne 14 de la 1° col. à la ligne 12 de la 2° col.

2) Dans le Book of Lismore, ms. Du XV° siècle, fol. 84, verso, de la ligne 10 de la 1° col. à la ligne 29 de la 2°

Nous donnons le texte du Book of Leinster, en reproduisant en note les principales variantes du Book of Lismore. Une de ces variantes ( col. 6, n° 5) corrige heureusement le texte du Book of Leinster. Nous avons réuni les deux textes dans notre traduction.

 

Traduction.

 

Trois jeunes clercs irlandais partirent en pèlerinage .C'est avec ferveur et de tout cur qu'ils s'en allèrent. Ils ne prirent d'autre provision sur mer que trois pains : " J'emporterai le chat, dit l'un d'eux. "

Dès qu'ils atteignirent la haute mer : " Au nom du Christ, cessons de ramer dans la mer, et plaçons-nous sous la protection (1) de Notre-Seigneur. " Ainsi est-il fait. Peu de temps après, avec l'aide du Christ ils arrivèrent à une île. L'île était belle : l'eau et le bois y abondaient. " Faisons-nous une église sur le sol de l'île. " Ainsi est-il fait.

Leur chat va pêcher du saumon, du bon poisson pour eux, de sorte qu'ils avaient pris trois saumons à chaque heure canonique : " O Dieu, dirent-ils, ce n'est pas un pèlerinage maintenant. Nous avons apporté nos provisions avec nous, c'est-à-dire notre chat, pour qu'il nous nourrît. Nous ne mangerons pas le gain du chat. "

Ils furent ainsi six heures ( canoniques ) sans nourriture, lorsqu'il leur arriva un service de la part du Christ, et il se trouva sur l'autel. C'était un demi-pain de froment pour chacun et une tranche de poisson. " Eh bien ! que chacun de nous trouve sa façon d'agir à l'égard de celui qui nous nourrit ! ".

" Moi d'abord, dit l'un, je chanterai ( 2 ) les trois cinquantaines( c'est-à-dire le Psaumes qui sont au nombre de 150) chaque jour en célébrant mon office et en disant la messe tous les jours. "--" Je chanterai, dit l'autre, trois cinquantaines de prières en célébrant mon office ( 3 ) et en disant la messe tous les jours. "--" Je chanterai, dit le troisième, trois cinquantaines d'Ymnum

dicat chaque jour en célébrant mon office et en disant la messe tous les jours. " Ainsi est fait pour un long temps.

Ensuite l'un des trois mourut. On chanta son requiem et on l'enterra : " Eh bien ! dirent-ils, pour qu'il ne manque rien aux offices de l'Eglise, partageons-nous l'office de notre compagnon, c'est-à-dire de l'homme aux trois cinquantaines ( aux 150 psaumes ) ; c'est lui qui est mort le premier. " Ils partagent entre eux ce qui était l'affaire du troisième.

Peu de temps après cela, mourut un second et il est enterré. C'était l'homme aux trois cinquantaines de prières. C'était alors encore plus pénible avec celui qui restait seul. C' était pour lui une grande fatigue : les cent cinquante psaumes et les cent cinquante prières et les cent cinquante Ymnum dicat avec les trois messes tous les jours et la célébration des offices. " En vérité, dit-il, le Seigneur aimait plus ces deux-là que moi-même : il les a pris vers lui et il m'a laissé. Je vais jeûner contre lui (le Seigneur ), car leur mérite n'est pas au-dessus du mien. "

L'ange vint vers lui : " Ton Seigneur est irrité contre toi et ton jeûne est illégal à son égard, car tu n'es pas sans miséricorde de sa part. "--" Il permet pourtant que je n'aille pas rejoindre mes compagnons. "--" C'est toi qui l'as choisi, dit l'ange. Vous vous êtes partagé vos offices. Celui qui a choisi les trois cinquantaines ( c'est-à-dire les 150 psaumes ) il est de courte vie et il est du ciel : il les répétait souvent et voilà pourquoi il a été choisi au commencement. Pour l'homme aux cent cinquante prières, cela n'abrège pas la vie, cela ne l'augmente pas (non plus). Mais ce que tu as choisi, c'est-à-dire l'Ymnum dicat, cela apporte longue vie et le royaume du ciel. "--" Béni soit le Seigneur de la part de qui tu viens ; j'en suis reconnaissant. "

Il resta dans son île, vieux et décrépit, jusqu'à ce que Brendan vînt par dessus la mer ; et c'est Brendan qui le bénit et lui donna la communion et les sacrements. Et il fut transporté au ciel. Et une troupe d'anges est au-dessus sans cesse de leur île ; et c'est Brendan qui a raconté cette histoire.

 

 

NOTES.

1 Litt. Du côté de.

2 Le même mot irlandais signifie " chanter et prendre ".

3 Litt. Mon heure canonique.

 

 

 

APPENDICE X

 

ORATIO SANCTI BRENDANI

 

C'est à P. MORAN qu'il revient d'avoir en 1872 été un des premiers à rassembler les textes épars de la légende de saint Brendan. Dans ses Acta Scti Brendani (Dublin 1872), il publia, outre cette Oratio, une Vie en vers latins (publiée d'autre part en 1873 pr E. MARTIN in Zeits,.f, Dtches Alterthum Vol. XVI - Neue Folge IV) qui est une traduction par Alexander, évêque de Lincoln au XIIIÈ - XIVÈ siècle du poème anglo-normand de Benedeit, et qui comporte 311 strophes de 4 vers, une Vita Scti Brendani tirée du livre de KILKENNY, et deux autres textes très courts en latin (Legenda Brevis, p. 139-140 où l'on conte comment saint Colomban vit en vision des anges venir à la mort de saint Brendan ; Missa in festo Scti Brendani ; p. 141-142, prière d'intercession du saint pour gagner son salut).

 

 

L'Oratio est intéressante par l'énumération des craintes et des angoisses de l'homme médiéval du IXè siècle (date de composition présumée de cette prière). Elle appartient au genre des " Lorica " ou " cuirasses de protection ". Deux mss la conservent : ms n° 321 de St Gall en Suisse ; Bibliotheca Sessoriana Rome (B. CXXVII)

Ms. Rome.

ORATIO SANCTI BRENDANI.

 

(Rubric in Sessorian MS. : " Beatus Brendanus, monachus, quaerens insulam repromissionis per septem annos continuos orationem istam de verbo Dei per Michaelem Archangelum fecit quando transfretavit septem maria. Quicumque istam cantaverit sive dixerit pro se vel pro amico suo aut familiari vivo sive defuncto centies flexis genibus aut prostrato corpore remittuntur ei omnia peccata et de poenis inferni salvus erit .")

 

In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Amen.

Per sanctam Annunciatorem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi peccatori:

Per sanctam Nativitatem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctam Circumcisionem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctum Baptismum tuum, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctam apparicionem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctum jejunium tutum, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctam passionem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per piissimam mortem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctam Crucem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per sanctam Ascensionem (sic) tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi, inferos liberantem captivos parce nobis :

Per sanctam Resurrectionem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce nobis :

Per sanctam Ascensionem tuam, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce michi :

Per adventum Spiritus Sancti Paracliti, Domine Jesu Christe fili Dei vivi parce nobis :

Effeta, quod est adaperire : in nomme Domini nostri Jesu Christi.

 

Deus meus omnipotens, Pater et Filius Spiritus Sanctus, una trinitas et una inestimabilis Deitas in tribus personis, qui es et qui eras et qui venturus es. Tibi supplico majestas alta inestimabilis ac sempiterna virtus ut me tuearis veritas trina ac defendas Trinitas una et ut indulgeas clementerque dimittas omnia peccata mea praeterita, praesentia et futura et imminentia quia Tibi soli possibilia sunt omnia sicut Te dicente facta sunt universa et mandante ex nichilo creata, hoc est, materia et angeli et sempiternae animae ; et sicut ex informi materia formasti in sex diebus formam rerum omniumque creaturarum in diversas species et proprias formas ita obsecro Te Domine ut eripias me a morte peccati et ab ista mortalitate et a morte immatura et a morte animae et ab omnibus vitiis animi et corporis ac progenie sua innumerabili atque ab omni diabolica illusione.

Libera me Domine qui prima die fecisti lucem et separasti eam a tenebris et diem a nocte, hoc est, angelos perfectos ab imperfectis, sic me liberare digneris ab omni potestate Satanae, et diaboli artificio, et daemonum insidiis et temptationibus satellitum suorum .

Libera Domine qui secunda die firmasti firmamentum inter aquas superiores et inferiores : custodi me Domine ab omni malo a planta pedis usque ad verticem capitis, intus et deforis.

Libera me Domine qui tertia die fecisti speciem maris et terrae et aridam apparere fecisti in lignis et herbis, fructum ferentem, et semem in semetipso secundum genus suum.

Libera me Domine qui quarta die luminaria fecisti in firmamento coeli, solem et lunam et stellas in signa et tempora et in dies et in annos.

Libera me Domine qui quinta die fecisti reptilia animarum vivarum et aves volantes super terram et belulas marinas et omnia genera piscium et volucrum in animam mutabilem de aquis machinasti.

Libera me Domine qui sexto die omnia genera bestiarum, pecorum, quadrepedum in diversas naturas fecisti et hominem de limo terrae formasti inspirans in faciem ejus spiraculum vitae, masculum et feminam creasti eos et benedixti eos, dicens, crescite et multiplicamini et replete terram et dominamini piscibus maris, volatilibus coeli et omnibus pecoribus.

Libera me Domine sicut septimo die benedixti omne opus tuum et illud sanctificasti et ab omni opere homines requiescere fecisti : sic me digneris benedicere Trinitas sancta, divinitas trina eademque essentia elimon alma pietatis gratia protege tuum plasma immensa clementia tua et mea peccata dimittas.

Deprecor te alma pietas ut immensa clementia tua mea peccata dimittas.

Deprecor te alta Majestas et immensa per angelorum agmina hoc est per angelos tuos sanctos qui minora quaeque in commune creaturis, id est hominibus, nunciant et suadent.

Libera me Domine per Angulos tuos summos nuncios per quos majora hominibus nunciantur.

Libera me Domine per virtutes tuas sanctas per quas et mirabilia semper fiunt.

Libera me Domine per potestates sanctas quae malignis spiritibus imperant et dominantur ne plusquam permittantur saevitiam in humanis rebus exerceant, ita suum furorem non compleant in me.

Libera me Domine per Principatus qui bonis etiam spiritibus principantur ad explenda divina misteria.

Libera me Domine per Dominationes quae quinque supradictos gradus dominatione praecellunt per obedientiam subjectos.

Libera me Domine per thronos in quibus sedes et per quos judicia tua in creaturis terribiliter exerces.

Libera me Domine per Cherubin quae sunt scientiae plenitudo atque plus creaturis intellectualibus quae sub eis sunt sciunt quia dum speculum claritaris perspicacius intendunt abdita creaturarum narrant.

Libera me Domine per Seraphim ardentes sive incendentes qui plus omni creatura rationali Dei amore inardescunt et tanto omnes creaturas honore praecellunt ut inter se et Deum nulli aliispiritus intersint.

Libera me Domine per istos novem ordines sanctorum angelorum: peto a te Domine Deus miserator et misericors veniam atque indulgentiam omnium peccatorum meorum praeteritorum praesentium et futurorum imminentiumque quoniam tu scis figmentum nostrum quia caro et pulvis sumus ; et hoc donum a te, Domine, peto, Sancto Petro patrocinante, et per sanguinem Abel justi primi sacerdotis et martyris ut ita suscipias vocem orationis meae in hostiam laudis tuae, sicut suscepisti sacrificium Abelis gratum et liberes ab omni malo, et sicut restituisti Seth in locum suum a quo stirps est filiorum Dei et sicut transtulisti Enoch ambulantem tecum.

Libera me Domine sicut liberasti Noe cum octava familia et cum omnibus animalibus in arca per diluvium.

Libera me Domine sicut liberasti universam terram cum omnibus fructibus ejus a diluvio.

Libera me Domine sicut liberasti et suscepisti panem et vinum in sacrificium Melchisedech sacerdotis sic accipere digneris Domine vocem meam in hostiam laudis tuae. Magna posco a te Domine, me non merente, sed tua gratia largiente, et magna nosti dare michi peccatori : oro dimitte mea delicta quotidie.

Libera me Domine sicut liberasti Abraham de Hur Chaldeorum et de omnibus temptationibus ; et sicut fuisti cum eo per omnia, ita precor ut sis michi in aeternum adjutorium non deciduum.

Libera me Domine sicut liberasti Loth de Sodomis et hostibus.

Libera me Domine sicut liberasti Isaac de morte dans arietem pro eo et sicut liberasti eum de aliis temptationibus.

Libera me Domine sicut liberasti Jacob de ira fratris sui Esau et Laban et fuisti cum eo.

Libera me Domine sicut liberasti Joseph de invidia fratrum et de libidine mulieris et de servitute et morte et sicut liberasti Israel per eum de fame.

Libera me Domine sicut liberasti Job de temptationibus Satanae et inimicorum ejus et sicut liberasti eum a lepra et restituisti ei omnem substantiam secundam progenie vitae : deprecor sic me restituere digneris salutiferae sanitati et perpetuae.

Libera me Domine sicut liberasti Moysen et Aaron de potestate Aegyptiorum et liberasti illos a servitute et de decem plagis et de mari rubro et de siti et de fame et proeliis et sicut necasti rebelles et servasti obedientes et dedisti mandata populo. Interpello ut dones michi donum sciendi et intelligendi et servandi testimonia tua.

Libera me Domine, sicut liberasti Moysen et Aaron de malignitate Israel et sicut liberasti Jesum filium Nun et Israehel per orationem de bello Amalec et Seon et Og et viginti novem regum unius Cananaeorum generis.

Libera me Domine, sicut liberasti Finees et Israel de bello interficiente Balaam et Balach.

Libera me Domine, sicut liberasti Caleph de infidelitate exploratorum.

Libera me Domine, sicut liberasti Israel et archam Testamenti per Jordanem.

Libera me Domine, sicut liberasti Raab de Jericho et liberasti Jesum et Israel cun stetisset sol a Gabaon et luna super vallem Achiron.

Libera me Domine, sicut liberasti Sangar de sexcentis viris ab eo occisis.

Libera me Domine, sicut liberasti Israel per consilium Delborae.

Libera me Domine, sicut liberasti Gedeon cum trecentis viris de bello Madian.

Libera me Domine, sicut liberasti Jephte Galadiciden et Israel de gentium potestate.

Libera me Domine, sicut liberasti Sampsonem nichil in manu habentem de ira leonis, et interficientem, et sicut liberasti eum in multis, adjuva me Domine et salvus ero : et sicut conservasti calceamenta et vestimenta Israel per quadraginta annos, deprecor ut sic me conservare digneris et dimittere mea commissa per immensam miserationem tuam.

Libera me Domine, sicut liberasti arcam testamenti de templo Dagon et ut liberasti Israel per orationem Samuelis et confugerunt Phylistiim et ingenti coeli fragore perterriti sunt.

Libera me Domine, sicut liberasti ierl'm ( Jerusalem ?) parcens ei cum angelus septuaginta ex Israel occideret milia.

Libera me Domine, sicut liberasti David de furore ursi et leonis et Goliae et Saulis et de tribus proeliis Philistinorum deficientium uno impetu et Jonathan filium Saulis et armigerum ejus de stacione Phylistinorum et ab iis duobus sunt decem milia perempti per potentiam tuam.

Libera me Domine, sicut liberasti tres robustissimos David afferentes aquam de cisterna Betheleem, et Banania filium Iojadae de duobus leonibus Moab qui percussit leonem alium in cisterna tempore nivis et interfecit Egyptium in virga et vi extorsit hastam de manu ejus Aicam prophetam virum Dei missum de Judea in Bethel scisso altari et manus regis arida facta est.

Libera me Domine, sicut liberasti Helyam Thesbitem de Galiäd et de furore Achab et Jezabel, et de fame et persecutione in spelunca torrentis Karith, cujus oratione coeli prohibiti sunt tribus annis et mensibus sex pluere, et lechicus olei non defecit et farina hydriae viduae non minuta est donec Deus visitavit plebem suam cujus filium suscitavit, quem multi dicunt Jonam esse iterum de ventre ceti ereptum. Obsecro Domine immensam clementiam tuam ut me eripere digneris de profundo faecis malorum actuum quoniam tu es refugium meum in tribulatione quae circumdedit me, et dimitte mihi mea crimina praeterita, praesentia, futura et imminentia quia tibi omnia sunt possibilia.

Libera me Domine, sicut liberasti Helyam dormientem in umbra juniperi a persecutione, fame et siti, quadraginta diebus ac noctibus nichil comedentem.

Libera me Domine, sicut liberasti quinquagenarium supplicantem ad genua Helyae duobus aliis igne coelesti combustis.

Libera me Domine, sicut liberasti Helyam curru igneo elevatum.

Libera me Domine, sicut liberasti Helysaeum cum duplici spiritu intrantem secundo Jordanem, Deum Helyae invocantem et misso sale in aquas amaras et steriles in Gericho et quadraginta duobus in Bethlehem illudentibus.

Libera me Domine, ut per eum liberasti populum Israel de siti in expeditione regum Israel et Juda et ut per eum liberasti duos filios viduae de servitute crescente parvo oleo et ut restituisti per eum filium foeminae in Praefania civitate et ut liberasti filios prophetarum a morte et a fame non cognoscentes herba quas salvasti colloquintidas per farinam manu Helisei in ollas missam.

 

 

Libera me Domine sicut liberasti a fame centum viros et in triginta viros panibus et copia frangmentorum superfuit.

Libera me Domine sicut liberasti Naaman principem regis Syriae a lepra in Jordane et ut liberasti filios prophetarum de profundo Jordanis, fluctu super Egyptios regresso nutu divino et ut liberasti Dathan et Asiae civitatem ab exercitu Syriae cum Dominus ostendisset puero Helisei visibiles phalangas, ignitas angelorum erga Helyseum et tunc percussi sunt Syri coecitate oratione ejus et prece.

Libera me Domine sicut liberasti Samariam civitatem obsessam a Benadab rege et nocte sonitu aeris Syrorum castra fugata sunt.

Libera me Domine sicut liberasti centum viros a fame et resuscitasti cadaver mortui tangentis ossa Helisei in sepulchro.

Libera me Domine sicut liberasti Ezechiam regem de morte et infirmitate addens ei quindecim annos sole pro signo per decem lineas reverso. Posco te igitur per largam potestatem tuam Domine misericors ut jugiter me mundare et lavare digneris ab omnibus immundiciis meis sicut sanasti Ysaiam prophetam per Seraphym ab immunditia labiorum suorum et a multis persecutionibus. Custodi me Domine ab omni malo a planta pedis usque ad veticem capitis intus et deforis.

Libera me Domine sicut liberasti Jeremiam prophetam de immunditia Babilonis et persecutione.

Libera me Domine sicut liberasti Danielem prophetam de omnibus angustiis de ira regum de lacu leonum et de fame.

Libera me Domine sicut liberasti tres pueros de fornace ignis ardentis, Ananiam, Azariam et Misaelem.

Libera me Domine sicut liberasti Susannam de falsis testibus et Ionam de ventre ceti et ut liberasti Ninevitas poenitentes in praedicatione lonae prophetae.

 

 

Libera me Domine sicut liberasti Esdram et Nehemiam et Jorobabel et omnem Israel per septuaginta annorum captivitatem.

Libera me Domine sicut liberasti Judam Macchabeum et Israel per Macchabeos in multis periculis praeliisque cum Macchabeis septem qui cum matre martyrium elegerunt,

Libera me Domine sicut liberasti Tobiam a coecitate et filium a demonio per sanctum Raphaelem archangelum.

Libera me Domine sicut liberasti Israel per Hester reginam Austri et ut liberasti Judith et Israel de manu Holofernis, sic michi dimittcre digneris, Deus meus, mea facinora magna et nimia et eripe me de morte peccatorum et de omnibus vitiis animae et corporis prateritis praesentibus et futuris et indulge animabus patris et matris meae, fratrum et sororum, parentum, amicorum et benefactorum nostrorum defunctorum, omnia pecccata eorum omnibusque quorum elemosinam suscepi et beneficia et pro quibus pollicitus sum orare, tu retributor bonorum retribue illis bona in coelis per gratiam evangelii tui. Domine Jesu Christe, supplico tibi ut indulgentiam et veniam omnium peccatorum meorum dones michi dono misericordiae tuae.

Libera me Domine sicut liberasti Mardocheum de manu Aman.

Libera me Domine sicut liberasti Zachariam prophetam a silentio et Elizabeth de sterilitate, de ista mortalitate et de immatura morte et de omnibus vitiis.

Libera me Domine sicut liberasti Beatissimam Mariam Virginem matrem tuam de omni corruptione, et tres Magos cum tribus donis de potestate Herodis.

Libera me Domine sicut liberasti temetipsum et beatissimam Mariam virginem matrem tuam et Joseph fugientes in Egyptum, occidente Herode omnes pueros in Bethleem et in omnibus finibus ejus ; et ut liberasti genus humanus per temetipsum et superasti inimicum diabolum per te victum in gula, avaritia, et superbia, per quae primus homo cecidit et ut liberasti leprosum, te descendente de monte, a lepra ; et ut liberasti et sanasti puerum centurionis gentilis in Capharnaum et socrum Petri febricitantem et vespere daemoniacos et omnes malos habentes ; et ut imperasti mari et vento quiescere et ut sanasti duos viros daemoniacos de legione mala missa in porcos.

Libera me Domine sicut liberasti paralyticum annis quatuordecim in grabato portatum in quo tria miracula invcniuntur, peccatta dimictuntur, cogitationibus respondetur, verbo plaga solvi tur ; sic in me Domine agere Jesu Christe.

Libera me Domine sicut mulierem de fluxu sanguinis in via liberasti et ut resuscitasti principis filiam defunctam in domo et sanasti hominem surdum et mutum a daemonio et manum aridam in Synagoga in Sabbato et daemoniacum coecum et mutum.

Libera me Domine sicut liberasti quinque milia viros extra parvulos et mulieres in quinque panibus et duobus piscibus colligentium fraumenta (sic) ad duodecim cophinos.

Libera me Domine sicut liberasti Petrum tecum ambulantem supra mare in quarta vigilia noctis et imperasti ventis et mari et liberasti multos uno praecepto in arvis Genesareth.

Libera me Domine sicut liberasti in partibus Tyri filiam Chananeae mulieris a daemonio vexante, pro fideli et humili atque prudenti responsione, et sanasti quatuor milia viros in septem panibus et piscibus paucis, relictis fraugmentis septem sportarum plenarum.

Libera me Domine sicut liberasti illos de fame et separa me ab omni re injusta sicut elevasti Petrum et Jacobumi et Joannem videre transfigurationem tuam in monte Thabor cum Moyse et Helya ubi facies tua ut sol, vestimenta tua sicut nix nituerunt.

Libera me Domine sicut liberasti filium cujusdam lunaticum cadentem nunc in ignem nunc in aquam, quem discipuli tui non curaverunt sic me mundare digneris ab omni malo et ab omni peccato corporis et animae et a peccato Adae et a meis propriis peccatis et ab alienis ; sicut Symon dydra chma solvit mittens hamum per imperium tuum et in ore piscis staterem invenit.

Libera me Domine sicut liberasti hominem in Decapoli surdum et mutum, sic illuminare digneris oculos mei cordis et corporis : deduc me Domine in semita mandatorum tuorum.

Libera me Domine sicut liberasti vel illuminasti oculos duorum coecorum clamentium ad te et dicentium, miserere mei Domine fili David, praebens ei lucem.

Libera me Domine sicut liberasti alium coecum in Bethsayda. Deprecor te Domine ut abstrahas me de carne immunda in bonam et perducas me in requiem quando jubeas exire de corpore animan meam sicut Petrum piscatorem qui cum per totam noctem nihil cepit, mane autem in verbo tuo mittens ad dexteram vix ad terram sagenam piscibus plenam contraxit ; et ut resuscitasti juvenem defunctum viduae filium in feretro.

Libera me Domine sicut liberasti femInam rigantem pedes tuos lachrymis, et capillis tergentem, et ingentia peccata ei dimisisti sic michi dimittere digneris omnia peccata mea et

vitia corporis mei et animae meae.

Libera me Domine sicut liberasti et erexisti quamdam mulierem curvatam ab annis decem et octo.

Libera me Domine sicut liberasti decem leprosos immissos a principibus in quodam castello obviantes: leprosus unus gratias referre rediit, sic jubeas Domine planctum meum et deprecationem meam in gaudium converti, Deus meus misericors ; et sicut in Chana Galileae cum discipulis et matre in nuptiis sex ydrias lapideas aqua impletas in vino convertisti.

Libera me Domine sicut liberasti Lazarum quatriduanum quadriformi morte cogitationis, et desperationis, et verbi, et actus ; sic me resuscitari jubeas Deus meus.

Libera me Domine sicut liberasti Sabbato in die festo juxta piscinam Jerusolimae cubantem in grabato per annos triginta et octo et expectantcm aquae motum, et portavit grabatum in Sabato per populum.

Libera me Domine sicut liberasti alium coecum in Jerusalem cum luto sputum faciens et liniens luminum loca, lota in aqua facie ; et sicut sanasti auriculam Malchi sacerdotis servi abscissam gladio Petri, sic sanare digneris animam meam ; et sicut suscitasti multa corpora sanctorum dormientium post Resurrectionem tuam.

Libera me Domine sicut liberasti animas eorum in inferno et eripuisti eas tertia die resurgens, per quadraginta dies in multis argumentis cum Apostolis degens, ascendisti in nube vera carne in dextera Dei Patris sedens qua numquam deeras ; ibi pro me digneris interpellare in tua pietate liberans me: et sicut misisti Spiritum Sanctum super Apostolos et centum viginti animas in igne ut purgaret et illuminaret eas, sic illuminare et purgare me facias ab omnibus immunditiis meis.

Libera me Domine, sicut liberasti in umbra Petri multos homines de corporali egritudine et ut hora nona sanasti Paraliticum per Petrum ab Herode inclusum in carcere et ab angelo deductum reversum in se.

Sana me Domine sicut sanasti per Petrum in superioribus regionibus Eneam ab annis octo jacentem in grabato et per eum in Joppen Tabitam a mortis sompnio suscitasti, ubi ille vas de coelo per montem excelsum vidit, in quo erant omnia quaecumque sunt in terra excepto homine.

Libera me Domine sicut liberasti Paulum venientem in Damascum de errore et ut resuscitasti per eum Euticium mortuum de fenestra coenaculi delapsum et ut liberasti per eum patrem Publii principem militiae ac insulae de dinsintlherium et febribus.

Conserva me Domine ut conservasti Paulum in Milithena insula vipera percussum et ut liberasti eum lapidatum a Judaeis pene usque ad mortem, et cum naufragium facientem triduo nocte et die in profundum maris conservasti et restituisti ad prosperum.

Libera me Domine sicut liberasti multas egritudines tactu vestimentorum ejus et de obsessis corporibus immundos spiritus depulisti.

Obsecro te Domine Deus meus omnipotens per multitudines miscricordiae tuae ut sic dimittere digneris omnia peccata mea praeterita, praesentia et futura et imminentia quia tibi soli peccavi et tibi possibilia sunt omnia : non ,secundum actum meum postulo sed secundum indulgentiam et immensam pietatem tuam et in misericordiam quia non dignus sum.

Rogo te sancta Trinitas una, unitas trina, veritas, Deus Pater, Deus Filius, Deus Spiritus Sanctus, et per omnia opera tua visibilia et invisibilia opera manuum tuarum et per omnes virtutes tuas atque vias et per verba tua et per omnes creaturas tuas atque ministros tuos et militiam sanctam coeli et per omnem sanctam Ecclesiam tuam Catholicam ab oriente usque ad occidentem, ab aquilone usque ad meridiem, et precor te Domine ob immensam clementiam tuam ut concedas mihi veniam et indulgentiam peccatorum meorum et per omnia tempora usque in finem eripias me a morte peccati et a macula animae meae et corporis et indulgeas animabus patris et matris meae, fratrum, sororum, parentum, amicorum, et inimicorum et benefactorurn meorum vivorum atque defunctorum omnia peccata eorum et maxime hiis pro quibus pollicitus sum exorare.

Te Sancta Maria Dei gcnitrix rogo, et adjuro vos omnes novem ordines angelorum, et sanctum Michaelem et Sanctum Joannem Baptistam atque duodecim Apostolos,

Petrum,

Paulum,

Jacobum,

Joannem,

Thomam,

Matheum,

Jacobum,

Philippum,

Bartholomeum,

Symonem,

Thadeum,

Mathiam,

Barnabam,

Lucam,

et omnes sanctos ut oretis pro me ad Dominum ut eripiat me a cunctis malis imminentibus et a perpetuis tormentis amodo usque in sempiternum., per eum cujus initium non habet finem. Ave Maria, etc.

Ora pro me indigno famulo tuo Sancta Maria Dei genitrix, virgo castissima et piissima:

Sancte Michael,

Sancte Gabriel,

Sancte Raphael,

omnes Sancti Throni et sanctae Dominationes,

Sancti Principatus,

Sanctae Potestates,

Sanctae Virtutes,

Sancti Cherubim,

orate pro me misero ut per vestra sancta merita, omnia mea dimittantur a pio Domino peccata.

Omncs Angeli et Archangeli, sancti Prophetae et Patriarchae et omnes sancti Judices, et Duces, et sancti Reges et Machabei, omnes sancti Infantes et electi Dei intercedite pro me.

Christi nativitas,

Christi circumcisio,

Christi baptismus,

Christi operatio,

Christi virtus,

Christi doctrina,

Christi praedicatio,

Christi crux,

Christi passio,

Christi anima

Christi caro

Christi spiritus

Christi resurrectio,

Christi ascensio,

et adventus Spiritus Sancti Paricliti defendat me ab omnibus insidiis calidi inimici, Amen.

Omnes sancti discipuli Domini, et sancti successores, orate pro me :

Sancti Baptistae,

Sancti Principes,

Sancti Episcopi,

Sancti Presbiteri,

Sancti Diaconi,

Sancti Lectores,

Sancti Exorcistae,

Sancti Ostiarii

Sancti Martyres,

Sancti Confessores,

Sanctae Virgines,

Sancti Anachoritae,

Sancti Monachi,

Sancti clerici,

Sancti laici,

Sanctae uxores,

Sanctae viduae,

Sancti domini,

Sancti servi,

Sancti divites,

Sancti pauperes,

Sancti factores,

isti et omnes Sancti Dei cum Trinitate perfecta sint loricae animae et corporis mei cum omnibus compaginibus meis intus et deforis a planta pedis usque ad verticem capitis, visui, auditui, odoratui, gustui, tactui, carni et sanguini omnibusque ossibus et nervis et visceribus, venis, medullis, artubus, et contineant a morte: per Te enim Domine omnia membra vivificentur, inspirentur et sanentur.

Protege me Domine a dextris et a sinistris, ante et retro, subtus et superius, in aere, in terra, in aquis, in mari, in flexu, in erectione, in gressu, in statione, dormiendo, vigilando, in omni motu et in omni die, in omni hora, in omni loco, in omni nocte, et in omnibus diebus vitae meae.

Custodi me, adjuva me Deus Trinitas, omnipotens Deus, adonai, araton, osya, eloim, helyim, elon, sabbaoth, ele, eleria, subdia.

Domine Deus immutabilis et aeternus, id est, Emmanuel Christus Jesus, libera me, Deus omnipotens, ab omnibus periculis in terra et aquis, et phantasmate omnium bestiarum et volucrum et quadrupedum et reptantium: defende me Domine ab igne, a fulgure, a tonitruo, a grandine, a nive, a pluvia (6), a periculis, a terraemotu, ab omnibus malis, a veneficiis, ab invidiis, et a malis oculis, auribus et a periculis laci et tenebrarum, a demonio, et a sagitta (7) volante in die, a negotio perambulante in tenebris.

Defende me Domine et a cunctis insidiis et detractionibus nocere volentium.

Protege me Domine ab omni malo, ab ira, et qui infestat bonum.

Confiteor et accuso coram te, creatore meo, omnia peccata mea quae ab ineunte aetate mea usque in hanc horam commisi et omnia vitia mea, superbiam, inanem gloriam septiformem et iram saevientem, tristitiam et septiformem avaritiam, et octavam gulam et fornicationem, quia istis et eorum exercitibus plenus sum.

Sed hiis poenitet me et ejicio de me ea et abrenuntio omnibus peccatis meis magnis quae commisi in corpore et anima in memetipso in proximo, in cogitatione, in verbo, et in opere, et scribo ea per ordinem ut deleantur, et confiteor adversum me ut remittas impietatem peccati mei ; peccator enim sum et de peccato, natus sum, Deus autem sine peccato.

Rogo Patrem per Filium : rogo Filium per patrem : rogo Spiritum Sanctum per Patrem et Filium, et per omnem creaturam quae voce et opere laudat Dominum ut omnia vitia elongentur a me et omnes Sanctae virtutes plantentur in me.

Deus immense in quo omnia, per quem omnia, a quo omnia facta sunt, visibilia et invisibilia quae se suprategens et infraferens, opera tua extra circumdans et infra implens.

Custodi me, Domine Deus omnipotens, creaturam tuam quam tu formasti, abrenunciantem Sathanae et omnibus pompis ejus et operibus, et credentem in Te Deum, Patrem, et unicum Deum omnipotentem, ubique gratias agentem de omni vita mea et omni egritudine mea, et de omnibus vitiis animae et corporis, et innumerabilibus Tibi offensis.

Oro ad Te, Domine, pro persequentibus et calumpniantibus me. Domine Jesu ne statuas illis hoc pecccatum quia nesciunt quid faciunt.

Libera me Domine Deus omnipotens ab ista angustia et ab omni malo, a subitanea et imrpovisa morte, ante mortem et in morte, a perpetua morte in futuro et post mortem ab omni malo et pena: libera me Domine Deus omnipotens et omnem populum Christianum.Amen.

Kyrie eleison.

Christe eleison.

Kyrie eleison.

Pater Noster. Credo in Deum.

Domine Deus omnipotens, creator coeli et terrae, exaudi propitius orationem meam quam decantavi, magnificentiam tuam Domine exorans et deprecans pro famulis et famulabus tuis ; et concede nobis vitam et sanitatem in hoc saeculo et post transitum animarum nostrarum cum omnibus sanctis vitam et requiem sempiternam et graitiam tuam sine fine. Amen.

Suscipe digneris confessionem meam, Sancta Trinitas, Domine Deus omnipotens unica vera et sempiterna spes salutis meae quam ego peccator effundo in conspectu pietatis tuae et misericordiae: confiteor quia peccavi in gula, in ebrietate, in libidine, in luxuria, in immunditia, in tristitia, in acidia, in sompnolentia, in ira, in cupiditate, in invidia, in malitia, in odio, in detractione, in mendacio, in perjurio, in vana gloria, in levitate ac superbia, in concupiscentia, in avaritia, in negligentia, in impudico aspectu, in cogitatione iniqua et immunda, et in locutione prava et vana, in operatione perversa, in fornicatione et in delectatione et consensu iniquo et injusto, et in omnibus vitiis et iniquitatibus et immunditiis reus et culpabilis factus sum plusquam possim corde cogitare vel ore dicere vel aestimatione pensare sed tu Deus qui non vis mortem peccatoris sed ut convertatur ad Te et vivat, qui justificas impios et vivificas mortuos, tu justifica et resuscita me per tuam magnam misericordiam et sempiternam gratiam. Amen.

 

LEGENDA BREVIS.

 

[The following Lectio for St. Brendan's Festival is found in two MSS. of the National Library, Paris.]

IGITUR venerabilis Brendanus in provincia stagnile Mummensium (8) natus, et sub doctrina evangelica vel sanctorum patrum studio eruditus, usque ad perfectam etatis sue palmam, Domini est sequtus vestigia. Adhuc vero in adolescencia positus, cepit diutinis jejuniis corpus affligere. Ita namque in Dei famulatu erat jugiter occupatus, ut divino juvamine ancillacioni subderet insolenciam carnis, et racioni attribueret prerogativam dominacionis. Maturescente vero jam etate, quibuslibet viciis jam compressis, cotidie se robustior virtutibus succrescebat.

Tanto igitur superne benediccionis honoratus rnunere in anteriora voluit se semper extendere, ut, secundum Apostolum, ea que retro sunt obliviscens, sequeretur bravium remuneracionis eterne; et quomodo prius animas ad fidem religionis adducere posset, totis viribus elaboravit, atque Deo adjuvante eas ad perfectum penitentie fructum perduxit. Multa quidem de ejus mirabilibus gestis inferre possemus, set qualitcr ad Dominum migravit, vel quid de eo alii patres viderunt, huic operi inserere placuit. Quadam ergo die, dum sanctus Columbanus conversaretur in Jona insula, maneprimum advocat ministratorem Diormicium, eique precepit inquiens: " Sacra celeriter Eucharistie misteria preparentur, hodie enim natalis est sancti Brendani dies.-Quare, ait minister, talia missarum sollempnia hodierna preparari precipis ? Nullus enim ad nos, de Scocia, sancti viri illius opitus pervenerit nuncius.-Vade, tum ait sanctus ; mee visioni obsecundare debes. Hac enim nocte preterita vidi subito apertum celum, angelorumque choros sancti Brendani anime obvios descendere, quorum luminosa et inestimabili claritate totus eadem hora est illustratus mundus. Ad thronum quippe deifice majestatis officio angelorum cum tripudio exultacionis sublevatur. Fulgida nunc gloriose remunerationis laurea coronatur, ad cujus etiam transitum omnis congregacio concurrit ac populus." Deinde gaudet Christi confessor, et in eternum gaudebit de gratissima eorum societate in celis, quorum doctrinis et exemplis instructus celestem vitam duxit in terris. Sacras denique exequias, more ecclesiastico celebrantes,sanctissimum committunt terre corpus ejus, et in sanctis suis, Deum mirabilem glorificant, qui cum eterno Patre et Spiritu sancto vivit et regnat in secula seculorum. Amen.

 

MISSA IN FESTO SANCTI BRENDANI.

 

[From MS. 2,333, A. Colbert.]

ORATIO.

DEUS, qui hodiernam diem sacratissimam nobis, beati Brendani confessoris tui atque abbatis solempnitate, tribuisti, adesto piis Ecclesie tue precibus, ut cujus gloriatur meritis, muniatur suffragiis.

SECRETA.

Sacris altaribus, Domine, hostias superpositas beatus Brendanus abbas in salutem nobis pervenire deposcat.

POST COMUNIONEM.

PROTEGAT nos, Domine, cum tui perceptione sacramenti beatus Brendanus abbas pro nobis inercedendo, ut conversacionis ejus experiamur insignia, et intercessionis ejus experiamur suffragia.


NOTES

(1) The MS, reads Haabram.

(2) The MS. has mictens.

(3) The MS. leprosos.

(4) The MS. nuciis.

(5) The MS. abyssam.

(6) The MS. has pulvia.

(7) The MS. has sagypta.

(8) MS. 2.333.A. Colbert, Paris, has Mimencium.


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 Notes

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